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Cultura Viva : "Nous demandons de nouvelles assises de la culture"


Vanina Bruna le Mercredi 27 Novembre 2013 à 22:39

Cultura Viva a mis en ligne une pétition depuis le 25 novembre 2013 afin de demander à l'Assemblée de Corse et à son conseil exécutif de réunir de nouvelles assises de la culture.



Questions fonctionnelles

Cultura Viva est un collectif d'associations reconnues comme centre culturel. Sont inclus l'Aghja à Ajaccio, le théâtre Alibi à Bastia, le centre culturel Anima, le centre culturel Aria, Svegliu, Tavagna, Una Volta, l'espace Diamant et le centre culturel Voce. Le collectif demande à travers cette pétiton la réunion de nouvelles assises de la culture. Parallèlement à cette pétition, le collectif a sollicité ces derniers jours par courrier la présidente de la commission culture afin qu'elle reçoive les principaux représentants de ces centres culturels pour aborder, ensemble, les sujets qui les inquiètent.
Des questions fonctionnelles tout d'abord. Le budget alloué à la culture représente à ce jour environ 11 millions d'euros par an. Ces établissements étaient conventionnés jusqu'en 2012. A ce jour ils sont toujours bénéficiaires de subventions. Leur convention avec la collectivité territoriale leur permettait de voir leur fonctionnement "budgété" sur 4 ans, avec la garantie de voir 75% du montant total versé. A ce jour les conventions n'ont pas été renouvelées et les centres culturels travaillent sans filets. 
En effet, les commissions ont lieu en fin d'année et le fait que les demandes doivent être renouvelé chaque année ne leur garanti en rien le versement des subventions à la fin de leur exercice. L'Aghja par exemple, dirigé par Francis Haïqui a établi sa programmation 2013-2014 alors même que les subventions de la précédente programmation n'ont pas été totalement versé.
"Ce qui a changé c'est d'une part le calendrier des commissions et des versements, mais aussi les modalités de versement, précise Tony Casalonga en charge du Centre Culturel Voce à Pigna, Avant les commissions avaient lieu plusieurs fois dans l'année et les subventions étaient versées beaucoup plus tôt. A ce jour les subventions pour le fonctionnement de l'année 2013 n'ont toujours pas été versées. Nous ne savons pas quand cela sera fait. D'un point de vue pratique, cela implique que les associations doivent financer leur centre culturel en vivant à découvert, si tant est que les banques leur accordent. Imaginez ce que ça coute en agios pour ceux qui fonctionnent ainsi."
Les subventions sont donc versées en fin d'exercice. Toutes somme d'argent qui n'aura pas été utilisée avant la fin de l'année, sera autant d'argent que l'association ne recevra pas l'année d'après. En raisons des délais tardifs de versement l'association ayant réalisé son exercice sans connaitre le montant de l'aide perçue n'aura pas pu exploiter pleinement les moyens qui lui sont alloués. Ce qui entraînera une baisse de ces moyens l'année suivante qui elle entraînera une baisse de la qualité de programmation,et ainsi de suite, jusqu'au pire qui puisse arriver : la mort du tissu associatif culturel. 
Le collectif souhaite donc entamer la discussion afin que chacun puisse remplir sa fonction le mieux possible : les élus prennent les décisions et les acteurs culturels les réalisent sur le terrain. Ces associations souhaiteraient donc plus de clarté dans la politique culturelle de la collectivité. Si il devait y avoir des restrictions budgétaires effectives qu'elles soient annoncées afin que les associations puissent adapter leur activité en fonction. Le collectif demande plus de transparence et une meilleure gestion de toutes les lenteurs administratives et demande des prises de décisions plus rapides et des délais de paiement moins longs, afin de pouvoir continuer à proposer une programmation culturelle de qualité, afin de redonner à la culture sa place dans le développement durable.

