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Julien Morganti : « Nous sommes l’union la plus crédible et la plus cohérente face au député sortant »


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 20 Mai 2022 à 18:15

Candidat sans étiquette aux élections législatives des 12 et 19 juin dans la première circonscription de Haute-Corse, Julien Morganti, qui était déjà en lice en 2017, veut incarner le rassemblement au-delà des logiques de partis. Avec sa suppléante originaire de Lucciana, Santa Albertini Pietrucci, il espère représenter la Corse au Palais Bourbon grâce à un projet établi sur la durée autour de 50 mesures. Il explique, à Corse Net Infos, sa vision d'une administration et d'une politique plus décentralisées, au niveau national comme régional.



Julien Morganti, candidat pour la deuxième fois aux élections législatives dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Julien Morganti, candidat pour la deuxième fois aux élections législatives dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
- Vous étiez déjà candidat en 2017 et aviez recueilli 8,4 % des voix. Pourquoi cette nouvelle tentative, cinq ans plus tard ?
- Entre temps, nous nous sommes structurés. Grâce à la dynamique des dernières élections municipales, nous avons créé un mouvement "Le Rassemblement pour la Corse". Depuis l’été 2021, nous avons voulu rassembler différentes sensibilités politiques autour d'un projet parce que nous considérons que la société actuelle est fracturée. Le drame de l’assassinat d’Yvan Colonna a aussi montré le besoin d’une société apaisée. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je suis candidat pour incarner le changement et le rassemblement.

- En quoi le Julien Morganti de 2022 est-il différent de celui de 2017 ?
- Cinq ans d’expérience en plus déjà ! Cinq ans d’engagement, de présence sur le terrain et de rassemblement car nous avons appris à travailler avec différentes sensibilités. Un travail de quadrillage de l’ensemble de la circonscription a également été fait. C’est une élection dans laquelle je suis à l’aise, car c’est une circonscription de cœur et de conviction. Cette candidature est aussi un cheminement et une cohérence dans un parcours politique.

- En 2017 vous n’aviez pas obtenu l’investiture du parti présidentiel LaREM. L’avez-vous demandé cette année ?
  - Non ! J’ai considéré que l'une des meilleures raisons pour rassembler et le meilleur moyen de le faire était de ne pas avoir d’étiquette. Elles sont des boulets dans cette élection !
 
- « Le rassemblement pour la Corse » est votre slogan. Face à une multitude de candidatures, qui comptez-vous rassembler ?
- Nous avons déjà rassemblé grâce à notre projet construit depuis l’été 2021, autour des différentes sensibilités et des différents territoires de la circonscription. Nous avons voulu installer notre démarche dans le temps, d’où ma candidature dès le mois de février. Depuis, notre dynamique rassemble, fédère des élus, des chefs d’entreprises et des acteurs de la société civile autour de notre projet qui est, d’ailleurs, le seul connu à quelques jours de l’élection.
 
 - Le député sortant, en l’occurrence le nationaliste Michel Castellani, est grand favori. Comment comptez-vous faire la différence ?
- Le député sortant est un candidat qui ne représente qu’un homme, qu’un parti. Son camp est divisé. Il a été un député très parisien, déconnecté du terrain. Il a incarné une forme de routine qu’on ne peut plus se permettre. Nous sommes l’union la plus crédible et la plus cohérente face au député sortant. On sent bien aujourd’hui qu’il n’y a pas de dynamique et une vraie fracture dans sa démarche, et nous rassemblons aussi les déçus de sa mandature.
 
- Que diriez-vous aux indécis qui hésitent entre Michel Castellani et vous ?
- Je veux être le député de tous les Corses et pas uniquement d’un homme. C’est la grande différence entre nous. Elle se situe dans la méthode et l’état d’esprit. Je suis prêt à parler avec Paris du statut de la Corse pour les 40 prochaines années.
 
