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Gilles Simeoni : « Tout a été organisé pour que cette rentrée se fasse dans les meilleures conditions sanitaires possibles »


Nicole Mari le Jeudi 3 Septembre 2020 à 21:19

Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et la Conseillère exécutive en charge de l'éducation, la formation, l'enseignement supérieur et la recherche, Josepha Giacometti, ont effectué la rentrée des classes, jeudi, dans le rural : le matin au lycée de la Plaine à Prunelli-di-Fium’Orbu et l’après-midi au collège de Biguglia. L’occasion pour Gilles Simeoni de faire un point sur l’action de la Collectivité de Corse (CdC) en matière d’enseignement et de formation, et de réaffirmer que l’Education reste une priorité majeure pour le pouvoir nationaliste. Il revient, pour Corse Net Infos, sur les actions spécifiques à cette rentrée, notamment la distribution gratuite de masques pour les élèves de tous les collèges et lycées de l’île. Mais pas seulement.



Le Président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse (CdC), Gilles Simeoni, Gilles Simeoni, à son arrivée au collège de Biguglia.
Le Président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse (CdC), Gilles Simeoni, Gilles Simeoni, à son arrivée au collège de Biguglia.
- Pourquoi avez-vous décidé de faire cette rentrée en même temps que les élèves ?
- C’est une rentrée scolaire très particulière à cause du COVID19 et de ses conséquences, aussi était-il important de souhaiter une bonne rentrée, en tous cas une rentrée optimale di Capi Corsi a Bunifaziu, da e pieve a e cità. On ne pouvait pas faire le tour des 47 collèges et lycées de l’île, nous avons choisi d’aller ce matin dans le Fium’Orbu et cet après-midi à Biguglia pour témoigner notre gratitude à l’ensemble de la communauté éducative, les enseignants et les personnels administratifs dont les ATTEE de la Collectivité de Corse. Pendant tout l’été, la Collectivité de Corse s’est mobilisé et concertée avec les chefs d’établissement, leurs personnels et le Rectorat pour organiser au mieux cette rentrée et faire que cette situation inédite, exceptionnelle et, par certains côtés, un peu inquiétante, que nous connaissons, n’ait pas de conséquences négatives pour les élèves et leurs familles. Grosso modo, la rentrée s’est bien passée. Tant mieux !
 
- Après le confinement et la fermeture des écoles au printemps, vous avez tenu à faire passer un message. Lequel ?
- Tout simplement réaffirmer que l’éducation, l’enseignement et la formation sont des piliers de notre projet et de notre vision de la société. Nous tenons à consacrer le droit à l’éducation, y compris dans des circonstances difficiles comme celles que nous connaissons, et à organiser un accès effectif à ce droit dans les meilleures conditions possibles pour tous. Ceci doit évidemment se combiner avec le respect de la santé et notre volonté de faire primer les exigences de santé publique sur toutes autres considérations. C’est ce que nous avons essayé de faire lors de la première phase de l’épidémie et c’est ce que nous continuerons à faire. Par exemple, lors de cette rentrée, nous avons pris acte, d’une part, de l’aggravation de l’épidémie, et d’autre part, de la décision de l’Etat de ne pas organiser un accès gratuit aux masques. Nous avons, donc, décidé de suppléer à cette carence de l’Etat et de généraliser la mise à disposition gratuite des masques pour garantir à tous les enfants, y compris ceux dans les familles n’ont pas forcément les moyens d’assumer cette dépense, une rentrée dans les meilleures conditions sanitaires possibles.

