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Jean Baggioni : "La Corse passionnément"


La rédaction le Jeudi 16 Novembre 2023 à 19:12

C'est le titre de son ouvrage. Ce pourrait être aussi celui de son parcours d'homme et d'élu. En tout cas, c'est ce qu'il ressort à la lecture de cet ouvrage dans lequel il s'attarde sans langue de bois sur "quelques étapes d'un parcours culturel et politique" qui ont été les siennes.



Jean Baggioni : "La Corse passionnément"
"Le silence est la vertu des sots" (Francis Bacon).
La citation qui figure à la première page de son avant-propos donne le ton de l'ouvrage.
On sait  que Jean Baggioni n'a jamais été homme à se taire.
On sait aussi qu'il aime le verbe et qu'il le pratique avec brio.
En tout cas, il ne sait pas ce que garder langue dans sa  poche veut dire. 
En politique ce n'est pas toujours bien vu. Mais l'ancien plus jeune maire de France - de Ville-di-Pietrabugno - l'ancien conseiller général de San Martino-di-Lota, l'ancien élu de l'assemblée de Corse puis président de son Conseil exécutif, l'ancien député européen et ancien membre du Conseil économique et social national, n'en a jamais eu cure. 

Il a fait son chemin pas toujours facile et pas toujours tapissé de roses en disant les choses parfois haut et fort et avec passion. 
Pour la Corse. Pour la politique certes dans laquelle il est tombé jeune. Mais passion, aussi, pour la langue corse, et pour toutes les causes pour lesquelles il s'est engagé.
Pourquoi, par exemple,  courait-il le long de la ligne de touche d'un stade de rugby à encourager cette équipe de Bastia XIII, si ce n'est pas par passion ?

La Passion de Jean Baggioni avec un P est présente à chaque ligne de cet ouvrage en 5 parties  qui évoque le militant culturel qu'il fut, son engagement politique, les péripéties et intrigues électorales qui ont rythmé son parcours, son engagement européen et enfin son autre grande passion : sa commune.

A lire absolument si l'on veut savoir un peu plus sur ce qui se noue et joue bien souvent en coulisses, mais aussi et surtout sur les sentiments d'un homme qui, même porté aux plus hautes responsabilités, reste tout simplement humain.

Retrouvez un avant-goût de son ouvrage dans son avant-propos dans lequel il explique pourquoi il a voulu écrire "La Corse passionnément".

Pourquoi écrire ?

Il m'a toujours plu de bavarder, d'échanger, de débattre. Parler, c'est s'expliquer, convaincre, instruire ! Le mot, l'expression, et l'intonation rapprochent celui qui parle de celui qui écoute. Il y a de la séduction dans le verbe. Discourir a toujours été un réel plaisir pour moi au point que j'ai certainement abusé quelquefois de la bienveillante attention de mes auditoires. Écrire c'est autre chose. Le public n'est pas là. On est seul, tout seul devant une page blanche sans se soucier le moins du monde du ressenti que pourrait avoir un éventuel lecteur, auquel on ne pense pas. 



Alors, pourquoi écrire ? Je n'ai jamais eu l'intention d'écrire un ouvrage parce que je ne me connais aucune qualité d'écrivain, ne voulant surtout pas qu'on me suspecte d'avoir la faiblesse d'une telle ambition. Par ailleurs, je ne ressens nullement le besoin d'écrire mes mémoires. Le faire, serait manquer de modestie en s'imaginant qu'elles méritent d'être écrites ! 
J'exclus de mon projet toute évocation de ma vie professionnelle ou privée. il s'agit là d'un vécu personnel et privé que je n'ai vraiment pas l'intention de partager. Il est précieux parce qu'il abrite un trésor d'intimité, fait de joies et de peines, d'efforts et de difficultés, d'échecs et de réussites, de solidarité et d'affection. Le protéger est un devoir. Les pages de cet ouvrage ne retracent pas davantage le récit exhaustif d'une carrière. Loin s'en faut ! Elles relatent seulement quelques épisodes d'une vie publique qui m'ont marqué et dont il me plaît de me souvenir parce qu'ils ont été des étapes essentielles d'un parcours long, difficile et parfois enthousiasmant. 


