Corse Net Infos - Pure player corse

Hausse du prix des cigarettes en Corse : où va s'arrêter l'escalade ?


Thibaud KEREBEL le Mardi 14 Mars 2023 à 12:44

Une nouvelle hausse du prix du tabac est entrée en vigueur début mars en Corse. Le paquet de cigarettes est passé de 8,40 à 9,80 euros. Inquiets, les buralistes corses ont demandé au gouvernement le gel définitif de leurs commissions au taux actuel ainsi qu'un échelonnement des prochaines augmentations, prévues pour 2024.



José Oliva
José Oliva
Il n’a surement pas échappé aux fumeurs que depuis le 1er mars, le prix du paquet de cigarettes a bondi. Sur l’île, le tarif est passé de 8,40 euros à 9,80 euros. Une hausse subite de 1,40 euro, qui s’explique d’abord par le coup d’accélérateur mis par le gouvernement face à un tabagisme encore trop important. La logique veut en effet que l’augmentation des prix freine la consommation de tabac. Mais en Corse, la hausse de ce début de mois est encore plus grande que sur le continent. Car depuis 2018, le gouvernement a décidé de supprimer les avantages dont bénéficie historiquement l’île. Alors qu’auparavant, les tarifs corses étaient inférieurs de 25 % à ceux du continent, un rééquilibrage des prix du tabac est actuellement en cours, à raison de 5 % d’augmentation par an. Et ce, jusqu’en 2025.

Tous les fumeurs se le demandent forcément : où va s’arrêter cette escalade ? Il convient déjà de dire que le prix du paquet de cigarettes n’évoluera plus jusqu’au 1er janvier 2024. Date à laquelle entrera en vigueur la deuxième augmentation gouvernementale pour lutter contre le tabagisme. D’après José Oliva, président de la fédération des buralistes de Corse, le paquet devrait encore gagner « 50 ou 60 centimes ». Mais comme expliqué plus haut, s’ajoutera à cela la hausse annuelle de 5 % (donc 40 centimes), spécifique à la Corse. Le paquet de cigarettes, actuellement échangé contre 9,80 euros, devrait alors grimper autour des 10,80 euros sur l’île.

Pour éviter cette nouvelle augmentation très brusque qui se profile, le président de la fédération des buralistes de Corse a évoqué auprès du gouvernement la possibilité d’échelonner les hausses de 2024. Lors d’un entretien organisé à Paris ce lundi 13 mars avec les représentants du ministre des Comptes publics, José Oliva a ainsi demandé à décaler l’augmentation de 40 centimes au mois de juin 2024. Un requête « entendue » par le gouvernement, mais pas encore entérinée.

Les buralistes corses en difficulté

Outre les conséquences évidentes sur le porte-monnaie des consommateurs, cette hausse massive se répercute également sur les buralistes, qui ont vu, dans le même temps, leur commission se réduire : de 10,125 %, elle est passée à 9,529 % par paquet de cigarettes. « Le 31 janvier 2022, nous avions déjà été surpris de la voir baisser de 11 % à 10,125 % », retrace le président de la fédération des buralistes de Corse. « Ce n’est pas ce qui avait été prévu, et c’est pour ça que je suis monté au créneau. On est des commerçants raisonnables, on sait que le tabac est un problème de santé publique. Donc le prix du paquet, on n’a aucune revendication là-dessus. Par contre, la commission, c’est primordial. C’est pour ça que j’ai demandé le gel définitif de la commission au taux actuel, qui est de 9,529 %. »

L’entrevue de ce lundi à Bercy a également permis à José Oliva d’évoquer un autre sujet brûlant : la déclaration des stocks de tabac. Car, en plus des différentes modifications entrées en vigueur le 1er mars, les buralistes corses ont reçu la consigne de faire l’inventaire de leurs stocks, afin de définir le montant des taxes. « En 32 ans de profession, je ne l’ai jamais fait », rebondit José Oliva, lui-même buraliste. « Ça a toujours été imposé sur le continent, mais jamais à nous. Donc là, ça fait beaucoup d’un coup. »

Alors que seuls 20 % des buralistes corses se sont pliés à cette nouvelle règle, une exonération d’un an supplémentaire a été demandée au gouvernement. « Normalement, si la déclaration n’est pas faite, le buraliste reçoit un avertissement ou une amende. On verra si notre demande a été prise en compte... » Car aucune promesse n’a été faite au représentant syndical, quel que soit le sujet abordé. La réunion de cette semaine s’inscrit dans un processus long, qui devrait amener le gouvernement à trancher en septembre. « L’idée, c’est de voir comment se passe la saison, et si il y a une baisse ou non des ventes. En fonction de ça, et des éventuels débitants en difficulté, une décision sera prise. » D’ici là, il faudra prendre son mal en patience.