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Bastia : Mission accomplie pour Libri Mondi


Laurent Hérin le Dimanche 15 Septembre 2019 à 13:03

Cette première journée des rencontres littéraires de Bastia, devenues un rendez-vous incontournables, a une nouvelle fois prouvé que Libri Mondi savait s’adresser avec humilité et simplicité aux néophytes comme aux connaisseurs.



Il est 18h30 ce samedi après-midi dans les jardins suspendus du Musée de Bastia. Sébastien Bonifay, président de ces rencontres littéraires, souriant et décontracté prend le micro pour annoncer le 3e invité du jour. Il précise immédiatement : « la chance que nous avons de recevoir un auteur comme Iain Levison, totalement insaisissable ! »
Le débat est animé par Bénédicte Giusti accompagnée d’un interprète. Dès les premières questions, le ton est donné : pas de langue de bois. L’auteur est intarissable et plutôt pessimiste sur les sujets politiques et sociaux – Donald Trump et Boris Johnson en prennent pour leur grade – ou sur la scolarité aux Etats-Unis. Il dénonce cette société à deux vitesses, la différence entre les pauvres et les riches et capte l’assemblée avec ses anecdotes toujours croustillantes, comme son expérience dans l’armée de Sa Majesté pour faire la chasse au trafic de drogue…plutôt qu’aux trafiquants !
Bénédicte précise qu’il y a « beaucoup de noirceur et de pessimisme dans [ses] livres mais aussi beaucoup d’humour ». La réponse de Iain Levison déclenche des sourires : « Je dois être en colère mais je n’en suis pas sûr. Je ne suis pas toujours en adéquation avec mes sentiments ! » Il poursuit : « J’ai fait l’expérience de boulots affreux, il y avait des moments marrants, j’essaye d’exploiter ça. Je ne pense pas faire de littérature engagée, j’ai juste un point de vue différent. »
 
Dans son dernier livre, Pour Service Rendu aux éditions Liana Lévi, il revient sur le traumatisme du Vietnam : « Cette guerre est le début du déclin de l’Amérique, dit-il, la fracture politique de l’époque se prolonge encore aujourd’hui. Le Vietnam a mis fin à quelque chose, il a divisé la nation. »
Les hommes politiques ne sont pas épargnés : « Toutes ces personnes qui se disent être des gens biens aussi, mentent souvent, cachent quelque chose. C’est comme ces mouvements contre les gays, il y a souvent des gays refoulés. Certains sénateurs américains prônent la moralité alors qu’ils sont immoraux. Mais le mensonge ne dure jamais longtemps. »
 
Bénédicte l’interroge sur les femmes et la représentation qu’il en fait dans se romans. « C’est la question que me pose ma maman ! » s’exclame-t-il alors qu’il déclenche les rires du public.
Sur son style, il avoue : « mes romans changent beaucoup au cours de l’écriture. Je commence avec une idée puis les personnages prennent vie et je me laisse porter par les situations qu’ils vivent. »
Les deux dernières questions reposent sur l’industrie de l’édition US qui, pour lui est « un désastre. Il est impossible d’écrire une histoire d’adultes à moins de faire partie du cercle littéraire de Brooklyn. Heureusement qu’il existe des éditeurs en France qui nous font confiance » et sur le cinéma « il y a déjà eu deux adaptations de mes romans au cinéma – Arrêtez-moi là et Un petit Boulot, NDLR – et, avec un peu de chance, ils vont tous être adaptés ! » La rencontre se termine et le public conquis se dirige vers la séance de dédicace qui prolonge les échanges.
 
 
Libri Mondi se poursuit ce dimanche avec :
15h30, rencontre avec François Médéline
17h, rencontre avec Hannelore Cayre
18h30, rencontre avec Paul Lynch

Rencontre avec un président heureux

« Quelle journée ! s’exclame Sébastien Bonifay, le président de Libri Mondi, quand on le rejoint à l’issue de la rencontre. Je vous avoue que vers 14 heures j’avais encore quelques doutes. Sur le monde, sur le déroulement. Là où l’an dernier, nous avons fait venir des « noms » – prix Goncourt, Renaudot, Femina, NDLR – nous avons misé cette année sur des auteurs moins connus du grand public, ce qui fait de cette édition un cap. On se rend compte que les gens nous ont fait confiance sans forcément connaître les invités.
« Le public a de nouveau répondu présent – plus de 100 personnes à 15 heures –, ainsi que les partenaires comme la Brasserie Pietra, le Domaine Marengo ou encore Raphael Poletti qui nous fait le plaisir de venir faire de superbes photos. On a vraiment l’impression que ça leur plait d’être ici, avec nous. Ces partenaires, ces amis et tout ce public. »
Comme pour illustrer les propos de Sébastien, un couple s’arrête pendant l’interview pour le saluer et le remercier : « C’était super, merci. Quel moment ! Vraiment, merci. » À l’image de ce vieux monsieur quelques minutes plus tôt venu le saluer et le remercier alors qu’il ne voulait pas venir : « c’est mon petit fils qui m’a entrainé ici. Je ne pensais pas rester mais je suis là depuis 15 heures et je me suis vraiment régalé. Merci » raconte Sébastien Bonifay avec une pointe d’émotion dans la voix.
De l’émotion, mais également de la fierté, bien méritée. Celle de réussir, avec toute son équipe, de très belles rencontres, accessibles, loin des mondanités qui accompagnent habituellement ce type de manifestation.
Libri Mondi donne envie aux gens de lire : mission accomplie !