 - Ce jugement, l’appliquez-vous aussi aux autres candidats en lice ?
 - Je considère que toutes les candidatures qui se déterminent à un mois des élections ne sont pas crédibles. Après, le jeu démocratique décidera. Pour notre part, nous avons fait le choix de la cohérence et de la crédibilité.
 
- Quel est, pour vous, l'enjeu premier de ce scrutin ?
- Oui. L’enjeu se trouve dans la recomposition politique locale et nationale. Il y a un besoin de trouver un équilibre entre les différentes sensibilités politiques et nous avons bâti notre projet sur ce point. Notre binôme, avec ma suppléante Santa Albertini Pietrucci, en est l’incarnation. L’enjeu, c'est aussi de trouver des moyens économiques et sociaux pour sortir la Corse d’une forme de précarité dans laquelle elle est installée depuis des années.

- Pourquoi avoir choisi Santa Albertini Pietrucci comme suppléante ?
- C’est une commerçante de Lucciana qui a été proposée dans le cadre d’un accord politique par les élus de Borgo et du territoire. Elle est très engagée, très motivée, et incarne cette complémentarité. À la fois grâce à son profil professionnel, sa position géographique et sa sensibilité politique. Elle incarne plus qu’une suppléante, mais un binôme et un ticket qu’on espère gagnant.
 
- Quels sont les principaux thèmes sur lesquels vous faites campagne ?
- Nous avons identifié dix grands axes qui traitent de politique nationale, autant que locale. Nous avons travaillé sur cinquante mesures. Pour résumer quelques propositions fortes, il y a tout d’abord la question de l’autonomie des communes à l’échelle du pays. Elles doivent être un contre-pouvoir dans un pays centralisé et cela doit aussi se faire au niveau local. Il faut lutter contre le centralisme ajaccien qui fait des ravages notamment en Haute-Corse. Nous proposons également d’intégrer la prime d’insularité aux pensions de retraite. C’est un de nos marqueurs politiques importants. Sur le foncier, nous proposons de créer une classification répartie en trois catégories pour les ventes de biens : les résidences secondaires, principales et familiales. Nous voulons introduire la notion de résidence familiale. En matière de santé, nous militons pour un nouvel hôpital à Bastia. Il y aussi des mesures sur la langue, les services publics et l’écologie. Concernant l’harmonisation des retraites, nous proposons un taux de départ à 62 ans. Nous avons également des propositions innovantes sur la loi de fin de vie et sur la moralisation de la classe politique qui me tient particulièrement à cœur.
 
- Vous parlez de plus d’autonomie pour les communes, mais qu’en est-il des régions et surtout de la Corse ?
- Aujourd'hui, il y a autant de questions d'autonomie que de personnes. Notre proposition est surtout de renforcer le bloc communal, aussi bien les communes que les intercommunalités, car c’est l’échelon de proximité dans lequel la population croit le plus. Il y a un vrai besoin de proximité et c’est aussi une manière de créer un contre-pouvoir régional par rapport à la collectivité unique.
 
- Quelle est votre position concernant une évolution institutionnelle de la Corse et une autonomie ?
- Dans le cadre des propositions que nous faisons, car j’aurai eu le mandat de mes électeurs, je demanderai un référendum. Nous avons été trop choqués par ce qui s’est passé en 2003 avec le référendum contre la collectivité unique qui a été mise en place dix ans après.

- Si vous étiez élu député, quelle serait votre priorité pour la Corse ?
- Nous voulons faire voter, dès la loi de finances rectificative, la proposition phare d’intégrer la prime d’insularité dans les retraites des Corses. Ça représenterait une augmentation d’environ 1 000 euros par an de pouvoir d’achat dont les retraités ont bien besoin dans le contexte actuel.

- Pensez-vous passer le cap du 1er tour ?
- Oui !
 

Santa Albertini Pietrucci et Julien Morganti forment le binôme du ''Rassemblement pour la Corse" dans la première circonscription de Haute-Corse.
Santa Albertini Pietrucci et Julien Morganti forment le binôme du ''Rassemblement pour la Corse" dans la première circonscription de Haute-Corse.