Corse Net Infos - Pure player corse

Gilles Simeoni : « Oui, j’ai été fidèle aux engagements que j’ai pris avec mes partenaires et devant les Corses ! »


Nicole Mari le Jeudi 20 Mai 2021 à 18:22

« Oui je crois, oui je suis sûr… ». C’est dans une allocution qui s’achève sur un vibrant credo que le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, a, avec une émotion certaine, pris la parole, jeudi matin, à l’Assemblée de Corse pour clore la dernière session de la mandature. Un credo de certitudes sur les principes essentiels qui ont guidé son action, de la fidélité aux engagements pris avec ses partenaires et devant les Corses au chemin qui reste à parcourir. Une réponse ferme à ses détracteurs, mais aussi la promesse renouvelée de poursuivre « la révolution démocratique et pacifique » qu’il a engagée.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, à côté de Nanette Maupertuis, conseillère exécutive et présidente de l'Agence du tourisme. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, à côté de Nanette Maupertuis, conseillère exécutive et présidente de l'Agence du tourisme. Photo Michel Luccioni.
C’est avec « une grande émotion » que le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse (CdC), Gilles Simeoni, a pris la parole, lors de cette dernière session de la mandature, pour « dire aux Corses ce que nous avons essayé de faire ensemble dans la diversité de nos opinions ». Il s’adresse, d’abord, au président de l’Assemblée de Corse : « Au-delà de quelques désaccords que nous avons pu avoir, vous êtes un patriote et un militant. A travers l’exercice de votre fonction, vous avez contribué à faire grandir celle-ci ». Puis, se tourne vers les élus de la majorité : « Au-delà de nos différences, nous avons travaillé dans le respect de nos engagements et du serment que nous avons prêté ensemble. Je ne doute pas que le sens de l’histoire soit, au-delà des difficultés de l’instant et des péripéties électorales, de nous faire converger au service de la Corse et de l’intérêt général, de la défense de ce peuple et de la construction de cette nation à laquelle nous sommes irréductiblement attachés ». Et de l’opposition avec laquelle « nous avons eu quelques fois des points d’accord, mais également des divergences, c’est normal en démocratie ! Il n’empêche qu’en Corse plus qu’ailleurs, dans ce petit peuple qui a tant souffert des divisions au fil de son histoire, je considère, y compris au regard de l’histoire récente, que, par-delà nos désaccords qu’il nous faut assumer, nous avons, les uns et les autres, le devoir de contribuer à l’apaisement de cette société. Je ne doute pas que cet objectif continuera d’être au cœur de nos engagements ».

La dernière session de l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
La dernière session de l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Une confiance immense
Le président Simeoni remercie, ensuite, son Conseil exécutif : « Nous avons travaillé en essayant dans chacune de nos décisions de trouver les points d’équilibre et de placer au cœur de celles-ci la défense de l’intérêt général ». Un mot pour le CESEC, la Chambre des territoires « deux institutions qui continueront d’avoir une importance majeure », et l’Assemblea di a Ghjuventu « qui apporte sa foi, ses regards, ses idées et sa volonté de construire ce pays. Nul doute que, dans les années à venir, la jeunesse sera de plus en plus présente et engagée. C’est à mon sens l’un des enjeux des combats à mener ». Remerciement également aux quelques 5000 agents de la CdC : « J’ai été fier de travailler à leurs côtés. Cette institution ne vit et ne vaut qu’à travers eux. J’ai, par-delà les difficultés, les contraintes budgétaires, techniques, juridiques et humaines à gérer, une confiance immense dans leur capacité à faire que cette institution soit toujours plus forte et plus représentative du peuple dont nous sommes issus. Grâce à notre travail, cette institution, garante et dépositaire des intérêts matériels et moraux du peuple corse, s’est, pendant ces trois ans, singulièrement renforcée. Nous l’avons construite et voulu ensemble. Grâce au dialogue social, au fonctionnement des institutions paritaires avec l’engagement des syndicats et des élus, nous avons, les chiffres le montrent, construit une institution qui, quand on la compare avec ce qui se fait ailleurs, est en avance dans tous les domaines ».
 
