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Fermetures des bars et des restaurants à minuit : les professionnels ajacciens entre fatalisme et inquiétude


Julia Sereni le Vendredi 18 Septembre 2020 à 19:07

En Corse-du-Sud comme en Haute-Corse, les restaurants et les bars doivent désormais fermer à minuit, à partir de ce vendredi 18 septembre et jusqu’au 18 octobre inclus. Partagés entre fatalisme et inquiétude, les restaurateurs ajacciens s’apprêtent à appliquer la mesure.



(Photos Michel Luccioni)
(Photos Michel Luccioni)
Un peu résignés, les restaurateurs ajacciens, face aux dernières annonces de la préfecture, qui a décrété la fermeture de tous les établissements, restaurants et bars, de minuit à 6h du matin. « C’est une mesure qui s’impose à nous » explique une restauratrice de l’emblématique rue du roi de Rome, « c’est comme cela, nous n’avons pas le choix ».
 
Un fatalisme qui laisse toutefois transparaitre des inquiétudes : « Nous ne sommes pas fonctionnaires, si nous ne travaillons pas, nous n’avons pas de salaire. Avant, nous travaillions jusqu’à 2 heures, là cela nous oblige à arrêter de prendre des clients à 23h30 ». Le manque à gagner est évident.
 
D’autant que les traces des pertes financières liées au confinement sont loin d’être effacées : « L’hiver va être compliqué » s’inquiète Jean-Marie, le patron du Roi de Rome, « d’habitude on se fait un matelas l’été pour tenir l’hiver et payer nos charges, nos cotisations et nos employés, mais là, le matelas a servi à compenser le confinement ». Et la situation reste difficile : « Plus de croisiéristes, des pays qui empêchent leur ressortissants de venir ici », même si, il tient à le souligner : « Les locaux ont joué le jeu et sont venus dans les établissements pour compenser le manque de touristes. Nous allons d’ailleurs faire un encart dans la presse pour les remercier ».
 
L’annonce de la fermeture des bars et restaurants à minuit, Jean-Marie l’accueille avec ironie : « Faut-il comprendre qu’à minuit moins cinq le virus n’est pas là, mais à minuit cinq oui ? » lance t-il. Pour lui, il s’agit d’un couvre-feu qui ne dit pas son nom.
 
Tous soulignent, à l’instar de Stéphane et Sébastien, propriétaires de la Brasserie du diamant, l'atmosphère angoissante créée par ce type de mesures et craignent qu’elles ne finissent par dissuader la population de se rendre dans leurs établissements : « Avec la rentrée on avait repris une bonne activité. Nous avons peur que cela bloque les gens dans leurs envies de sortir ». D’autant que, pour eux, le dispositif déployé par les forces de l’ordre est largement disproportionné : « Tourner avec le Famas pour le contrôle des masques et des horaires, c’est assez anxiogène ». C’est le moins que l’on puisse dire.