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Avant la visite d’Emmanuel Macron - François Martinetti : « Nous attendons un accord politique fort avec l'État »


le Lundi 25 Septembre 2023 à 20:07

Alors que la visite d’Emmanuel Macron en Corse en milieu de semaine pourrait déboucher sur une séquence politique importante, le secrétaire national de Femu a Corsica pose les attentes du parti vis-à-vis de celle-ci



Avant la visite d’Emmanuel Macron - François Martinetti : « Nous attendons un accord politique fort avec l'État »
- À quelques heures de la visite présidentielle, quelles sont les attentes de Femu a Corsica ?
- Aujourd'hui, nous sommes à un point de bascule historique. Nous attendons une parole forte de la part du Président de la République pour répondre aux attentes du peuple corse représenté par ses élus à l'Assemblée de Corse. Avec la délibération du 4 et 5 juillet, l'Assemblée a voté à plus de 73% pour un projet d'autonomie pour la Corse avec un titre, avec une autonomie législative, avec la reconnaissance du peuple et de ses intérêts, la co-officialité et le statut de résident, mais aussi une notion de progressivité en termes de compétences qui seraient données. Donc une réponse sur le court terme déjà et une réponse aussi aux attentes de la démocratie corse qui, depuis au moins dix ans, s'est exprimée assez largement pour des listes soit autonomistes, soit indépendantistes, notamment les élections territoriales de 2021, où quasiment 70 % des Corses se sont exprimés pour ces listes- là. Donc une réponse pour enfin construire un chemin de paix et de réconciliation entre la République française et la démocratie corse.
 
- Une rencontre doit se tenir ce mardi à Corte entre les trois partis nationalistes de l'Assemblée de Corse. Quel est le but de celle- ci ?
- Nous avons tout simplement répondu à l'invitation de Core in Fronte qui voulait cette réunion de concertation avant qu’Emmanuel Macron n’arrive. Depuis plusieurs mois maintenant, nous appelons à la fois à la convergence des forces patriotiques et en même temps à l'élargissement de ce cercle pour construire une solution d'avenir. Donc nous répondons de manière très positive à l’invitation de Core in Fronte, mais on ne se refuse pas non plus la possibilité de discuter avec d'autres, comme Pierre Ghionga et d'autres forces nationalistes, en particulier Corsica Libera.
 
- Lors de son déplacement à Ajaccio il y a quelques jours, Gérald Darmanin avait aussi appelé à trouver un consensus plus large qu’à la seule famille nationaliste. Quid des discussions avec la droite ? 
- Nous avions invité les élus de droite, avec Femu a Corsica, à notre rentrée politique qui s'était déroulé à Aleria et ils ne sont pas venus. Nous appelons sans cesse, évidemment, à la recherche de points d'équilibre, mais cela n'est pas la compromission. Aujourd'hui, il y a une seule proposition sur la table qui a été validée, c'est celle des du 4 et du 5 juillet dernier. La proposition de la droite n'a pas été validée par l'Assemblée de Corse. Trouver des points d'équilibre, ce n'est pas non plus l'adaptation législative qui existe déjà aujourd'hui avec les différents statuts de la Corse. L'adaptation législative ne marche pas, c'est d'ailleurs le ministre Darmanin qui l’a dit lui- même : 41 demandes d'adaptation législative depuis les années 80, aucune adoptée. Aujourd'hui, les points d'équilibre peuvent se trouver sur le pouvoir législatif, sur les compétences, sur la progressivité des compétences qui sont d'ailleurs inscrites dans la délibération. Mais en tout cas, s’il faut trouver des points d'équilibre, pour nous cela ne revient pas renier ce que l'on a voté avec tout ce qui concerne les problèmes fonciers en Corse sur lesquels il faut trouver une solution rapide, et bien évidemment toutes les questions linguistiques. Donc il faut rechercher des points d'équilibre, mais soyons d'accord, le point de départ de la discussion c'est la délibération du 4 et 5 juillet.
 
- Gérald Darmanin a porté la voix de l’ensemble de la société corse. Pensez-vous que cette délibération reflète celle-ci ?
- Depuis mars dernier, avec Femu a Corsica, nous avons fait ce que nous avons appelé les « giri citadini è paisani ». C'est- à- dire que nous sommes allés, parfois jusqu’à deux ou trois fois par mois, sur le terrain, à la rencontre des acteurs, des maires, des associations, des citoyens. Nous essayons à la fois de les écouter, d'écouter leurs attentes et en même temps de tracer une feuille de route et de faire de la pédagogie sur ce que va apporter l'autonomie au quotidien pour les Corses. Maintenant, dans l’après, au niveau de la consultation des citoyens, des associations et tout le reste, il y aura une campagne référendaire, en tout cas, c'est ce que nous nous voulons. Aujourd’hui nous attendons un accord politique fort avec l'État et derrière cela, nous voulons engager une campagne de référendum pour convaincre encore plus et montrer que ce projet est adoubé par les Corses. Ensuite, recueillir les 3/5èmes du Parlement cela viendra après. Nous, nous pensons que le point numéro 1, c'est l'accord politique, nous espérons que le Président le fera dès ce jeudi en Corse et dans la foulée le référendum et, bien évidemment, une campagne pour convaincre les Corses que l'autonomie va permettre à ce petit peuple de la Méditerranée de survivre et en même temps de répondre aux problèmes du quotidien que connaissent nos compatriotes.