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Du tourisme toute l’année à Bonifacio ? « S’il n’y a pas d’avion, les gens ne viendront pas à la nage… »


le Vendredi 23 Février 2024 à 18:47

Un plan d’actions pour élaborer une stratégie touristique sur les quatre saisons : l’intention est louable, mais sans touristes, elle pourrait se révéler vaine... C’est ce qu’a rappelé, un tantinet agacé, Jean-Charles Orsucci, mercredi soir lors du conseil municipal de Bonifacio, à la suite de la présentation du plan d’actions 2024 dans sa commune. Le maire estime que les conditions tarifaires actuelles proposées par Air Corsica à destination de l’aéroport de Figari n’engagent pas les touristes à venir toute l’année dans l’Extrême-Sud.



Du tourisme toute l'année, oui, mais il faut que les liaisons aériennes suivent, estime le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci.
Du tourisme toute l'année, oui, mais il faut que les liaisons aériennes suivent, estime le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci.
Organiser un événement célébrant le printemps et la biodiversité, travailler sur la scénographie du nouvel office de tourisme qui doit voir le jour sur la marina, déployer une nouvelle solution de commercialisation permettant la vente en ligne d'hébergements et de séjours, organiser deux nouveaux festivals (un gastronomique et un musical), élaborer une nouvelle programmation pour les Journées européennes du patrimoine qui auront lieu fin septembre… Les idées contenues dans le plan d’actions 2024 de l’office de tourisme ne manquent pas. Elles visent à « dessaisonnaliser » le tourisme à Bonifacio, a expliqué Roxana Piriottu, la présidente de l’Office municipal de tourisme. Autrement dit, à animer la cité des Falaises en dehors des deux mois d’été sur-fréquentés.

Ces actions se chiffrent à 631 000 €. Un budget trois fois plus conséquent que l’an dernier, du fait des rentrées financières liées à la taxe de séjour. Ces rentrées « ont augmenté fortement, mais comme on n’a pas consolidé le chiffre définitif, je ne le donnerai pas », s’est contenté de préciser Jean-Charles Orsucci. Cette manne, la commune fait le choix de la réinjecter dans des opérations de promotion et de communication pour s’offrir un développement touristique annualisé.

Mais aussi bonnes qu’elles soient, les intentions bonifaciennes se heurtent invariablement à une réalité : la Corse est une île. Une île notamment dépendante question tourisme des liaisons aériennes que propose le délégataire de service public Air Corsica. Et dans l’Extrême-Sud, Jean-Charles Orsucci estime que la Collectivité de Corse, qui a la compétence transports, ne créé par les conditions pour permettre des tarifs suffisamment attractifs sur la destination aéroportuaire de Figari. « Nous à Bonifacio, on peut travailler très bien, mais s’il n’y a pas de bateau ni d’avion, les gens ne vont pas venir à la nage », a ironisé le maire de Bonifacio durant le conseil municipal.
Il s’estime victime de « l’effet ciseaux » : « A force de nous enlever des sièges sur l’aéroport de Figari, cela engendre une augmentation des prix. Or, si on veut tuer l’aéroport de Figari, on ne peut pas mieux s’y prendre », fustige-t-il.  « Un Paris-Figari, c’est 600 euros, contre 200 euros pour un Paris-Bastia ou un Paris-Ajaccio. A ce tarif-là, moi aussi je préfère les faire, les deux heures de route en plus. Ou bien, si je suis touriste, je ne descends pas à Bonifacio. Je reste dans l’environnement des aéroports de Bastia et d’Ajaccio. »

Ce que disait la Chambre régionale des comptes

Dans son rapport d’observations qu’elle avait consacré à l’aéroport de Figari en novembre 2022, la chambre régionale des comptes avait relevé une diminution de 30 000 passagers entre 2017 et 2019 sur la ligne Air Corsica Paris Orly-Figari (soit juste avant la crise sanitaire). Quant à l’écart de prix que Jean-Charles Orsucci dit constater hors saison, supposément du simple au triple avec les autres aéroports corses, « comme sur le week-end de la Pentecôte » ? On est allé vérifier sur le site internet d’Air Corsica. Et sur le prochain week-end de la Pentecôte, du 18 au 20 mai, un aller-retour Paris-Figari est vendu 392,38 euros par personne. Contre 293,19 euros pour un Paris-Ajaccio et 322,25 euros pour un Paris-Bastia. Le plus cher (400,86 euros), étant le Paris-Calvi. 

"On reconcentre le tourisme"

La récente attribution de la délégation de service public à Air Corsica pour les trois ans à venir contient l’ajout de 12 000 sièges supplémentaires l’été sur le Paris-Figari, conformément au souhait du président de l’exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni. Le Marseille-Figari s’est vu doté de deux fréquences hebdomadaires supplémentaires ; les vendredis et dimanches, toute l’année. De même que le Nice-Figari.

L’adjointe de Jean-Charles Orsucci, Marie-Josée Culioli-Vichera, a elle regretté qu’Air Corsica ne diversifie pas plus ses destinations : « Il y a eu l’an dernier des vols d’arrière-saison sur Milan, de début septembre jusqu’au 3 novembre. On a pu envoyer des campagnes de communication vers Milan. J’ignore ce qu’a donné cette ligne, mais ce que je vois aujourd’hui, c’est que le vol sur Milan est programmé désormais du 1er juillet au 12 septembre… A l’évidence aujourd’hui, regrette-t-elle, on reconcentre le tourisme. »

Jean-Charles Orsucci veut des réponses : « J’ai invité le président de notre communauté de communes (Jean-Christophe Angelini) à appeler le président de l’exécutif et la présidente d’Air Corsica pour leur faire part de notre mécontentement. Qu’ils nous trouvent des solutions, sinon il faudra collectivement agir. »