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Croisières : tourisme idéal... et pollution


Jacques RENUCCI le Dimanche 16 Juin 2019 à 20:01

Les vacances en mer sont en pleine expansion, avec un public de plus en plus jeune. Mais cela ne fait pas oublier les problèmes de pollution qu'engendre ce loisir



Croisières : tourisme idéal... et pollution

En 1964, le chanteur italien Gino Paoli interprétait Lacrime di Sale. Cette chanson langoureuse illustre aujourd'hui la publicité d'un croisiériste, où Pénélope Cruz est une sirène qui choisit de quitter la mer pour un navire de croisière... Voilà bien l'image que ce commerce veut donner : une attractivité basée sur une ambiance élitiste et un indéniable côté glamour.
Cette image ne correspond plus tout à fait à la réalité. Car la croisière, portée par une croissance favorable avec 25 millions de voyageurs par an, s'est démocratisée. C'est, si l'on peut dire, le luxe à la portée de tous, avec une échelle de prix variant de 150 euros à 130 000 euros. Longtemps, les chambres de commerce ont présenté comme des prises de guerre le choix d'un de leurs ports comme escale. Aujourd'hui, elles s'interrogent : si un croisiériste moyen dépense à terre entre 50 et 100 euros, cela justifie-t-il le poids en pollution de cette visite – les vapeurs d'hydrocarbures étant autrement plus nocives que les particules portées par le sirocco ? En fait, le vrai intérêt commercial existe lorsqu'une ville est choisie comme point de départ d'une croisière, ce que l'insularité ne permet malheureusement pas. Les voyageurs arrivent en avance, et cela fait marcher les hôtels et les restaurants du lieu. A Marseille, première destination française et parfois port initial, les retombées sont estimées à 340 millions d'euros, dont 100 millions de cash en ville.



Une clientèle rajeunie

Les « vacances sur l'eau » sont devenues un concept d'avenir, avec une croissance de 9% par an en moyenne. Les riverains devront prendre leur mal en patience en attendant les carburants propres – dont on promet l'obligation en Méditerranée et qui sont déjà imposés en Mer du Nord ou sur les côtes américaines. Car, fait aggravant, la vocation « découverte » de la croisière impose une navigation près des côtes (on se souvient du Costa Concordia)... En 2017, les 260 navires de croisière répertoriés en Europe ont rejeté dans l'atmosphère 60 000 tonnes d'oxyde de souffre, soit l'équivalent des 260 millions de véhicules que compte l'Union. Pourtant, la prise de conscience existe, mais les moyens manquent tant au niveau économique qu'à celui de la  décision. L'électrification des quais, par exemple, fonctionne pour les ferries, mais les besoins des géants des mers sont trop considérables pour cette solution. Les armateurs croisiéristes aussi sont prêts à y mettre du leur... pour peu qu'on les y oblige. Ils montrent leur bonne volonté en commandant des navires plus petits, tout en sachant que leur activité n'en pâtira pas.


Pourquoi ? Parce qu'il souffle sur le concept un vent de jeunesse, particulièrement en ce qui concerne la Méditerranée. Il y a six ans, l'âge moyen des croisiéristes était de 56 ans. Cela change de façon spectaculaire. Ainsi, 500 000 Français partent en croisière chaque année. Sur cet ensemble 130 000 ont moins de 40 ans.
En somme, ce loisir « déringardisé » pourrait apparaître idéal, s'il n'avait ses à-côtés environnementaux négatifs.