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"Harceleuse, impairs et manques", le nouveau livre de Marie-Ange Milleliri


Philippe Jammes le Jeudi 6 Juillet 2023 à 10:20

C’est un beau roman, mais ce n’est pas une belle histoire. Du moins au début. Il y a quelques mois, imaginer écrire un roman sur le harcèlement moral était inconcevable. Un sujet loin d’être glamour. Un premier roman (éditions Maia) réussi pour l’ajaccienne Marie-Ange Milleliri.



Marie-Ange Milleliri
Marie-Ange Milleliri
- Pourquoi ce livre Marie-Ange ?
- Déjà il ne s’agit pas d’un livre autobiographique ni d’un roman à clés. Je suis conseillère du salarié au sein d’un syndicat (ndlr : CFDT). Avec un mandat délivré par la DIRECCTE. Dans cette charge j’ai été amenée à m’occuper d’un cas de harcèlement moral. Une histoire qui m’a beaucoup touchée et j’ai eu envie de l’écrire.

- Un roman donc, sur la base de faits réels ?
- C’est un roman. Car si je pars d’un fait réel, il y a une partie imaginaire. J’y ai rajouté le côté glamour. Il y a un ton décalé, caustique mais aussi de l’humour pour apporter de la légèreté à ce thème plombant.

- Avec pour thème le harcèlement…
- Le roman plonge en immersion dans le harcèlement moral. Ce harcèlement peut d’ailleurs être aussi bien masculin que féminin et se produit dans toutes les couches de la société : entreprises, écoles, couples. Le roman tourne autour d’une femme, la soixantaine, encore dynamique et entreprenante, confrontée à une nouvelle recrue, parachutée dans son entreprise. Une nouvelle venue, supérieure hiérarchique pulpeuse et sexy, plus soucieuse de son physique que de son travail, qui va se servir de la compétence d’une autre femme pour arriver à ses fins. Dans son mal, mon personnage principal, la victime, va devoir aussi affronter le regard de ses collègues qui voient en elle une exagération des faits, une victimisation. Tout ça parce que le harcèlement dérange, le harcèlement est sale, mal perçu. Pourtant mon personnage ne fait ni dos rond, ni ne sort les griffes. C’est une immersion dans les dérives de l’intolérance, de l’emprise, de la violence psychologique. Peu à peu elle va passer à l’analyse, de la culpabilité à la clairvoyance, de la victimisation au désir de justice et l’envie furieuse de s’en sortir.

- Dans votre roman, vous employez deux temps…
- En effet, la 1ère partie est au passé-simple car l’histoire est passée. La seconde partie est au présent car elle narre ce que mon personnage est devenu.

- Sans dévoiler la fin…
- Le dénouement n’est pas tout à fait imaginaire. Le roman débouche sur l’espoir de reconstruire sa vie. Des portes vont s’ouvrir grâce à l’amour, à l’amitié.

- Un message d’espoir donc ?
- Ne jamais céder. Apprendre à mieux se connaitre, à trouver son chemin. L’amour et l’amitié forment un socle solide pour résister au sadisme de l’incompétence. Il ne faut jamais baisser les bras. C’est aussi un message à ceux qui ne bougent pas devant de tels faits. Pour certains il est plus facile de se lover dans un certain confort, être en déni, faire l’autruche par peur aussi d’être victime. Le harcèlement est parfois une prison mentale. Et il faut y faire face avec clairvoyance et combativité. C’est un roman d’espoir, un roman happy end car c’est mon message.  

- Il y a quand même des recours à ce type de harcèlement…
- Oui, heureusement. Il y a les syndicats, divers organismes, la médecine du travail et l’inspection du travail. Pour écrire ce livre je me suis aussi documentée auprès d’avocats dont certains ont écrit des livres sur le sujet. A chaque fois j’ai retrouvé le même mode opératoire. J’ai également rencontré des psychanalystes, des psychiatres qui m’ont expliqué le comportement d’un harceleur. On retrouve la plupart du temps des personnes égocentriques, narcissiques, perverses.

- Un mot sur la couverture très parlante de votre livre...
- Elle est le fruit d’Alisée Zucconi, une jeune ajaccienne de 28 ans, diplômée en dessin d’animation. J’ai voulu une couverture capable d’attirer tout public car ce roman grâce à l’écriture fluide que j’ai adoptée, peut intéresser les jeunes.

- Ce 1er roman vous a-t-il donné envie d’en écrire d’autres ?
- Je suis déjà sur mon deuxième roman. L’histoire d’une jeune femme élevée, ou pas élevée plutôt, par une mère malveillante. Cette femme va n’avoir de cesse que de chercher à comprendre pourquoi. Elle va découvrir une histoire qui va l’enrichir. Je vais relier ce deuxième livre à mon 1er.         


Infos ++
Après Bastia le 29 juin à la librairie Papi, Marie-Ange Milleliri sera en dédicaces le 6 juillet de 17h à 19h à la librairie La Marge à Ajaccio