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Île-Rousse : polémique entre nationalistes autour d'un nouveau projet immobilier


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 17 Mai 2022 à 17:43

À Île-Rousse, un nouveau projet immobilier est au cœur d’une polémique sur le prix des logements. La mairie aux mains des nationalistes et les militants de la Ghjuventù Indipendentista s’opposent sur le bien fondé d’une nouvelle résidence dont les prix dépassent les 4 000 euros du mètre carré.



Des tags ont été retrouvés sur la pancarte d'information du permis de construire. Capture d'écran de la page Facebook de la Ghjuventù Indipendentista - Balagna
Des tags ont été retrouvés sur la pancarte d'information du permis de construire. Capture d'écran de la page Facebook de la Ghjuventù Indipendentista - Balagna
La polémique part des réseaux sociaux. Sur son compte Facebook, la section Balagne de la Ghjuventù Indipendentista (GI) fait feu de tout bois sur un projet immobilier situé sur la commune d’Île-Rousse. La future résidence ‘’Les jardins de Padule’’ et son permis de construire sont, selon les militants du syndicat étudiant indépendantiste, « plusieurs résidences secondaires dites de luxe sur le point d’être érigées ».

Ils pointent du doigt le prix des logements affiché sur les sites de vente : « Le prix le plus bas étant de 300 000 euros pour un 70 m² ». Soit 4 285 euros le mètre carré. En réalité, par rapport à la surface, le prix le plus bas se situe autour des 3 790 euros du mètre carré pour un appartement de 120 mètres carrés. Toujours trop pour les militants indépendantistes qui y voient un frein supplémentaire à l’acquisition immobilière pour la jeunesse corse. En y regardant de plus près, d’autres projets immobiliers sur la commune frôlent la barre des 4 000 euros du mètre carré, voir la dépassent largement.

Mais ce qui dérange le plus les militants de la Ghjuventù Indipendentista est que ce projet ait été accepté par la nouvelle majorité municipale, estampillée nationaliste et dirigée depuis 2020 par la maire Angèle Bastiani, également conseillère exécutive à l’Assemblée de Corse et présidente de l’Agence du tourisme de la Corse (ATC). « Comment le nationalisme corse peut-il tolérer de telles constructions ? », se questionne le syndicat étudiant indépendantiste.

C’est tout le contraire pour la mairie

Sur internet, les futurs logements sont déjà commercialisés et gravitent autour des 4 000 euros le mètres carré. Capture d'écran du site selogerneuf.com
Sur internet, les futurs logements sont déjà commercialisés et gravitent autour des 4 000 euros le mètres carré. Capture d'écran du site selogerneuf.com
Pour la municipalité, justement, les militants font fausse route. « Nous sommes très surpris par les propos tenus, ça prouve une méconnaissance du projet », confie Angèle Bastiani. Pour le maire d’Île-Rousse, ce projet est bien loin du portrait dépeint par les militants indépendantistes. « Il ne s’agit pas du tout de résidences secondaires, avec vue sur la mer, mais bien de petites maisons avec plusieurs appartements construits dans un quartier paisible et populaire », détaille-t-elle.

À la mairie, une autre source fait part de son incompréhension : « ces petites résidences sont situées entre le cimetière et des HLM, à quelques pas du collège et du lycée. Ce n’est pas du tout ce qui est décrit dans le communiqué de la Ghjuventù Indipendentista. Question prix, certes on se situe autour des 4 000 euros du mètre carré mais c’est bien loin des 7 000 ou 8 000 euros que l’on peut retrouver sur certaines ventes ». À quelques pas de là, plusieurs appartements sont affichés sur internet à plus de 6 000 euros du mètre carré, parfois dans des constructions moins récentes.

En comparant les autres offres sur le secteur, ‘’Les jardins de Padule’’ se situent plutôt dans la fourchette basse du prix de l’immobilier à Île-Rousse. « Même si cela reste élevé pour nos concitoyens », admet Angèle Bastiani, le prix n’est pas fixé par la municipalité et répond aux lois d’un marché toujours plus en tension. Pour la maire, la surprise est d’autant plus grande qu’il s’agit « du premier permis de construire signé depuis le début du mandat en 2020 » et que même si la commune ne dispose pas encore d’un Plan Local d’Ubanisme (PLU) - qui devrait être effectif en 2023 - selon Angèle Bastiani les choses ont été faites dans les règles. « Le promoteur a même tenu à nous rencontrer alors qu’il n’en avait pas l’obligation pour que son projet corresponde aux futures attentes du PLU », martèle la maire d’île-Rousse.

Pour la municipalité, contrairement aux affirmations tenues par les militants de la GI, ce projet devrait permettre aux locaux de se loger au plus près du centre-ville. Mais la polémique confirme une tendance croissante sur l’île : le marché de l’immobilier est toujours plus en tension, et pas qu’au niveau financier.