Au fil des années, Valérie a su diversifier son offre pour s’adapter aux nouvelles tendances. En plus des incontournables pelotes de laine, fils à coudre et boutons, elle propose aujourd’hui un rayon de vêtements de seconde main, très en vogue, ainsi que des articles neufs comme des blouses et chemises de nuit. « J’ai ici tout ce qu’il faut à une couturière professionnelle ou amatrice pour réaliser des vêtements et accessoires en laine », précise-t-elle, non sans une pointe de fierté. Le succès du crochet auprès des jeunes la surprend encore : « Ce n’est plus l’apanage de nos grands-mères, il connaît un énorme succès auprès des jeunes. »
Parmi ses clients fidèles, Valérie compte désormais de nombreuses étudiantes qui laissent libre cours à leur créativité. Elle se souvient particulièrement d’un jeune étudiant en Arts Plastiques qui a confectionné des vêtements d’une beauté remarquable, au point d’être exposés à l’université. « Avec du vieux (le crochet), on peut faire du neuf ! », sourit-elle, citant un adage corse.
Malgré cette dynamique créative, la mercerie U Ditale subit de plein fouet la concurrence d’internet. « Beaucoup de Cortenaises m’ont abandonnée, tout comme l’atelier de couture de Corte », déplore Valérie. Elle constate avec amertume que les prix en ligne sont souvent plus élevés que les siens, pour une qualité inférieure. « À ce rythme, on va même acheter son pain en ligne », ironise-t-elle, désabusée par cet engouement.
Conseillère avisée pour celles et ceux qui souhaitent se lancer dans la couture ou le tricot, Valérie reconnaît toutefois ne pas être une pédagogue : « Je ne donne pas de cours. Les jeunes apprennent surtout sur des sites comme YouTube avant de venir chercher des conseils complémentaires chez moi. »
Malheureusement, après des décennies de service, Valérie se résigne à passer la main : « Ce n’est plus rentable », confie-t-elle. Les travaux de réfection de la Rampe Pozza ont compliqué l’accès à sa boutique en supprimant l’arrêt-minute, essentiel pour une clientèle souvent en voiture. Malgré une annonce passée sur le site de TF1 SOS Village, les contacts n’ont pas abouti. « J’aimerais bien que la mercerie continue à vivre », espère-t-elle. Pour l’instant, elle reste dans l’attente, guettant le jour où, par un improbable retournement de situation, les passionnés délaisseraient les achats en ligne pour revenir à ce commerce de proximité.