Au lycée de Prunelli di Fium'Orbu.
Au lycée de Prunelli di Fium'Orbu.
- Quel est le coût financier de cette gratuité des masques ?
- Le coût est important : environ 500 000 à 700 000 €, si nous devions généraliser cet accès gratuit aux masques pendant tout le premier trimestre. Notre idée est, bien sûr, comme je l’ai dit, de garantir la sécurité et la santé de tous, mais aussi d’obéir à une logique sociale. Nous n’avons pas mis en place des critères de distribution, par contre nous avons convenu avec les chefs d’établissements et leurs équipes que ces masques gratuits doivent être distribués d’abord à ceux qui en ont le plus besoin. Il va falloir gérer une ressource qui est rare et chère, et le faire avec de bonnes pratiques. Nous faisons totalement confiance à la communauté éducative pour cela. Nous avons aussi insisté sur l’aspect déchets. Il ne s’agit pas de se retrouver avec des masques jetables abandonnés sur la voie publique. De la même façon, nous avons effectué des travaux pendant l’été pour installer des points d’eau afin que les enfants puissent se laver les mains régulièrement, notamment avant les repas. Nous avons, enfin, sécurisé les espaces d’enseignement et de récréation. Tout cela a été mis en place avec la communauté éducative pour que cette rentrée se passe dans les meilleures conditions.
 
- Vous avez fourni un stock de masques pour la rentrée et les quinze premiers jours, mais ensuite ?
- Les stocks de la CdC étaient constitués de masques jetables qui ne sont pas la meilleure solution. Il faut des masques lavables et réutilisables. Pour obtenir ce type de masques, nous sommes obligés de passer par une commande publique. Nous allons l’organiser en essayant de concilier deux exigences. D’une part, la rapidité de la mise à disposition des masques dans un volume conséquent. D’autre part, la volonté, dans le respect des règles de la commande publique, de permettre aux entreprises corses, qui produisent ce type de masque, de se positionner sur ce marché public. Nous espérons qu’elles feront des offres qui leur permettront d’emporter ces marchés.

Au lycée de Biguglia
Au lycée de Biguglia
- Que devient le programme des travaux en cours dans les établissements ? Est-il maintenu ?
- Tout à fait ! Tout l’été, des travaux ont été réalisés pour plusieurs centaines de milliers d’euros dans les 47 établissements scolaires de l’île. A côté des travaux habituels de maintenance ou d’amélioration, nous avons effectué des travaux spécifiques liés au COVID 19 comme, par exemple, l’aération de certains locaux ou la mise à disposition de plans d’eau pour se laver les mains. Des évènements exceptionnels, comme les intempéries du début de l’été, ont également conduit à des travaux importants, notamment au lycée Jules Antonini d’Aiacciu afin qu’il puisse rouvrir dans des conditions normales. Enfin, dernier point de vigilance de la rentrée : la question des transports scolaires. Un grand travail a été fait par la conseillère exécutive, Vanina Borromei, et les services de la CdC en ce sens tout au long de l’été.
 
- C’est-à-dire ?
- Il y a traditionnellement des difficultés en matière de transports scolaires. Notre volonté est de maintenir ou de créer des lignes partout, y compris là où la demande sociale est faible, parce que nous considérons que le transport scolaire permet de maintenir des écoles et de fixer la vie dans l’intérieur. J’espère que tout va bien se passer. En tous cas, nous restons vigilants pour corriger, ici ou là, s’il devait y avoir des difficultés.
 
- Comment la CdC peut-elle assumer ces coûts supplémentaires liés à la crise sanitaire ?
- Ces coûts supplémentaires sont très conséquents, mais il n’y a pas que les coûts des masques. Depuis le début de la crise sanitaire, la Collectivité de Corse, y compris au-delà de ses compétences, a engagé des dépenses imprévues parce que nous avons considéré qu’il fallait le faire pour préserver la santé des Corses et au-delà, de tous ceux qui, à un titre ou à un autre, passent dans l’île. En même temps, nous sommes confrontés à une baisse significative de nos recettes fiscales, qui est évaluée, selon les scénarii les plus optimistes, entre 60 et 80 millions € dès cette année. Sans doute autant, voir plus, l’année prochaine. Cela va placer la Collectivité de Corse dans une situation budgétaire extrêmement difficile. Ceci étant, même dans les difficultés budgétaires, nous tenons, à réaffirmer, premièrement, notre soutien total, y compris financier et, si nécessaire, renforcé, au secteur de l’éducation. Deuxièmement, nous avons la volonté d’être pleinement présents pour garantir la santé des Corses.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.
 

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