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Interdiction de la corrida : Global Earth Keeper veut montrer que la Corse aussi se mobilise


le Mercredi 23 Novembre 2022 à 19:44

À la veille de la présentation à l’Assemblée Nationale d’une proposition de loi visant à abolir la pratique en France, plusieurs militants de l’association étaient ce mercredi 23 novembre à Porto-Vecchio afin d’échanger sur la réalité de la tauromachie avec la population et de recueillir des signatures sur une pétition anti-corrida. Un combat cher à cette ONG qui œuvre pour défendre le bien-être animal



Des militants de Global Earth Keeper ont informé les habitants de Porto-Vecchio sur la réalité de la corrida ce mercredi (photo GEK)
Des militants de Global Earth Keeper ont informé les habitants de Porto-Vecchio sur la réalité de la corrida ce mercredi (photo GEK)
« Un vote historique à portée de main ». C’est derrière ce mot d’ordre que plusieurs membres de l’ONG Global Earth Keeper ont souhaité aller à la rencontre des habitants de Porto-Vecchio ce mercredi après-midi, afin de les informer sur la réalité de la tauromachie et de tenter de recueillir des signatures sur une pétition anti-corrida, à la veille de la possible présentation d’une proposition de loi visant à interdire la pratique en France.
 
Défendu par le député Aymeric Carron, ce texte pourrait être présenté à l’Assemblée Nationale jeudi, dans le cadre de la niche parlementaire de son groupe La France Insoumise. Mais, afin de chercher à reporter ce débat sensible, des députés, notamment du Rassemblement National, ont en amont déposé plusieurs centaines d’amendements sur les 11 autres propositions de loi de la LFI. « Quand je vois les 200 politiciens qui ont fait des amendements complètement ridicules juste pour que d’autres sujets trainent en longueur et que la proposition de loi contre la corrida n’ait pas le temps de passer, je trouve cela minable », souffle Laurence Constantin, la présidente de Global Earth Keeper.
 
8 Français sur 10 opposés à la corrida
Elle rappelle dans la foulée que si certains considèrent la corrida et les nombreux sévices infligés aux taureaux avant leur mise à mort comme des actes de torture, d’autre arguent encore aujourd’hui que la pratique prévaut des traditions locales. Un argument balayé d’un revers de main par cette militante du bien-être animal. « C’est une tradition espagnole. En France, la corrida n’est implantée que depuis 150 ans », instille-t-elle en notant l’existence de l'influence de certains lobbys qui maintiennent la tauromachie en France à flot. « Nos subventions payent cette torture. La corrida vit sous perfusion. Sans les subventions, elle s’écroulerait totalement », souligne-t-elle ainsi en posant : « 8 Français sur 10 veulent mettre fin à la corrida. Les députés sont censés nous représenter, représenter la démocratie. Il doit y avoir un vrai débat ».
 
Depuis déjà de longues années, Global Earth Keeper s’astreint à faire entendre cette voix anti-corrida depuis la Corse. « Nous sensibilisons les gens en leur faisant visionner des vidéos de corrida lorsque l’on organise nos journées sur l’avenir animal et nous proposons des débats sur le sujet », détaille Laurence Constantin en dévoilant que le vice-président et co-fondateur de l’association est aussi le président du CRAC, Comité Radicalement Anti-Corrida, qui agit depuis plus de 20 ans. « Planter une lame dans la chair d’un animal est passible de 45 000 euros d’amende et de plusieurs années d’emprisonnement », explique par ailleurs l’association en pointant l’article 521-1 du Code Pénal. Un texte qui pose toutefois une exception pour les « courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée », englobant ainsi les « 56 villes taurines en France » situées dans seulement trois régions : PACA, l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine. C’est donc à cette exception que la proposition de loi veut mettre fin.
 
Les députés corses divisés sur la question
Ce mercredi, c'est une centaine de signatures qu’a réussi à récolter l’ONG en une après-midi. « Il y a des gens qui sont venus nous voir spontanément pour savoir où il fallait signer quand ils ont su que nous étions là contre la corrida », se félicite Laurence Constantin. « Cela veut dire que la lutte contre la corrida leur parle », appuie-t-elle, « On a tendance à vouloir scinder les gens en deux. Déjà, on veut opposer ceux qui sont concernés, car ils vivent dans les départements où cela se déroule, et les autres. Et puis on veut aussi mettre d'un côté la ruralité et de l'autre les bobos des villes. Or, les ruraux ne sont pas forcément des personnes éprises de tauromachie. C’est trop facile de dire qu’on n’y comprend rien, ce n’est pas vrai. D’ailleurs, beaucoup de gens des territoires concernés sont contre cette pratique. Nous essayons de montrer que la question se pose surtout par rapport à l’animal, et que ce n’est donc pas le lieu où on vit qui importe ». 
 
La proposition de loi ayant été rejetée par la commission des lois de l’Assemblée Nationale il y a une semaine, Laurence Constantin ne se fait toutefois guère d’illusion quant à l’issue du vote du Palais Bourbon. Le groupe Horizons, dont le président est le député de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli, a pour sa part d’ores et déjà annoncé qu’il voterait contre la proposition de loi. Une position qui ne devrait a priori pas être partagée par les trois députés nationalistes. En marge d’une visite au salon de l’Association des maires de France, Emmanuel Macron a en outre affirmé ce mercredi qu’il n’y aurait « pas d’interdiction demain » de la corrida. « On doit aller vers une conciliation, un échange », a-t-il fait valoir. 
 
De son côté, la présidente de Global Earth Keeper a indiqué qu’elle sera ce jeudi devant l’Assemblée Nationale aux côtés d’autres militants anti-corrida, la bandera à la main. « Si la proposition de loi passe et n’est pas adoptée, nous voulons montrer aux députés que cette victoire n’est pas glorieuse. Il est important de se battre jusqu’au bout », lance-t-elle. 

(Photo GEK)
(Photo GEK)