Politique générale de la CTC

Cultura Viva : "Nous demandons de nouvelles assises de la culture"
Dans les faits, renseignements pris, la commission se serait réunie lieu la semaine dernière et les versements devraient suivre dans la foulée. Ce qui a changé aussi au niveau du subventionnement, c'est qu'auparavant, une subvention était acceptée, cela entrainait un arrêté avec versements des subventions dans leur totalité. Aujourd'hui, lorsqu'une subvention est accordée, la collectivité territoriale verse 50% puis le reste est versé sur présentation des justificatifs. Cela permet un contrôle plus poussé de l'utilisation de la somme.
Alors la collectivité territoriale fait elle des économies sur le dos de la culture?
Le président du Conseil Exécutif, a rédigé son rapport sur les orientations budgétaires 2014 de la collectivité territoriale de Corse. Ce rapport tente d'expliquer la politique locale par rapport au contexte national, et défini les orientations qui ont été choisies dans différents domaines prioritaires.
Il en ressort donc que dans le contexte national, le projet de loi de finances pour 2014 est bâti sur une hypothèse de croissance de 0.9%. Pour ce faire, l'effort principal a été porté sur la réduction des dépenses publiques en priorité, en les réduisant de 15 millions d'euros (9 millions pour l'Etat et les collectivités territoriales et 6 millions pour la sécurité sociale), l'objectif étant de répondre à l'urgence  de mobiliser les forces au service de l'emploi et de la justice sociale. Ce projet initié à l’été 2012 prévoit une amputation du budget des collectivités de 1.5 milliards d'euros pour retour à l'équilibre des comptes publics en 2017.
Au niveau local cela implique de la rigueur dans la gestion, comme dans toutes les autres régions. On peut parler selon le président du Conseil Exécutif de "reprise modeste" ou encore de "sortie de crise fragile". Les créations d'entreprises stagnent, le chômage est en hausse, les ventes immobilières sont en baisse aussi, la fréquentation touristique quant à elle reste stable. Le budget de la CTC s'appliquera donc a essayer de respecter ses engagements en élaborant un budget porteur et non de rigueur. Cependant les recettes étant en baisse, il existe une nécessité de réduire les dépenses publiques.
L'objectif au niveau local sera donc de diminuer les aides aux tiers, d'inscrire un emprunt d'équilibre de 25 millions d'euros pour financer les programmes d'investissement pluriannuels dans le domaine ferroviaires, des ports, et des constructions universitaires et le dégagement d'un niveau d'autofinancement de 105 millions d'euros avec le souci de le maintenir. Ce rapport définit donc des grandes orientations par domaine : dynamiser le développement économique et l'emploi, promouvoir le développement durable, favoriser la cohésion sociale et territoriale et construire un aménagement du territoire équilibré.

Politique culturelle : De la théorie à la pratique

Alors concrètement, quelle place pour la culture dans ces grandes orientations?
La culture se situe dans le domaine de la cohésion sociale. Plusieurs projets sont à l'étude pour 2014.
Tout d'abord la création d'une scène nationale de la Corse, la création d'une sorte de label qui permettra d'accompagner le développement d'une production artistique insulaire aux moyens renouvelés.
Dans la théorie il s'agit d'offrir aux populations urbaines et rurales une programmation élargie, diversifiée et pluridisciplinaire avec des artistes reconnus ou non, en mutualisant de nombreuses dépenses.
Dans la pratique, une charte a été rédigée incluant divers centres culturels de Corse (aucun sur Ajaccio). Le risque pour les centres culturels subventionnés est que la CTC soit la seule a subventionner ce projet, il y aurait donc moins d'argent pour les projets indépendants de ce "label". Au vu du contexte global défini ci dessus et des projets spécifiques qu'à choisi de développer la CTC dans le choix de ses orientations budgétaires pour l'année 2014, le risque pour les centres culturels est donc bien réel de voir diminuer leur capacité à organiser des événements culturels de qualité en comptant sur le seul subventionnement de la CTC. 
Le deuxième chantier auquel va s'atteler la CTC pour 2014 concernera la diffusion de la formation artistique proposée sur notre île avec un partenariat avec les écoles, et la mise en réseau des écoles de associatives, pour que des le plus jeune âge on favorise une certaine égalité des chances d'accès à la culture et aux pratiques culturelles notamment à la musique.
Vastes chantiers. Mais comment ont été évalués les objectifs mis en place les années précédentes?(http://www.corse.fr/L-action-culturelle_a476.html)
Et sur quels critères ont été définis les nouveaux?
La politique culturelle est-elle réellement une priorité dans un contexte de crise généralisée ou essaie-t-on seulement de sauver les apparences?
Le collectif Cultura Viva souhaiterait entamer un dialogue pour être pleinement acteurs de la politique culturelle, pour que les acteurs puissent apporter au décideur un point de vue ancré dans la réalité afin que les décisions amènent réellement des résultats et pas seulement des manifestations médiatisées de quelques jours qui serviraient de façade pour assurer la persistance de la culture au sens large sur notre ile.
Sa première demande est une demande d'information, des acteurs culturels d'une part, mais aussi de la population, parce que la place que l'on accorde à la culture dans une société est souvent révélatrice de son degré d'évolution. Parce que la culture ça n'est pas réservé à une élite et doit être accessible à tous, du coté des spectateurs comme du coté des acteurs. Parce qu'être un acteur de la vie culturelle c'est aussi prendre sa responsabilité de citoyen en se positionnant dans une certaine vision du monde et en ayant la volonté de la partager pour pallier à la violence par exemple. 
Pour signer la petition, rendez vous ici: http://www.petitions24.net/cultura_viva
bruna.corsenetinfos@gmail.com