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Education : Jean-Philippe Agresti, recteur de l'Academie de Corse, donne ses priorités pour 2024


Patrice Paquier Lorenzi le Mardi 23 Janvier 2024 à 17:34

Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux adressée à la Presse, Jean-Philippe Agresti, le Recteur de l’Académie de Corse, a souhaité faire un bilan sur l’année écoulée mais également un point sur les changements à venir en 2024. Port de l'uniforme et enseignement de la « Marseillaise » à l’école, sécurité dans les établissements scolaires, mais aussi langue corse ou affaire du collège de Giraud, l’occasion de revenir sur tous les nombreux sujets brûlants qui agitent actuellement le milieu académique.



Jean-Philippe Agresti, le Recteur de Corse, a présenté ses voeux à la Presse ce lundi.
Jean-Philippe Agresti, le Recteur de Corse, a présenté ses voeux à la Presse ce lundi.
- Emmanuel Macron a pris des mesures fortes (l’uniforme unique, l’enseignement de la « Marseillaise » obligatoire à l’école, etc.) lors de son discours à la Nation de la semaine passée. L’Académie de Corse commentera-t-elle ces changements ?
- Concernant le port de la tenue commune, le Chef de l’État a en effet parlé d’une expérimentation. En Corse, pour le moment, l’endroit où les discussions ont le plus abouti, c’est à Bonifacio puisque le Maire et le Conseil de l’École ont émis le souhait de prendre part à cette expérimentation, après des échanges notamment avec les parents. Nous avons d’autres remontées et souhaits dans d’autres communes qui pourraient aboutir si l’expérimentation venait à s’élargir. La Corse, plus petit territoire académique, ne dispose normalement que d’une seule expérimentation possible, dans ce cadre, mais nous discutons actuellement avec d’autres chefs d’établissement pour voir s’il sera possible de l’étendre dans l’île. Pour « La Marseillaise, », qui est une volonté forte affichée par le Chef de l’État, nous mettrons en place cette mesure en concertation avec le corps enseignant, comme au plan national.
 
- La nomination d’Amélie Oudéa-Castéra en tant que Ministre de l’Éducation nationale, mais aussi des Sports, fait polémique avec son emploi du temps très chargé notamment dans le cadre des futurs JO de Paris 2024, à préparer. N’est-ce pas un mauvais signal envoyé ?
 - Les choses sont très claires après les annonces gouvernementales : il n’y a pas de rupture entre ce qui a été annoncé par l’ancien ministre et sa remplaçante. Nous allons d’ailleurs la rencontrer dans quelques jours à ce sujet, mais nous n’avons pas d‘inquiétude là-dessus. C’est la continuité concernant les changements et nouveautés à venir 2024, à savoir le harcèlement, le choc des savoirs, sur le lycée professionnel, etc … Il n’y a pas de risques à ce niveau-là. Nous continuons à travailler sur les mêmes axes qui ont été donnés, à notre niveau de décentralisation.

- Le principe de l’égalité des chances est de plus en plus remis en question par le corps enseignant… Comprenez-vous cette inquiétude ?
 - L’égalité des chances, c’est une réalité dont tout le monde a pris la mesure. Il faut absolument qu’on passe d’une égalité juridique à une égalité réelle. Se reposer la question dans le choc des savoirs, du rythme des enseignants ou des groupes de niveaux voulus par 70% des enseignants, permet de remettre de la vérité et de la réalité. Il faut que l’École de la République soit en mesure de s’adapter à l’ensemble de la population élevé. C’est fondamental. Il y a aujourd’hui une réelle prise de conscience là-dessus avec des leviers qui permettent de le faire.
 
- Les alertes à la bombe dans les établissements se sont multipliées ces derniers mois. Comment appréhendez-vous l’année 2024 à ce sujet ?
 - Aujourd’hui, vous devez qu’il est difficile de m’exprimer sur ce sujet, mais nous travaillons activement dessus. Sachez en tout cas que la sécurité des élèves primera toujours. Nous travaillons avec la Préfecture et les forces de police à une méthode avec les chefs d’établissement pour réduire les délais d’évacuation et de levée des doutes. Je me permets de rappeler que ces actes sont condamnables pénalement. Nous serons intransigeants face à ceux qui s’amusent à faire ces alertes à la bombe.
 
-Vous avez été aux côtés du professeur menacé au collège Giraud de Bastia. Celui-ci a été ensuite placé en garde à vue, ce qui a entraîné une vive réaction notamment du syndicat STC, ce vendredi, par des actions de débrayage. Votre sentiment sur cette affaire ?
 - J’ai reçu les organisations syndicales vendredi suite à leur débrayage et au placement en garde à vue de l’enseignant. Elles ont été satisfaites concernant le soutien que nous lui avons apporté. La justice aura à se prononcer en février concernant toute cette affaire. Toute l’institution s’est mobilisée en faveur de l’enseignant concernant les menaces qu’il a pu subir. Nous avons également appliqué des mesures concernant l’élève avec un éloignement du collège pour ne pas envenimer la situation. Il y avait une plainte antérieure, concernant le professeur, qui a conduit à cette garde à vue. S’il demande une protection juridique, nous serons à ses côtés, vu que cela concerne une plainte de parents d’élèves.
 
- Vous avez évoqué lors des chantiers à venir pour 2024, celui notamment de la langue corse et de la création d’un futur établissement public, annoncé par le Président de la République. Où en est-on concrètement ?
 -La Collectivité de Corse va porter un projet, à ce sujet, devant l’État et nous serons là pour accompagner cela. Ce que je peux vous dire, c’est qu’évidemment la question de la création d’établissements publics de la langue corse, est un travail de fond effectué en amont des annonces du Chef de l’État. En accord avec la Cdc, il faut d’abord établir un bilan sur l’enseignement de la langue corse avec une véritable cartographie. Au cours des 5 dernières années, nous sommes passés de 36% à plus de 50% d’élèves scolarisés dans le premier degré en classe bilingue. Aujourd’hui, il y a plus de classes bilingues que de classes standard dans le premier degré ! C’est une réalité. L’enseignement immersif dans le public a également connu un bond avec une hausse de 70% des élèves. D’autre part, nous avons relancé le Conseil Académique des langues régionales et donc de la langue corse. Nous avons également mis une stratégie au sein des ressources humaines en maintenant notamment le même nombre de postes dans le 1er degré. La langue corse, c’est avant tout un enjeu sociétal, qui relève des élus. Le plurilinguisme est bon pour nos élèves.