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Jean Dominici, président de la CCI de Corse, appelle à des mesures d’urgence pour sauver l’économie insulaire


MV le Mardi 10 Septembre 2024 à 17:31

Le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Corse, Jean Dominici, a pris la parole dans la dernière 'Lettre de la CCI' pour exprimer ses inquiétudes face à la situation économique de l'île. Après une saison estivale décevante et un contexte économique morose, il appelle à des réformes immédiates pour éviter que plusieurs secteurs vitaux, notamment le tourisme et le BTP, ne s’effondrent.



Jean Dominici
Jean Dominici
Dans un contexte économique particulièrement tendu, Jean Dominici, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Corse, dresse un bilan alarmant de la situation insulaire. "Après une mauvaise année 2023, nous aurons une mauvaise année 2024", déclare-t-il sans détour dans la lettre de la CCI publiée le 3 septembre, décrivant un enchaînement de difficultés qui met en péril de nombreux secteurs d'activité sur l'île, en premier lieu le tourisme. Le constat est pour lui sans appel : la saison touristique 2024 a été décevante et pourrait bien avoir des répercussions lourdes sur l'économie insulaire. « Toute l’avant-saison et le mois de juillet ont été très mauvais », explique-t-il. Si août et l'arrière-saison semblent un peu moins dégradés, « cela ne suffira pas à rattraper les pertes ». 

Le président de la CCI pointe plusieurs facteurs qui, selon lui, pèsent sur le tourisme corse. L’insuffisance de l’offre de transport, en particulier des liaisons aériennes, est l’un des premiers obstacles à l’attractivité de l’île. « Les prix des billets sont beaucoup trop élevés, ce qui réduit drastiquement le budget des touristes pour consommer sur place », analyse-t-il. Conséquence directe : des séjours plus courts, des dépenses réduites, et une préférence croissante pour des solutions économiques, comme les locations en dehors des circuits commerciaux traditionnels.

Le para-tourisme, un fléau difficile à contenir
Le para-tourisme, cette économie parallèle qui échappe aux acteurs traditionnels du secteur, est une autre épine dans le pied du tourisme insulaire. « C’est totalement incompréhensible que les pouvoirs publics ne fassent pas davantage pour réguler ce phénomène ! » analyse Jean Dominici, pointant du doigt l’inefficacité des mesures actuelles. Malgré quelques initiatives locales « courageuses », pour encadrer l’offre locative touristique, notamment dans certaines communes, le phénomène continue de croître. « Il manque clairement un cadre global et dynamique, à la fois national et local, pour endiguer cette vague de fond », déplore-t-il. La Corse, selon lui, est particulièrement vulnérable à ces pratiques illégales qui grignotent les parts de marché des hôteliers et restaurateurs et menacent de nombreux emplois. 

Le BTP et le commerce de proximité aussi touchés 
Outre le tourisme, d’autres secteurs clés sont également en difficulté, à commencer par le bâtiment et les travaux publics (BTP). Le président de la CCI est alarmé par la situation dans ce domaine, où les entreprises voient leur trésorerie fondre et leurs carnets de commandes se vider. « Le BTP est à l’arrêt, la commande publique ne suit pas et de nombreuses petites structures sont en péril », avertit Jean Dominici.

Le commerce de proximité n’échappe pas non plus à la crise. « Il y a un besoin urgent de revitaliser le commerce insulaire, qui subit de plein fouet la baisse du pouvoir d'achat, la concurrence des grandes surfaces et du commerce en ligne », poursuit-il.

Des réformes nécessaires et urgentes
Pour Jean Dominici, la solution à cette situation passe par des réformes structurelles et des mesures d’urgence. En 2020, la CCI avait déjà travaillé avec le cabinet EY Consulting sur un plan de résistance et de relance de l’économie corse, composé de 58 mesures dont 16 jugées prioritaires. « Ce plan n’a pas reçu l’accueil que nous escomptions à l’époque, mais il est aujourd’hui plus que jamais d’actualité », affirme-t-il. Parmi les mesures urgentes, le président de la CCI plaide pour une ingénierie de projets renforcée au service des entreprises locales et pour un schéma de relance du tourisme corse. Il appelle également à allonger le calendrier de remboursement des Prêts Garantis par l'État (PGE), afin de soulager les entreprises les plus en difficulté, et à renforcer le Crédit d’Impôt Investissement Corse, un outil essentiel selon lui pour compenser les surcoûts liés à l'insularité.

Autre dossier brûlant : la gestion des ports et aéroports corses, dont la CCI assure actuellement la gestion mais dont la concession expire le 31 décembre 2024. Le gel du transfert de tutelle à la Collectivité de Corse a rendu incertain l'avenir de ces infrastructures stratégiques. « Nous avons proposé la création d’un Syndicat Mixte Ouvert (SMO) entre la Collectivité de Corse et la CCI pour garantir une gestion publique et locale de ces installations, mais les discussions traînent », explique Jean Dominici. Pour aborder ce sujet, une Assemblée Générale Extraordinaire de la CCI se tiendra le 3 octobre prochain à Ajaccio. « Nous espérons que des décisions claires seront prises rapidement, car nous ne pouvons pas nous permettre de perdre le contrôle de ces infrastructures vitales pour notre économie », conclut-il.