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Bastia : Une semaine pour parler de la gestion environnementale des aires maritimes protégées


Philippe Jammes le Mardi 10 Décembre 2019 à 18:12

Ce mardi matin s’est ouvert à l’auditorium du musée de Bastia un congrès sur les aires marines protégées et les pratiques récréatives de nature qu'on peut y pratiquer.

Ce colloque est la restitution des travaux menés dans le cadre du projet « Inventaire et gestion des pratiques sportives et de loisirs sur les littoraux métropolitains français : une analyse comparative », soutenu depuis 2016 par la Fondation de France, qui a dressé un état des lieux sur chaque site des pratiques sportives sur 9 aires marines dont 3 se trouvent en Corse.



Piloté par l’UMR « Lieux, Identités, eSpaces & Activités » de l’Università di Corsica, cette recherche regroupe une équipe de 13 chercheur(e)s : sociologues, historiens, géographes, géomaticiens et juristes.
Ces derniers ont investi, selon une logique scientifique d’interdisciplinarité, 9 terrains d’études sur lesquels se situent des aires marines protégées aux statuts et aux histoires différents.
«Après quatre années de terrains, la logique comparative tout comme les résultats obtenus nous ont conduit à envisager, tout en gardant le même état d’esprit, un format quelque peu différent dont le Congrès « Littoraux, Aires Marines Protégées et pratiques récréatives de nature » est le résultat » explique Ludovic Martel, maitre de conférence à l’Università di Corsica, membre du comité d’organisation.

«Depuis 2016, un groupe de chercheurs étudie neuf espaces protégés du littoral métropolitain français et leur gestion des sports de nature : la mer d’Iroise, la côte normande-bretonne, le golfe du Lion, le bassin d’Arcachon, les estuaires Picards – Mer d’Opale, la côte Basque, le parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate, les Bouches de Bunifaziu et la réserve naturelle de Scandola. Objectifs : donner des clés de compréhension et des outils aux gestionnaires de ces sites pour trouver des équilibres entre le développement économique et la préservation de l’environnement ».

Avec 3 zones, la Corse occupe une place centrale dans ce programme de recherche. «Il s’agit de comparer les modes de gestion de ces zones en observant notamment l’intégration des pratiques sportives de nature et leur représentativité au sein des différents organes de gouvernance » explique encore Ludovic Martel.

Les chercheurs ont établi des comparaisons sociologiques et juridiques à propos des gouvernances des trois types d’aires marines protégées concernées par ces travaux : les réserves naturelles, les parcs naturels marins et les zones Natura 2000. Dans le cadre de leurs enquêtes de terrain, les scientifiques ont rencontré les nombreux acteurs des différents territoires et dressé un état des lieux sur chaque site en réalisant notamment l’inventaire des pratiques sportives et de loisirs présentes sur les littoraux.

Au-delà de la pluralité des profils des pratiquants, ils ont pu observer des configurations locales variées et également les évolutions des activités maritimes : si le kite surf, le stand up paddle, le longe côte, le wake-board, le JetLev Flyer, le surf électrique ou encore le motonautisme figurent parmi les plus prisées, à l’instar du VTT, des randonnées pédestre, équestre et asine, quad et 4×4 sur les sentiers littoraux , d’autres pratiques plus anciennes comme la plongée restent encore convoitées. En revanche, d’autres activités, comme la planche à voile, très en vogue à la fin des années 1980, sont aujourd’hui en déclin. 

«Ce travail de recensement nous a permis de construire une base de données et de comparer la présence de ces activités et la place qu’occupent leurs représentants dans les organes de gouvernance des différents sites » précise Johan Jouve, ingénieur d’études au CNRS en sciences de l’information géographique. «La finalité est de donner une vision d’ensemble aux gestionnaires de ces espaces labellisés afin de mieux prendre en compte ces activités dans leur processus de gestion ». Pour les gestionnaires des parcs naturels marins, réserves naturelles et sites Natura 2000 le fait de pouvoir s’appuyer sur des scientifiques pour disposer d’une grille de lecture sur les activités de loisirs sur le littoral et en mer est d’ailleurs un atout de taille. «Une meilleure connaissance spatiale et quantitative de ces pratiques permet d’aiguiller nos actions en matière de gestion de nos espaces protégés » souligne Maddy Cancemi, directrice déléguée  du parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate. «Par exemple, si une activité de loisirs se développe contre le bon état de conservation du site, nous pourrions être amenés à la réguler. Ces travaux scientifiques créent des indicateurs et des outils qui peuvent être d’ailleurs, transférables à d’autres espaces protégés ». Le fruit de ces recherches exposé lors de ce congrès a permis d’établir une base de données qui sera mise à disposition des gestionnaires des neufs sites. Un ouvrage collectif suivra.


CNI a suivi la 1ère journée de ce congrès
 
*Programme du congrès

Jour 1 : Mardi 10 décembre 2019 : Workshop « Inventaire et gestion des pratiques sportives et de loisirs sur les littoraux métropolitains français : une analyse comparative ».
 
Jour 2 : Mercredi 11 décembre 2019 : Ateliers techniques « Observer les pratiques et les usages littoraux ».

Jours 3&4 : Jeudi 12 et vendredi 13 décembre 2019 : Colloque scientifique « Les usages récréatifs de nature à l’épreuve des territoires. Le cas des littoraux »