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Délinquance générale, attentats et homicides en baisse, mais davantage de vols à main armée en 2013


le Mardi 28 Janvier 2014 à 22:31

Ce sont les grandes lignes qui ressortent du bilan de l’activité des services de Sécurité pour 2013 qui était présenté mardi à la Préfecture, en présence des représentants de l’ensemble des services réunis autour du préfet de Corse Christophe Mirmand. Des résultats satisfaisants dans les grandes lignes mais qui méritent toutefois d’être nuancés dans le détail. Tour d’horizon de ce rapport.



Le préfet de Corse Christophe Mirmand entouré des représentants des divers services de la sécurité, a présenté le bilan de l'activité des services, mardi matin en préfecture. (Photo : Yannis-Christophe Garcia)
Le préfet de Corse Christophe Mirmand entouré des représentants des divers services de la sécurité, a présenté le bilan de l'activité des services, mardi matin en préfecture. (Photo : Yannis-Christophe Garcia)
C’est un fait avéré en Corse : la délinquance générale connait une baisse régulière depuis 10 ans et reste maitrisée. En une décennie, cette dernière a baissé de 11% (17 000 faits en 2002) et cette baisse s’est poursuivie puisqu’elle est de 4,2% en 2013 (- 627 faits) pour l’ensemble de la Corse.
Bémol dans le détail puisque les atteintes aux personnes enregistrent une très faible augmentation, soit 0,4%. Ces chiffres encourageants dans la régression constante de la délinquance générale, trouvent leur explication dans la mobilisation importante de l’ensemble des services (police, gendarmerie, police technique et scientifique, etc.) dont la collaboration étroite est dirigée par service de coordination de la sécurité intérieure.

Ecoutez le préfet de Corse Christophe Mirmand évoquer le bilan de l’activité des services de sécurité en 2013
interview_du_prefet_christophe_mirmand.mp3 Interview du Préfet Christophe Mirmand.mp3  (1.63 Mo)


Les attentats et tentatives en baisse de 62% par rapport à 2012
Autre baisse notable, celle des attentats (et tentatives d’attentats) à l’explosif sur l’ensemble de l’île. Ainsi, au milieu des années 2000, on recensait une moyenne de 200 attentats par an. En 2012, il y a eu 78 attentats perpétrés et 9 tentatives. Enfin, en 2013, 21 attentats (et 12 tentatives) ont été perpétrés dans l’ensemble de notre île, soit une baisse de 62% (6 attentats et 5 tentatives en Haute-Corse et 15 attentats et 7 tentatives en Corse-du-Sud). Autre particularité, le constat d’une baisse présumée du nombre d’attentats liés au nationalisme insulaire, aucun attentat n’a en effet été revendiqué. A titre d’exemple en 2012, le rapport précise que sur les 87 faits relevés, 56 d’entre eux ont été revendiqués par le FLNC, soit 77% des attentats. Le reste relevant d’actes de droit commun.
Enfin, en 2013, sur les 33 faits recensés, 15 d’entre eux ont fait l’objet d’une saisine du Parquet antiterroriste de Paris. Le reste relevant de la compétence des parquets d’Ajaccio et de Bastia.

Homicides et « règlements de compte » en nette régression depuis 30 ans
Si notre île demeure une région où un nombre élevé d’homicides ont lieu et où règne une importante activité du grand banditisme, il n’en demeure pas moins qu’au regard de la situation sur les trois dernières décennies, les homicides et règlements de compte sont à leur plus bas (même si il est difficile d’exprimer  la situation en ces termes) niveau depuis 3 ans.   
Si l’on effectue un retour dans le passé, on dénombrait environ 40 à 50 homicides par an dans les années 1980. Depuis les 10 dernières années, ce chiffre est de 30 à 35 homicides par an. Ainsi en 2013, on a relevé 17 homicides (dont 12 « règlements de compte ») et 14 tentatives d’homicide (dont 7 « règlements de compte »), soit une diminution de 13,88% par rapport à 2012. Ces faits se répartissent de façon quasi identique entre la Haute-Corse (8 homicides et 7 tentatives) et la Corse-du-Sud (9 homicides et 7 tentatives).
Particulièrement importante en 2009 (22 homicides) et en 2010 (15 homicides), la part des « règlements de compte » constitue la conséquence d’affrontements entre clans rivaux sur fond de problématiques immobilières et de partages d’intérêts économiques dans certains secteurs sensibles (BTP, etc.).
A noter que les effectifs des services ont été renforcés au cours de l’année 2013 et que le travail coordonné des services (notamment via le Pôle économique et financier) a permis de saisir 6,55 millions d’euros d’avoirs liés à la criminalité (près de 32 millions d’euros entre 2008 et 2012).

