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Antoine-Marie Graziani : « 1764 est une année charnière pour la Corse et pour Pasquale Paoli »


Philippe Peraut le Mardi 26 Février 2019 à 12:15

Historien très renommé, auteur de nombreux ouvrages sur la Corse, Antoine-Marie Graziani donnait, ce lundi à l’Espace Diamant d’Ajaccio une conférence sur son dernier ouvrage publié aux éditions Alain Piazzola « Correspondances de Paoli » de 1764 à 1765. Plus de 300 lettres qui nous permettent d’en savoir plus sur cette période de l’histoire de l’île. Il s’agit du septième volume recensé par l’auteur depuis 2001 et toujours relatif à ce personnage emblématique de la Corse. Un volume sur lequel l'historien revient...



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Quel était le but de cette conférence ?
Elle portait sur  la question géopolitique c’est-à-dire le changement avec les Français et les Anglais en arrière-plan. Les Français se posent, à cette époque, la question d’une intervention militaire en Corse. De son côté, Paoli se pose la même question. Avec en arrière-plan les Anglais. Vont-ils laisser les Français intervenir ou non. Or, Paoli est persuadé qu’à la suite du traité de Paris de 1763, ils n’oseront pas intervenir. Il y a une erreur de lecture de sa part mais il est poussé dans cette idée par ses proches, notamment Carlu Rostini. On assiste aussi à une gestion nouvelle de la Corse dont 95% est  aux mains des Paolistes et 5% de troupes françaises qui remplacent les Génois. C’est une nouveauté politique et Paoli doit rester méfiant. Nous sommes en 1764 et il n’y a plus un soldat génois en Corse mais les troupes françaises s’installent, peu à peu, dans les villes.

Comment la situation évolue-t-elle ?
D’autres problèmes viennent se greffer notamment la question d’alimenter ces troupes françaises. Sur ce point, Paoli veut continuer sa politique de blocus des présides. Ensuite, il change de cap et  met en place un système de marché en lisière des villes à l’exception d’Ajaccio avec qui il a un rapport particulier. On ouvre des marchés pour les troupes françaises ce qui permet à Paoli de régler, finalement, un problème important, celui des villes et de l’intérieur. Il se pose la question d’arranger les rapports entre paolistes et gens des présides, ce qui permet de franchir le pas. C’est la raison pour laquelle le livre s’intitule « Nous sommes tous corses, fils de la même patrie. Et Paoli justifie tout cela évoquant une République commune à tous.

Cette année 1764 est-elle importante dans l’histoire de la Corse ?
C’est une année charnière pour la Corse et pour Pasquale Paoli. Il se rend compte qu’il ne pourra pas conquérir les présides, que le problème des Français débute, il va durer quatre années et préfigurer la suite. On note, aussi, une espèce de gestion particulière des Français. Ils vont demander à Paoli de se retirer avec son frère Clément en échange d’un régiment. Clairement, ils essayent de l’acheter car c’est un personnage charismatique. C’est, du reste, dans la continuité du passé puisque le Pape, les Espagnols, les Génois, ont tous essayé d’en faire de même. Mais Paoli reste fidèle à lui-même, il ne songe qu’à bâtir la République Corse.

Ce volume est-il particulier en termes de correspondances ? Que retrouve-t-on au juste ?
Ce sont des lettres, plus de 300 entre 1764 et 1765 envoyés à des anciens personnages rencontrés dans les volumes précédents comme Casabianca ou Salvini. On y retrouve aussi de nouveaux personnages tels Marbeuf ou Choiseul. C’est toute la géopolitique de Paoli que l’on entrevoit dans ces lettres. Ce volume est la suite d’une série débutée en 2001 avec l’année 1749. On s’efforce de reconstituer la série la plus complète possible jusqu’en 1807, date de la mort de Paoli. Il y a encore beaucoup de travail…