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CGT de la Poste de Haute-Corse : "Nous voulons des discussions sincères avec la direction"


Philippe Jammes le Mardi 27 Décembre 2022 à 17:18

A l’heure où les postiers vont retrouver un peu de calme après les milliers de colis distribués sur notre île, Stéphane Romiti, secrétaire général de la CGT La Poste pour la Haute-Corse, a fait le point pour CNI sur les grands enjeux du syndicat pour 2023…



Stéphane Romiti (à gauche) et les postiers inquiets pour leur avenir
Stéphane Romiti (à gauche) et les postiers inquiets pour leur avenir

- Stéphane Romiti, tout d’abord un retour sur les récentes élections professionnelles …
- À l’issue des élections du 8 décembre, la CGT demeure la 1re organisation syndicale à La Poste et progresse même. Nous avons obtenu 48,12% des suffrages, soit 4 points de plus par rapport à 2021. Le STC avec 29,8% perd 0,5 point, FO, 13,59%, perd 2,6 points et la CFDT avec 7,92% régresse de 1,4%. Aujourd’hui la CGT est une véritable force avec 5 élus contre 3 au STC. Il faut savoir qu’avec plus de 1 400 salariés, La Poste est le 1er employeur de Corse.


- Vous étiez à Paris pour la NAO, Négociation annuelle obligatoire, une grande première pour la Corse ...
- Effectivement, nous avons participé pour la première fois à une délégation nationale à Paris, au siège de La Poste. On a ainsi pu aborder la question de la cherté sur l’île. La direction de La Poste a admis la spécificité de la Corse et se dit prête à nous recevoir. Nous sommes en attente d’une date. Aujourd’hui nous revendiquons une prime de vie chère, la prime ITRC (ndlr : indemnité de trajet région corse), la revalorisation de la prime de transport, elle ne l’a plus été depuis 2012, et son extension aux retraités. Ceci est d’autant plus d’actualité que nous sommes la région qui compte le plus de véhicules motorisés par habitant : 560 pour 1 000 habitants contre 530 en PACA et 421 en Île-de-France. Ces revendications sont aussi justifiées par les coûts exorbitants des transports en Corse avec une hausse allant jusqu’à 60% par rapport à 2021. Ne parlons pas du prix de l’essence qui est supérieur de 11 centimes d’€ par litre par rapport au continent avec pourtant une TVA inférieure de 7%. Concernant l’alimentation, malgré une réfaction de 30% sur les produits alimentaires, son coût est plus élevé en moyenne de 10% ici. Cette question des prix ne peut d’ailleurs pas être détachée de celle des salaires. En Corse, nous avons les salaires les plus bas de France, DOM/TOM compris et le taux de précarité le plus élevé. Chez nous, près de 20% de la population vit au niveau du seuil de pauvreté. Voilà pourquoi aujourd’hui nous avons toutes les raisons de demander l’ouverture de discussion avec la direction.


- Vous avez initié une pétition aussi ...
- Près de 700 agents de La Poste en Corse ont signé la pétition de la CGT qui demande l’attribution à tous les postiers de l’île, comme c’est le cas depuis 2009 pour tous les autres salariés de l’île, de la prime ITRC, une indemnité mensuelle de vie chère de 200€ et une prime de 2500€ pour tous au titre de rattrapage pour les années 2020 et 2021, enfin la revalorisation de la prime de transport et son extension aux retraités.


- Ça coince aussi au niveau de la réorganisation de La Poste en Corse ...
- Nous sommes déjà très inquiets du projet de regroupement des centres de tri. Il n’y aurait ainsi plus qu’un centre de tri en Haute-Corse, qui selon nos renseignements serait construit à Biguglia. Cette réorganisation aura, nul n’en doute, un impact social. Une nouvelle donne aussi avec la nouvelle gamme de courrier et la priorité désormais pour la direction de favoriser le timbre vert, la distribution J+3. Ce qui aura indubitablement un impact sur l’acheminement du courrier. On parle aussi de plus en plus de suppression des liaisons aériennes. Même si pour l’instant la Corse semble épargnée. Mais pour combien de temps ? D’actualité aussi, la suppression de l’UDIP à Ajaccio et Bastia, ce qui aurait là aussi un impact sur la distribution et une soixantaine d’emplois menacés.


- Des menaces de grève ?
- Aujourd’hui ce que nous demandons ce sont des négociations sincères avec une mise sur la table de tous les dossiers. Des réunions sont prévues entre nous, des rassemblements aussi. Fait ultime, la grève. Mais ce serait alors un constat d’échec.