J'ai écrit ces pages au fil des jours, quand la mémoire trouvait du plaisir à se rappeler ce temps d'un engagement exceptionnel où la raison et la passion n'ont pas toujours cheminé ensemble. Je les ai écrites, surtout quand l'humeur me portait à la confidence.
J'ai eu la modestie de penser qu'il ne serait pas inutile de témoigner de certains faits qui n'ont pas toujours été racontés ou interprétés clairement, et honnêtement. Je me suis révolté quelquefois à la lecture de certain récits approximatifs ou tendancieux, tant il me paraissait que les détails et les dessous d'une affaire ne pouvaient être bien connus que de ceux qui l'avaient vécue. Il m'est arrivé aussi de critiquer sévèrement la partialité de leurs auteurs. Alors, quand il m'arrivait d'en faire l'observation, il m'était fréquemment répondu : « Parle ! Écris-le » ! Cet ouvrage n'est rien d'autre que la réponse à cette invitation.  
N'ayant jamais eu le souci de prendre des notes, et n'imaginant pas  qu'un jour j'aurais à me souvenir de ces faits qui ont émaillé plus d'un demi-siècle de vie publique, il ne m'a pas toujours été facile de rester aussi fidèle que possible à la réalité et la vérité. Pour éviter ces difficultés et des erreurs involontaires mais toujours possibles, je n'ai évoqué les propos des uns ou des autres, ou raconté un événement, qu'en me référant à divers  témoignages. La presse régionale ou nationale de l'époque de quelque bord qu'elle  fût, m'a beaucoup servi. Je m'y suis référé très souvent.

Toute vie publique laisse des traces. C'est de ces traces-là que j'ai voulu parler. J'aurais atteint mon but si ces quelques pages pouvaient servir de vérité,  et donc mieux instruire le lecteur de la réalité des choses.
Peut-être ai-je eu parfois la faiblesse de laisser mon esprit vagabonder à son aise ? Peut-être pourrait-on croire que la tentation de mettre l'accent sur ce qui pouvait être mis à mon crédit m'a inspiré quelquefois C'et possible ! Ce n'était pas dans mes intentions. On voudra bien me le pardonner. Je ne pense pas en avoir abusé.  
Je suis rentré jeune, très jeune, dans l'arène publique. J'y suis rentré à l'âge ou les jeunes gens pensaient tout naturellement à autre chose. 


À l'époque, à la fin des années cinquante, je n'ai pas toujours été compris. C'est peu que de le dire ! Je souris encore en me rappelant certaines réflexions de mes aînés, presque désobligeantes. On me faisait reproche de fréquenter trop souvent des hommes du passé et d'épouser facilement des orientations passéistes. 


Parler de la Corse, de sa langue, et de ses traditions populaires, n'était pas d'usage ni de bon ton, quelques années à peine après la guerre. Parler de l'avenir de la jeunesse corse, de ses problèmes et de ses attentes n'était pas davantage le sujet préféré du moment. Parler de politique et s'insérer dans les rangs de ceux qui en faisaient, c'était osé, et pour beaucoup c'était même inadmissible. Un jeune avait droit à la parole, bien sûr ! Mais les aînés pensaient qu'il il était bien plus convenable qu'il écoute et qu'il se taise ! 


Quand j'ai fait mes premiers pas dans l'arène publique ma curiosité m'a poussé de l'écoute à la participation. Une certaine impertinence m'a conduit rapidement à l'action. La politique a été mon terrain de jeu favori. Je m'y suis engagé hardiment auprès de mes aînés auxquels je portais une très grande estime. C'est aussi une manière de leur rendre hommage que de m'en souvenir et de les évoquer dans ces pages. Au soir d'une vie on mesure avec sagesse et humilité le chemin parcouru.
En écrivant ces pages retraçant quelques étapes difficiles et enthousiasmantes d'un parcours qui n'a pas toujours été « un long fleuve tranquille », j'ai souhaité faire partager mon analyse et ma vérité à ceux qui auront la patience et la gentillesse de me lire... et de me croire. C'est uniquement de ce chemin-là dont j'ai voulu parler. 

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Jean Baggioni, "La Corse passionnément", 350 pages, 14€

Dédicaces samedi 18 novembre 2023 à partir de 17 heures à la librairie Papi, boulevard Paoli