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Dérive mafieuse en Corse. Leo Battesti : "Le contrôle de la légalité manque cruellement de fonctionnaires"


Livia Santana le Jeudi 14 Novembre 2019 à 18:54

Dans une tribune, Leo Battesti chef de file du collectif anti-mafia "Maffia Nò ! A vita iè " créé fin septembre, s'exprime à propos des élus et des dérives mafieuses sur l'île.



Porosité politique, un terme qui dérange.
Si les réunions débats du cullettivu Maffia No’, a Vita Iè, bénéficient d’un impact populaire qui va crescendo, si plus de 3000 citoyens ont déjà adhéré aux principes de bases de ce collectif, force est de constater deux points noirs.
 D’abord l’absence de jeunes. Elle n’est pas propre à cette forme d’organisation et a des causes spécifiques. Mon propos du jour ne s’étendra pas sur ce trauma dont parle souvent l’un de nos adhérents, Jean-François Bernardini. Nous avons d’ailleurs fixé ,comme l’une des priorités, d’aller à leur contact.

Par contre je serai plus prolixe par rapport à l’absence notable… de notables ! À peine 3 conseillers municipaux et 2 conseillers territoriaux à Bastia, aucun maire des 33 communes balanines, à Calvi. Des absences qui ne peuvent que nous interpeller, débattre de l’emprise mafieuse semble être délicat pour des édiles. 
D’emblée j’écarte l’hypothèse que tous sont en situation de pression et préfèrent opérer une impasse. Ou, pire, qu’ils sont complices. Car c’est loin, très loin de la réalité. Oui l’immense majorité des élus corses sont d’honnêtes citoyens, c’est incontestable.

Pourtant, il doit bien y avoir des véreux. Ou alors nous sommes en plein délire paranoïaque. Une infime minorité y trouve son compte, la vénalité explique leur train de vie contrastant avec de si modestes vacations. Mais c’est tout de même moins significatif que certains le redoutent. C’est, du moins ce que je pense, à travers mon expérience. Et je ne souhaite pas me tromper.
Une partie beaucoup plus importante d’élus est sous pression. Surtout dans les zones sensibles où s’exercent la spéculation immobilière. Et là, c’est très significatif. Avec les pouvoirs d’attribuer des permis et la simplification administrative depuis Sarkozy, une forte pression s’exerce sur eux. Le nombre de permis illégaux est colossal. Sans qu’il n’y ait de conséquences individuelles sur de tels abus de droit. Circonstances aggravantes le pouvoir régalien assure mal le contrôle de la légalité. De hauts fonctionnaires simulent et souhaitent ne pas avoir trop de souci avec leur environnementet, surtout, le contrôle de la légalité manque cruellement de fonctionnaires. Ce sera d’ailleurs l’une de nos revendications.

Enfin il y a, et c’est qui m’affecte le plus, la crainte du bouillonnement citoyen actuel. Chacun comprend que plus rien ne pourra être comme avant. Des implosions politiques sont en cours, des élus se demandent s’il pourront tranquillement renouveler leur mandat, d’affreux soupçons pèsent même sur ces trublions qui osent appeler un chat un chat. Je me suis surpris à me pincer en lisant certains commentaires sur les réseaux sociaux, en voyant certaines gènes, certains regards fuyants, certaines chaises vides.
Heureusement il y a le citoyen lambda. Celui qui ne supporte plus qu’une poignée de mafieux s’enrichissent en utilisant tous les moyens, en dilapidant les fonds publics, en bénéficiant de complicité. Combien d’hopitaux, combien de stades, combien de crèches, combien d’heures de formation aurions nous pu financer, collectivement, si ces sommes colossales n’étaient allée enrichir ceux qui jouent du réseau et de la menace. 
C’est cela qui est en jeu. L’éveil des consciences. Et que cela dérange n’est pas surprenant. C’est même encourageant.