Des réseaux de proximité et une consommation de stupéfiants en sensible augmentation
Concernant les stupéfiants, même si la Corse reste à l’écart des trafics internationaux et est épargnée des trafics de grande ampleur, la consommation locale de produits stupéfiants repose sur des réseaux de proximité et tend à augmenter. De plus en plus de jeunes insulaires se rendent en effet eux-mêmes sur le continent et dans des pays étrangers (Belgique, Pays-Bas, Espagne, etc.) pour aller acheter de la drogue.
En 2013, si les infractions à la législation sur les stupéfiants et le nombre de mis en cause sont relativement stables pour l’ensemble de la Corse (+ 0,3% et + 0,8%), les faits constatés en matière de trafic et de revente augmentent de près de 19%.
A titre d’exemple, à Ajaccio, il y a eu une augmentation de 25% des interpellations pour usage et/ou revente de drogue depuis 2012. Ce qui conduit les services de la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP) à investir encore davantage la voie publique, de jour comme de nuit.
Et ce, afin de prévenir les actes de violence dans le centre-ville et lutter contre les dégradations et le trafic de stupéfiants, notamment dans des secteurs davantage concernés par ces problématiques comme les Cannes/Salines et les Jardins de l’Empereur.

Bémol : Les vols à main armée et tentative en progression de 26% par rapport à 2012
S’il y a un bémol à mettre sur les résultats encourageants de ce bilan, c’est particulièrement en ce qui concerne les vols à main armée. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2013, il a été constaté une augmentation de 26% (12 faits et tentatives) par rapport à l’année 2012. Ainsi, 51 vols à main armée + 7 tentatives ont été perpétrés en 2013 (26 vols et 3 tentatives en Haute-Corse et 25 vols et 4 tentatives en Corse-du-Sud).
L’essentiel de ces vols et tentatives ont été commis au préjudice de particuliers (32), dont 13 affaires de home jacking et 10 affaires de car jacking (soit 56% des faits).
Les commerces de proximité ont également été la cible des malfaiteurs puisque 20 d’entre eux ont été visés, soit 35% des vols.
Ce taux reste toutefois bien inférieur à la moyenne nationale pour le même type de faits (44%).

Sécurité Routière : La Corse-du-Sud, mauvais élève avec une hausse des accidents, des blessés et des accidents mortels depuis 2012...
La saisie d’armes illégalement détenues est relativement stable depuis 2011 (265 saisies), avec 279 armes illégales saisies en 2012 et 243 en 2013.
Du côté de la Sécurité Routière, les chiffres jouent malheureusement au yoyo, malgré tous les efforts déployés par les services de Police et de Gendarmerie : entre 2012 et 2013, +15% d’accidents en Corse-du-Sud et - 20% en Haute-Corse.
Le nombre de tués au cours d’accidents de la route a augmenté de 13% en Corse-du-Sud entre 2012 et 2013 et a diminué de 5% en Haute-Corse.
Enfin, les blessés ont augmenté de 8% en Corse-du-Sud et régressé de 75% en Haute-Corse entre 2012 et 2013.
La Haute-Corse s’affirmant donc comme le bon élève dans la pratique d’une conduite responsable tandis que les chiffres de la Corse-du-Sud sont tous au rouge ! 

Immigration clandestine : 411 procédures traitées par la Police aux Frontières en 2013
Dernier volet de ce rapport, l’immigration clandestine. En 2013, ce sont 230 personnes en situation irrégulière en Haute-Corse qui ont été recensées par la Police aux Frontières (PAF). Sur les 230 personnes, 210 éloignements territoriaux ont été prononcés.
En Corse-du-Sud, ce sont 181 procédures qui ont été traitées par la PAF, qui ont conduit à 127 éloignements territoriaux. Une immigration illégale qui provient en grande partie des pays de l’Europe centrale et du Maghreb.
Dans cette lutte des services de la PAF contre l’immigration clandestine et ses réseaux en Corse, 39 employeurs de Haute-Corse et 29 employeurs de Corse-du-Sud ont été interpellés dans le cadre de la lutte contre le travail dissimulé.
A noter que désormais la loi a changé et qu’il y a eu une dépénalisation du séjour irrégulier depuis 2012. En clair, être en séjour irrégulier sur le territoire n’expose plus l’individu à une mise en garde à vue. C’est le principe de la retenue douanière qui la remplace, avec une procédure administrative qui fait interagir la PAF et l’autorité préfectorale.
C’est la favorisation du départ volontaire qui est privilégiée et les personnes concernées disposent d’un mois pour organiser elles-mêmes leur départ du territoire.
Une procédure d’étude des dossiers au cas par cas demeure pour obtenir une autorisation de séjour de la part des services de l’Etat.
Toutefois, la procédure de garde à vue demeure valable pour les personnes en séjour irrégulier uniquement s’il « existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’une personne a commis ou tenté de commettre un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement » (loi d’avril 2011).
En 2014, les efforts des services de la PAF se concentreront donc encore davantage sur la lutte contre les « trafiquants de migrants » (passeurs, etc.) qui sont l’un des maillons importants du processus d’immigration clandestine.

Yannis-Christophe GARCIA

Alain Rousseau, préfet de Haute-Corse, et Dominique Alzeari, procureur de la République à Bastia, ont également présenté les chiffres de la délinquance en Haute-Corse
Alain Rousseau, préfet de Haute-Corse, et Dominique Alzeari, procureur de la République à Bastia, ont également présenté les chiffres de la délinquance en Haute-Corse