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Gilles Simeoni : « Nous avons vécu un raccourci saisissant de ce que nous craignions et nous ne voulons pas »


Nicole Mari le Jeudi 29 Juin 2023 à 20:02

Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de la Corse, Gilles Simeoni, est intervenu en ouverture de la session de l’Assemblée de Corse, pour commenter l’inquiétante actualité des quatre derniers jours, notamment en termes d’urgences, d’attentats et d’interpellations. Il évoque un piège duquel la Corse doit sortir et affirme que la meilleure façon d’en sortir, c’est de construire l’autonomie. Il affirme également que la responsabilité des élus est de démontrer aux jeunes que la violence clandestine n’est pas un chemin qui peut servir la Corse.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de la Corse. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de la Corse. Photo Michel Luccioni.
Des urgences, des interpellations, des attentats et un piège. Le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, ne cache pas son inquiétude, ni ses interrogations face à une actualité particulièrement chargée, dont il extrait quelques points saillants. D’abord, au plan interne de la Collectivité de Corse, il revient sur l’annulation des élections professionnelles, une décision de justice dont il prend acte, mais sur laquelle il entend faire une mise au point. « Cette décision sera frappée d’appel. Je le dis pour que ce soit à nouveau entendu par les élus de cette assemblée et par les Corses : il n’y a pas eu de fraude. C’est évident ! Mais ça, tout le monde le sait. Il n’y a pas eu non plus la disparition de 450 bulletins. Ce que le dossier démontre, c’est qu’il y a eu une erreur initiale de comptage par le service de la Poste et que cette erreur a conduit à l’annulation. Tous les gens, qui ont voulu voter par correspondance, ont pu le faire. Tous les bulletins de vote, qui ont été transférés à la Poste, ont été remis à la Collectivité de Corse, aux fonctionnaires et à l’ensemble des organisations syndicales qui étaient représentées au moment de la réception et de l’ensemble des opérations. Il n’y a rien eu d’autre qu’une erreur matérielle ». Concernant le préavis de grève déposé par le STC, il se dit serein : « Cette affaire et les questions posées devraient de façon très sereine trouver des réponses qui satisfont l’ensemble des parties ».
 
Des urgences estivales
Ensuite, sur les urgences estivales en termes d’eau, de santé, d’énergie ou de territorialisation du SIS, le président de l’Exécutif explique que « le travail continue. Il faut sortir de ces problèmes-là et apporter une réponse parce que nous sommes vraiment dans l’urgence ». Il évoque sa rencontre avec Emmanuelle Wargon, présidente de la CRE (Commission de régulation de l’énergie) concernant la mise en œuvre du protocole et de la révision simplifiée de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) : « Nous attendons le décret pour la fixation des tarifs ». Egalement sa rencontre la veille avec Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement et la mise en œuvre du plan France 2030 : « Nous avons plaidé à la fois pour une augmentation de l’enveloppe de la Corse, pour une meilleure prise en compte des spécificités de notre structure entrepreneuriale, et pour une gouvernance mieux partagée. Nous avons eu une écoute bienveillante et attentive sur des dossiers qui conditionnent le quotidien ». Enfin sa rencontre avec Virginie Schwarz, PDG de Météo-France : « Nous avions demandé le renforcement des moyens de prévention et l’implantation de bouées au large de la Corse pour anticiper les événements type tempête du 18 août. La première bouée a été placée, tant mieux ! Espérons que les quatre autres suivront. De la même façon j’espère que nous aurons une restitution de l’enquête administrative qui avait été annoncée par le ministre Darmanin au moment de sa venue en Corse. De ce côté-là, les choses avancent de façon positive ».
 
Le piège politique
Enfin, l’actualité politique et judiciaire récurrente que Gilles Simeoni qualifie, une nouvelle fois, de piège : « Ces quatre jours, nous avons vécu un raccourci et un condensé saisissant du piège duquel nous devons sortir, un raccourci saisissant de ce que nous craignons et de ce que nous ne voulons pas ». Faisant référence aux interpellations du début de semaine, il s’étonne de « la concomitance réitérée et curieuse entre les moments importants que nous vivons et les interpellations. On me dira que c’est peut-être le fait du hasard, mais des interpellations qui arrivent chaque fois la veille, soit d’un processus avec la réunion de Beauvau, soit d’une session extraordinaire de l’assemblée de Corse, cela conduit à se poser des questions ». Tout comme il s’interroge sur la longue garde à vue d’un membre de l’Exécutif de Corsica Libera qui a été remis en liberté hier soir : « D’après ce qu’a indiqué cette personne, les questions, qui lui ont été posées en garde à vue, n’ont aucun lien avec le dossier pour lequel il a été interpelé. On lui a posé des questions sur son appartenance politique, sur sa vision du statut de coofficialité, du statut de la Corse. Des questions qui relèvent du champ démocratique. On a interpelé un responsable politique d’une organisation indépendantiste, démocratique, représentée dans cette assemblée, et au bout de quatre jours, on le relâche, c’est-à-dire qu’aucune charge n’a été retenue contre lui ».
 
Un autre chemin
Le président Simeoni s’émeut également la jeunesse des autres personnes en garde à vue dans le cadre des actions revendiquées par le groupe clandestin GCC et qui pourraient être déférées devant un juge d’instruction : « Il y en a une qui a 19 ans, une qui a 18 ans et une qui a 17 ans. Je n’ai pas envie que les jeunes pensent que la violence clandestine est un chemin qui peut servir la Corse. C’est notre responsabilité de démontrer que ce n’est pas le cas ». Concernant la tentative de destruction de la mairie de Pietrosella : « J’ai dit au maire Jean Baptiste Luccioni que c’était incompréhensible, inacceptable, comme je l’avais déjà dit aux maires frappés dans leur commune par des agissements de cette sorte ». Et de conclure : « Ces trois éléments là, qui sont de portée différente, tendent à nous tirer vers un chemin dont nous ne voulons plus. La meilleure façon de sortir de ce piège, c’est de construire et d’emprunter un autre chemin. Et à mon avis, c’est la responsabilité principale que nous avons à assumer ensemble, notamment lors de la session extraordinaire de mardi prochain ».
 
N.M.