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Fijait : Jean-Marc Dominici condamné à 1 000 euros d'amende, Patriotti et Aiutu Paisanu dénoncent "un acharnement"


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 14 Juin 2022 à 17:42

Ce mardi 14 juin à Bastia, Jean-Marc Dominici a été condamné a payer une amende de 1 000 euros pour avoir refusé de renseigner son adresse dans le cadre des obligations du Fijait. Le collectif Patriotti et Aiutu Paisanu dénoncent une nouvelle fois un acharnement judicaire et demandent l'exclusion des "militants politiques corses" du fichier Fijait.



Jean-Marc Dominici a été condamné à payer une amende de 1 000 euros ce 14 juin 2022. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Jean-Marc Dominici a été condamné à payer une amende de 1 000 euros ce 14 juin 2022. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
« On doit être à la cinquième condamnation et chaque fois, le prix de l’amende grimpe ». Avec d’autres membres du collectif Patriotti et d'Aiutu Paisanu, Félix Benedetti est venu soutenir Jean-Marc Dominici devant le palais de Justice de Bastia ce 14 juin.

L’homme a été de nouveau condamné à payer 1 000 euros d’amende pour avoir refusé de renseigner son adresse dans le cadre des obligations du Fijait (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions terroristes).

Une règlementation stricte

Tous les trois mois, les personnes inscrites dans ce fichier doivent renseigner leur lieu de résidence. Une étroite surveillance qui trouve son origine à la création du Fijait en 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo. Dès sa naissance, le dispositif était destiné à surveiller les personnes condamnées ou mises en cause pour des infractions liées à des actes de terrorisme.

« C’était surtout pour s’assurer que les terroristes islamistes ne repartent pas en Syrie. Nous, ça ne nous concerne pas ! », peste Félix Benedetti pour Aiutu Paisanu. Les soutiens de Jean-Marc Dominici dénoncent un amalgame fait entre « les islamistes radicaux et les militants politiques corses ».

Les soutiens dénoncent un « acharnement »

Autre point de crispation, la rétroactivité de l’inscription dans le fichier pour certaines personnes. « Elle est encore plus grave pour Jean-Marc Dominici car il a été inscrit au Fijait après avoir purgé sa peine », indique Félix Benedetti pour Aiutu Paisanu. Jean-Marc Dominici a été condamné en 2010 à 11 ans d'emprisonnement, reconnu coupable d’un attentat contre la gendarmerie d'Aléria en octobre 2004. Libéré de prison en 2013 sous liberté conditionnelle puis totale, l’intéressé a été inscrit au dossier Fijait dès sa création en 2015. Il est l’un des trois premiers corses à y être inscrit.

Lire aussi : Fichier FIJAIT : 3 membres du collectif Patriotti devant la cour d'appel de Bastia

Depuis son inscription au fichier, Jean-Marc Dominici a fait le choix de ne jamais répondre à cette obligation. « C’est symbolique. Ça nous coûte du temps et de l’argent mais on continuera », explique Félix Benedetti, également concerné par le Fijait. Les soutiens de Jean-Marc Dominici dénoncent un acharnement dirigé contre lui et les autres « militants politiques corses inscrits au Fijait ».

L’espoir d’un changement

Pour les membres du collectif Patriotti et ceux d'Aiutu Paisanu, les discussions entre Paris et la Corse qui devraient se dérouler après les élections législatives pourraient changer la donne. « Pendant sa visite en Corse, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dit devant témoins qu’il réfléchirait à différencier les cas dans le Fijait », indique Félix Benedetti. Pour lui, cette question doit être à l’ordre du jour des discussions politiques entre les représentants insulaires et l’État : « les solutions politiques et juridiques existent ».

Lire aussi : Discussions avec Paris : l'Associu Aiutu Patriotticu demande la radiation du Fijait

Les membres des collectifs estiment qu’une faille juridique existe depuis 2018. « Lors d’un procès, le procureur de Paris a estimé que le fichier Fijait a été créé pour des islamistes et pas pour des Corses », expose Félix Benedetti.
En Corse, plus d’une quarantaine de personnes seraient inscrites au Fijait.