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ENTRETIEN. Cardinal Mamberti : "Le Saint-Siège a toujours été très proche de la Corse"


Naël Makhzoum le Samedi 18 Mars 2023 à 19:14

Nommé cardinal en 2015 par le pape François, Son Éminence Dominique Mamberti est un "enfant de la Corse", selon les mots de l'évêque insulaire, Monseigneur François Bustillo. Originaire de Vico, il a répondu à l'appel pour présider les célébrations de la Madunnuccia, revenant ainsi en Corse huit ans après son dernier passage. Exceptionnellement, il a accepté de s'exprimer pour les lecteurs de CNI.



Son Éminence Dominique Mamberti. Photos Michel Luccioni
Son Éminence Dominique Mamberti. Photos Michel Luccioni
- Vous êtes préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique. Qu'est-ce que ça signifie concrètement ? Quelle est votre fonction ?
- C'est un organe qui a des compétences assez complexes. Alors pour simplifier, je dirais que c'est une cour de cassation par rapport à tous les tribunaux ecclésiastiques du monde, en particulier de la Rote romaine, le dernier tribunal d'appel pour les tribunaux ecclésiastiques. Il est possible de faire un recours des décisions de la Rote romaine auprès de notre tribunal, mais seulement concernant la légalité. Nous n'examinons pas les questions au fond, mais seulement s'il y a eu une violation de la loi. D'autre part et dans les mêmes conditions, nous sommes comme le conseil d'État par rapport à l'administration centrale du Saint-Siège au dicastère de la Curie romaine. Il est possible de faire un recours des décisions prises, mais là aussi seulement pour savoir s'il y a eu violation de la loi. Plus généralement, la Signature apostolique a la compétence de veiller sur la bonne administration de la justice dans l'Église. Nous supervisons l'activité de tous les tribunaux ecclésiastiques dans le monde.

- Cela fait huit ans que vous n'étiez plus revenu en Corse, depuis que vous aviez été nommé cardinal. Pour quelle raison êtes-vous là aujourd'hui ?
Malheureusement, je ne suis pas revenu depuis huit ans. Et croyez bien que ce n'est pas l'envie qui me manque de revenir plus souvent en Corse ! Je suis revenu cette fois-ci, invité par l'évêque Monseigneur Bustillo, pour présider ces fêtes patronales d'Ajaccio et de Bastia. Je pense que Monseigneur Bustillo a voulu, après l'épidémie du Covid, donner un certain relief à ces célébrations pour retrouver un peu l'ambiance qu'il y avait avant cette pandémie. C'est ce qui a contribué au fait que Mgr Bustillo m'a invité, outre le fait - et je lui en suis très reconnaissant - qu'il maintient toujours le contact avec moi. En particulier quand il vient à Rome, il ne manque jamais de me contacter !

- Votre venue est-elle une façon de montrer que le Vatican porte un regard particulier sur la Corse ?
- Je pense que le Saint-Siège a toujours été historiquement très proche de la Corse et vice-versa. C'est aussi effectivement une façon de maintenir et de renouveler aujourd'hui ces liens qui existent entre la Corse et Rome. 

- Vous assistez aux cérémonies de la Madunnuccia et de San Ghjise, deux figures importantes pour la Corse. Que représentent-elles aujourd'hui ?
- Je crois qu'elles représentent quelque chose de très important pour la vie de l'Église : la dévotion populaire. Ce sont les fêtes des saints patrons qui donnent un sens d'unité à la vie de la communauté. C'est une grande richesse de la Corse que d'avoir conservé ces traditions.

- Mgr Bustillo dit que la Corse est "un modèle de laïcité cordiale". Qu'en pensez-vous, au moment où en France, on déboulonne les statues de la Vierge Marie et de Saint Michel sur injonction judiciaire ?
- Je trouve ces mots tout à fait justes. Je crois que la laïcité n'a pas besoin de ces manifestations d'hostilité. 

Le cardinal Dominique Mamberti avec l'évêque de Corse, François Bustillo et le président du conseil exécutif Gilles Simeoni
Le cardinal Dominique Mamberti avec l'évêque de Corse, François Bustillo et le président du conseil exécutif Gilles Simeoni