Une collectivité modèle
Pour preuve, le président de l’Exécutif cite un audit extérieur qui a comparé 12 régions ayant fusionné et qui place la CdC comme « la collectivité de France qui a le régime d’action sociale le plus fort et le plus favorable pour ses agents. Je suis fier que nous l’ayons fait ensemble ». La CdC consacre au budget de l’action sociale environ 7,5 millions € par an, 1700 € par agent, soit en moyenne deux fois plus que l’ensemble des régions françaises. « Le régime indemnitaire a été harmonisé en un temps inférieur à 83 % des 12 collectivités analysées. En matière d’harmonisation du temps de travail, la Corse se positionne comme une collectivité modèle, en ayant procédé à une harmonisation effective en 2 ans, là où la région Nouvelle Aquitaine a mis 3 ans et la région Grand Est, 3 ans et demi. Cette volonté d’une action sociale renforcée et d’une harmonisation des régimes indemnitaires et du temps de travail s’est accomplie dans le respect des contraintes budgétaires qui sont les nôtres ». Les dépenses de personnels ont augmenté de 8,3% sur la période de la fusion contre plus de 10% en moyenne dans les régions françaises ayant fusionné. « Quoi qu’il arrive, cet acquis-là, qui est immense, sera à faire fructifier ».

Le président Gilles Simeoni et des élus de Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Le président Gilles Simeoni et des élus de Femu a Corsica à l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Le credo des certitudes
Pour finir, Gilles Simeoni a tenu à « parler aussi avec mon cœur » pour répondre aux critiques de ses partenaires. « Dans le silence de ma conscience, je me suis interrogé pour savoir si j’avais été fidèle aux engagements que j’avais pris avec mes partenaires et devant les Corses ». Et sa mise au point, sans appel, prend la forme d’un credo : « Oui je crois, oui je suis sûr que j’ai été fidèle au serment que nous avons prêté ensemble ! Oui je crois, oui je suis sûr que nous nous sommes inscrits et que nous continuerons à nous inscrire dans le fil historique du combat de ce peuple pour la reconnaissance de son existence et de ses droits ! Oui je crois, oui je suis sûr que nous avons eu raison de confirmer, comme je l’avais dit lors du discours du 2 janvier 2018 au lendemain de la victoire électorale de décembre 2017, que notre victoire ne peut pas être la victoire des Nationalistes contre ceux qui ne le sont pas ! Nous avons eu raison de dire et de faire que notre victoire soit, chaque jour un peu plus, la victoire de tous les Corses, et singulièrement de tous les Corses qui veulent faire peuple et faire nation ». Avec l’objectif réaffirmé de la paix : « Oui je crois, oui je suis sûr que nous avons eu raison, par-delà de nos différences, de dire et de démontrer que nous voulons, à tous prix, construire et enraciner la paix dans ce pays parce que nous la devons à nous-mêmes, à nos enfants et aux générations à venir ! Oui je crois, oui je suis sûr que nous avons eu raison de remettre la démocratie et l’équité au cœur de chacune des décisions de cette collectivité au cœur de la vie publique et au cœur de notre vie collective ! Oui je crois, oui je suis sûr que la page de la violence ou de la tentation de la violence ne sera définitivement tournée que lorsque l’Etat aura accepté de construire avec la Corse et tous les Corses, et au premier rang avec l’ensemble du mouvement national, une solution politique, progressive, respectueuse des intérêts de chaque partie, intégrant l’ensemble des douleurs, des histoires, des drames, permettant aux prisonniers politiques d’être rapprochés et libérés ! ». Une solution politique qui, pour lui, au plan institutionnel, passe par une autonomie de plein droit et de plein exercice à l’instar de toutes les îles de Méditerranée. « Oui je crois, Oui je suis sûr que nous avons bien fait de continuer à mettre nos pas, à la fois, dans l’héritage de Pasquale Paoli, dans l’héritage de milliers de femmes et d’hommes qui se sont battus depuis parfois plus de 50 ans pour ce pays et pour ce peuple, et dans la révolution démocratique et pacifique, nourrie de valeurs universelles que nous nous sommes engagés à mener à son terme ! ». Et de conclure : « Il nous faudra sans doute plus d’une mandature, plus de la mandature prochaine, sans doute une génération, pour y parvenir, mais je suis certain que ce chemin-là nous mènera vers cet objectif qui est au cœur de chacune de nos décisions ».
 
N.M.