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Expulsion des gens du voyage de Caldaniccia : "Quand ça arrivera, on va bloquer la ville"


Naël Makhzoum le Mardi 15 Novembre 2022 à 16:21

Ce mardi 15 novembre, la quinzaine de familles occupant une parcelle de Caldaniccia louée par la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (CAPA) à l’entrepreneur Patrick Rocca, pourrait être expulsée. Après des échanges avec le maire, aucun compromis n'a pu être trouvé et la situation reste en standby.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Une quarantaine de personnes vont-elles se retrouver à la rue ? Issues de la communauté dite des gens du voyage et installées à Ajaccio depuis des décennies, une quinzaine de familles sont sur le point d'être expulsées par les forces de l'ordre de leur terrain de Caldaniccia. La parcelle, que Patrick Rocca souhaite récupérer, était louée par la CAPA - qui la sous-louait à la communauté - mais ne devrait plus être disponible.

Reçus hier par le président Stéphane Sbraggia, les occupants du site dénoncent un manque de volonté de leur venir en aide. "Le rendez-vous a duré deux heures mais on n'a pas obtenu ce qu'on voulait, regrette Océane Catta, membre de la communauté qui vit sur la parcelle. On nous a répondu qu'ils ne peuvent rien faire pour les gens sédentaires mais seulement des aires d'accueil pour les gens de passage. Sauf qu'il faut comprendre notre mode de vie : quelqu'un qui a une villa ne peut pas aller vivre en caravane, et bien nous, on ne peut pas partir de la caravane pour une maison."

La CAPA, qui a l'obligation légale de fournir temporairement un espace dédié à l'accueil des gens du voyage, pointe de son côté le caractère pérenne de l'utilisation du lieu. "Nous ne disposons pas de terrain pour des gens de passage et c'est un point à améliorer, a indiqué Stéphane Sbraggia dans la presse locale. Mais les gens que nous avons reçus hier sont sédentaires et installés à Ajaccio depuis des années."

"Ils nous mettent en danger"

Depuis des décennies, même. "La femme la plus âgée ici a 65 ans et a toujours vécu là, rappelle Océane Catta. Des générations se sont succédé ici et de nombreux enfants sont nés. On ne peut pas se permettre de partir à l'aventure : les enfants n'ont plus d'école, nos maris ne peuvent plus travailler, les dépannages ne peuvent plus être effectués... Il y a des gens handicapés, une personne qui a besoin de soins par une infirmière deux fois par jour, une qui est suivie par les psychologues, les éducatrices... Ils nous mettent en danger."

Bien que "la décision d'expulsion est humainement très difficile" pour le maire, le président de la CAPA répond que celle-ci n'est pas concernée directement par le traitement et la prise en charge de cette communauté de vie qui a des besoins de logements permanents.
De son côté, la communauté ne réclame qu'un "terrain en béton et habilité avec des toilettes, l'eau, l'électricité. Ici, on est dans la boue et quand il pleut c'est inondé, il y a des rats à cause des poubelles (de la grande surface qui jouxte la parcelle)..."

Alors que des pierres ont été déposées à l'entrée du terrain, l'expulsion par les forces de l'ordre pourrait intervenir prochainement. "Comme il y a la tempête et que le problème est maintenant connu du grand public, on ne sait pas quand ils vont venir. Quand ça arrivera, on va partir mais on va utiliser nos engins pour bloquer la ville et les gens ne pourront plus aller travailler, prévient Océane Catta. On ne pourra plus manger, se laver..."

Pour l'heure, la CAPA comme la préfecture n'ont communiqué aucune information officielle sur une potentielle opération des forces de l'ordre.

Le terrain. Photo Michel Luccioni
Le terrain. Photo Michel Luccioni