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A la rencontre de la diaspora à Marseille


Catherine Chazeau le Lundi 17 Avril 2017 à 19:00

Beaucoup de corses ont fait le choix de s’installer à Marseille tout en gardant un lien avec leurs racines. Au fil des années Marseille est devenue la première ville corse, et les échanges qui se font de part et d’autres de la Méditerranée permettent un enrichissement mutuel. Regard croisés de 4 corses installés à Marseille, issus du monde associatif, médical, culturel et juridique sur les opportunités qu’offre la cité phocéenne.



Mathieu Piazza, 34 ans, Président d’association Casa Corsa« Ouvrir le champ des possibles pour la culture et les acteurs corses »
Originaire du Cap corse et ayant grandi à Ajaccio, Mathieu Piazza est parti il y a 7 ans pour faire partager l’amour de sa culture aux marseillais.
Après avoir tenu un restaurant le Comptoir Corse aux pieds de Notre-Dame de la Garde, Mathieu Piazza a lancé il y a 2 ans l’association Casa Corsa forte de 600 membres.
« Mon ambition est de partager un savoir-faire : celui des producteurs locaux, des vignobles, des artistes, des artisans… Grâce à cette association je peux élargir le champ des possibles. » confie-t-il.
Casa Corsa située à deux pas du Vieux-Port n’arrête pas d’enchaîner les manifestations : soirées autour de l’artisanat, séances de dédicaces des artistes, cours de langue, organisation de concerts, promotion de la Corse à la Foire Internationale de Marseille… « L’association a comme vocation première le partage, mais elle permet aussi pour les artisans, producteurs et entrepreneurs d’élargir leur clientèle par-delà la Méditerranée. C’est une manière indirecte de concourir à l’économie insulaire.» explique-t-il.
Avec deux années à son compteur, l’association ne cesse de repousser ses limites : « Nous avons organisé un concert à Paris aux pieds de la Tour Eiffel avec le groupe Spartera pour promouvoir la pièce de théâtre le Clan d’Eric Fraticelli… nous commençons à lier des relations avec la capitale. »
Prochains évènements : un grand marché corse suivi d’un concert à Saint-Victor le 8 avril suivi d’un concert de Laurent Bruschini et l’organisation d’un concert de Canta u populu Corsu le 18 mai au théâtre Silvain, sur la Corniche.

Antoine-Joseph Tolla, 48 ans, spécialiste en médecine vasculaire : « Des échanges permanents qui permettent à tous de pratiquer une médecine de talent »
Originaire d’Ajaccio et arrivé à Marseille à 18 ans pour ses études en médecine, Antoine-Joseph Tolla décide de s’y installer en qualité de spécialiste en médecine vasculaire.
C’est un parcours commun à beaucoup de professionnels de la médecine. A la sortie des études, certains font le choix de s’établir à Marseille sans jamais rompre leur lien à leur île : c’est le cas de ce spécialiste en médecine vasculaire.
Marseille compte un grand réseau d’universitaires et praticiens insulaires investis dans les échanges avec l’île. L’Association des médecins corses, très active et à laquelle appartient le spécialiste en médecine vasculaire en est le parfait exemple « Nous nous réunissons 2 à 3 fois par an pour aborder avec des praticiens insulaires des thèmes médicaux ou extra-médicaux : cela peut aller du partage des compétences à la présentation de nouveaux matériels. » précise-t-il.
L’objectif : maintenir une relation constante avec l’île pour transmettre les savoirs et permettre une médecine de qualité. « J’ai récemment rencontré un jeune interne du centre de la Corse qui préparait sa thèse : suite à ses études il compte monter un projet pour lutter contre les déserts médicaux dans sa région. D’autre part, la Corse est dotée de bons médecins et d’infrastructures de qualité, je pense notamment au nouvel hôpital d’Ajaccio. En encourageant une synergie du savoir, nous contribuons tous à une médecine de qualité à Marseille comme en Corse : la communication entre les praticiens insulaires est très importante. »
Pour ce qui est de quitter son cabinet au rond-point du Prado, ce n’est pas encore pour le moment. « Mais je reste viscéralement attaché à la Corse, et je sais que je rentrerai tout en gardant cet état d’esprit, la seule question qui se pose est juste quand. »

A la rencontre de la diaspora à Marseille
Jérôme Susini, 37 ans, avocat pénaliste : « La modernisation de la justice va faciliter les échanges entre les avocats de Corse et de Marseille  »
Originaire de Moca-Croce, maître Jérôme Susini s'illustre déjà à la barre pénale à Marseille. Déchiré il fut un temps entre vivre de l'oléiculture sur sa terre natale ou assouvir sa passion du droit, il fait le choix du métier d'avocat. 
« J’ai fait le choix d’exercer ma profession à Marseille car j’ai rencontré des professionnels corses avec qui je partage ma vision de la justice, notamment Me Dominique Mattei, bâtonnier de Marseille, sa sœur Me Marie-Ange Mattei, Me Antoine Versini, et Me Louisa Straboni. »
Il prend en charge des dossiers difficiles : la défense d'un des principaux mis en examen de l'affaire Air Cocaïne ou celle d’un des principaux accusés du triple meurtre aux Pennes-Mirabeau, emblème des guerres intestines autour du trafic de drogue. Ses pairs lui ont confié par ailleurs la présidence du Jeune Barreau où il s'inquiète de la pérennité des principes qui ont fait la grandeur de la profession.  
Son investissement  dans sa profession n’empêche pas de conserver des relations étroites avec son île.  Comme il l’explique: « Nombre de cabinets secondaires s’ouvrent de part et d’autre de la Méditerranée. En matière pénale aussi, la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) regroupe le sud-est et la Corse, ce qui nous conduit à travailler constamment en étroite collaboration. »
Les évolutions du mode d’exercice de la profession pourront à l’avenir renforcer cette dynamique : « Le développement des procédures dématérialisées entre avocats et juridictions et l’assouplissement des règles d’installation permettront de faciliter les retours au pays pour ceux qui le souhaitent. » 

Henri Parsi, 75 ans, Antiquaire, Président de Prensenza Corsa : « Réduire les distances entre le continent et la Corse »
Après avoir passé la jeunesse à Castifao, il part travailler à Alger et Paris ; il arrive à Marseille en 1968 et embrasse en 1981 une carrière d’antiquaire.
Dans son entrepôt de 1 000 m², Henri Parsi entasse des objets venus du monde entier. Il conserve un lien particulier avec la Corse ; que ce soit en prêtant des pièces de sa collection pour les musées insulaires (comme cela a été le cas pour l’exposition sur Pasquale Paoli il y a quelques années à Corte) ou pour des évènements culturels.
Secrétaire général de la Fédération régionale des associations culturelles corses (FRACC) et Président de Presenza Corsa, il s’investit dans le partage culturel « Tout le monde pense que les corses de Marseille apportent des choses à leur île, mais nous recevons beaucoup plus que ce que nous donnons. »
Si ce passionné d’art se sent ne se sent qu’à heure d’avion de sa terre, il n’en oublie pas moins la difficulté que peut causer la distance pour certaines familles. « Notre association a par exemple organisé un évènement pour récolter de l’argent que nous avons reversé à une autre association "Un toit pour mes parents" dont l’objectif est d’héberger les parents des enfants hospitalisés ou en soins dans les hôpitaux de Marseille. »