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Féminicide de Julie Douib : son ex-compagnon condamné à la perpétuité en appel


CNI avec AFP le Vendredi 27 Janvier 2023 à 15:35

Bruno Garcia-Cruciani, 46 ans, a été condamné vendredi soir par la cour d'assises d'appel de Corse-du-Sud à la réclusion criminelle à perpétuité pour le féminicide de son ex-compagne et mère de ses enfants, Julie Douib, en 2019 à l'Ile-Rousse.

"La Cour vous condamne à la majorité de huit voix au moins à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans", a indiqué la présidente à Bruno Garcia-Cruciani.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
"Je vous demande de le déclarer coupable et je requiers la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté maximale de 22 ans", avait déclaré Catherine Levy, l’avocate générale. Bruno Garcia-Cruciani a connu cevendredi soir à Ajaccio sa condamnation, ses enfants étant, selon leur avocate, d’ores et déjà condamnés par son acte à être "à perpétuité des fils d’assassin, à jamais des orphelins".

En première instance devant les Assises de la Haute-Corse, il avait été reconnu coupable et condamné à cette peine assortie d’une période de sûreté de 22 ans et de la privation de son autorité parentale.

Au dernier jour de ce procès devant la cour d’assises d’appel de Corse-du-Sud, l’avocate des enfants du couple a appelé la cour à les « protéger de leur père », décrivant des garçons "terrifiés à l’idée que leur père sorte de prison et vienne les chercher", alors que Bruno Garcia-Cruciani, qui a reconnu avoir tué son ex-compagne mais nie la préméditation, a fait appel de la privation de son autorité parentale.

Après Julie, "les victimes oubliées" de cette affaire sont ces deux garçons, aujourd’hui âgés de 12 et 14 ans, a souligné Me Francesca Seatelli, leur avocate. Bruno Garcia-Cruciani a "constamment utilisé ses enfants comme un propriétaire et veut les récupérer pour lui, pas pour eux", a-t-elle dit, décrivant "un homme dangereux », « incapable d’envisager son geste à l’aune de la souffrance de ses enfants".

"Un mauvais mari n’est jamais, ne sera jamais un bon père", a-t-elle martelé. Ils " savent que leur vie à eux n’a pas suffi à sauver la vie de leur mère", âgée de 34 ans au moment de sa mort en mars 2019 à l’Île Rousse, a-t-elle rappelé avant de demander à la cour de leur dire, par son jugement, " que ce n’est pas leur faute". "Mes enfants, ça fait quatre ans que je n’ai pas de nouvelles", a beaucoup répété l’accusé. "Quand on aime ses enfants, on ne leur enlève pas leur mère", a asséné, cinglante, Me Seatelli.


Voleur d’amour
Interrogé sur les faits, l’accusé a nié s’être rendu chez Julie Douib pour la tuer et avoir tiré dans son jardin avec un silencieux la veille des faits, comme ses enfants l’ont dit aux enquêteurs. Pour Me Seatelli, cet épisode "signe la préméditation" pour les enfants qui "savent que papa a tué maman de manière réfléchie".

Pour Jean-Sébastien De Casalta, avocat de la famille Douib, "c’est le procès d’un féminicide devenu symbole, Julie est devenue l’héroïne de la lutte contre les violences faites aux femmes, une victime devenue martyre parce qu’on n’a pas le droit de quitter Bruno Garcia."
Électrochoc social, ce crime, le 30e féminicide sur 149 en 2019 en France, avait suscité une vague d’indignation dans le pays, entraînant l’organisation par le gouvernement d’un « Grenelle » sur les violences faites aux femmes.

Aujourd’hui sa famille "ne mène pas un combat de haine mais de vie pour les enfants », a ajouté l’avocat, qualifiant l’accusé de "voleur de vie, voleur de rêves » et de voleur d’amour, l’amour de ses enfants'. "Pas une larme pour Julie, pas une larme pour Jordan (son frère), pas une larme pour Violetta (sa mère), pas une larme pour Lucien (son père), pas une larme pour ses fils", a insisté Me Lia Simoni, également pour les parties civiles, demandant à la cour "de le déclarer coupable d’assassinat".

Pour Me Adil Sahban, autre avocat de la famille Douib, "il n’y a pas eu de regrets véritables de Bruno Garcia. Peut-être que son seul regret, c’est de ne pas avoir fait davantage de victimes", a-t-il avancé en référence aux propos de l’accusé, captés par des écoutes pendant qu’il était en prison, dans lesquels il a proféré des menaces à l’encontre du père de Julie Douib, Lucien, et du professeur de sport qui avait une relation avec la jeune femme après leur séparation.