Corse Net Infos - Pure player corse

À Ajaccio les lycéens plaident pour les droits de l’Homme


Julia Sereni le Mardi 7 Juin 2022 à 14:58

Ce mardi 7 juin, c’est l’ouverture du cinquième concours de plaidoiries pour les droits de l’Homme, au lycée Laetitia, à Ajaccio. Pour cette édition, trois thématiques ont été retenues : « La liberté d’aller et venir », « Le droit au développement durable » et « Le droit à l’oubli ». Le palmarès sera connu dans un mois.



Svetlana passe la première devant le jury. Photo : Julia Sereni
Svetlana passe la première devant le jury. Photo : Julia Sereni

8 heures 45. À quinze minutes du début du concours, le stress se lit sur les mines des lycéens. Devant le CDI du lycée Laetitia, reconverti en salle d’examen, les uns s’impatientent, les autres consultent leurs notes. Dans quelques instants, ils présenteront devant un jury une plaidoirie de dix minutes, sur un des trois thèmes retenus conjointement par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et l’Académie de Corse : « La liberté d’aller et venir », « Le droit au développement durable » et « Le droit à l’oubli ».
 
« Avez-vous de l’eau ? », s’enquiert le recteur Jean-Philippe Agresti auprès d’un petit groupe. Hochements de tête négatifs. « Avant de commencer, une petite goutte d’eau, ça fait passer le stress », conseille-t-il. Mais même hydratés, les participants ne parviennent pas tout à fait à se départir de leur appréhension.

L'actualité au coeur des plaidoiries

Svetlana passe la première. La lycéenne de terminale a choisi de parler de l’accueil des migrants. « Nous avons facilité l’accès au statut de réfugiés au plus de cinq millions d’Ukrainiens ayant fui leur pays. Une action louable évidemment, mais en ce qui concerne la circulation des réfugiés existerait-il un droit à deux vitesses ? La liberté d’aller et venir est-elle conditionnée à l’origine des personnes ? », interroge la jeune fille sous « l’œil aiguisé et l’oreille bienveillante » - dixit Elsa Renaut, présidente de la LDH - de maître Philippe Gatti, membre du jury.
 
Son amie Gisselle a elle aussi choisi un thème d’actualité, la crise sanitaire et le confinement. « J’ai pris la situation d’un enfant qui ne pouvait pas sortir de chez lui pendant cette période et qui n’a pas pu voir les derniers instants de son grand-père décédé », raconte-t-elle. « Pendant la crise, notre liberté d’aller et venir a été restreinte. Je suis là pour porter l’histoire de ces citoyens atteints dans leurs droits », ajoute-t-elle.

Comme les deux jeunes filles, ils sont huit, des lycées Fesch et Laetitia, à passer ce mardi devant le jury. Le concours était ouvert à tous les élèves de la seconde à la terminale. À la clé pour les gagnants, un voyage à Paris avec une visite de l’Assemblée nationale, et peut-être même, de l’Elysée. « En tout cas, nous en avons fait la demande », glisse le recteur.

Prochaine étape à Bastia

Au-delà de la perspective du séjour parisien, l’objectif du concours est avant tout pédagogique pour la Ligue des droits de l’Homme. « Cela fait partie de l’éducation à la citoyenneté. Nous sommes une association d’éducation populaire, notre but est de faire connaître les droits et libertés, de faire prendre conscience qu’ils sont en danger et qu’il faut les défendre », explique Elsa Renaut. « La cause des droits de l’homme, c’est la condition de la paix », abonde Jean-Philippe Agresti. Et de faire le lien avec l’actualité. « Avec la guerre qui revient en Europe, cette génération doit construire la paix en continu et la question des droits de l’Homme est le ciment de cette paix », martèle-t-il.
 
Prochaine étape du concours : Bastia. Les lycéens candidats de Haute-corse et de Porto-Vecchio présenteront leur travail le vendredi 10 juin au lycée Giocante devant un jury composé de membres de la ligue des droits de l’Homme de Corse, dont l'avocat Jean-Sébastien de Casalta, et des personnels de l’Éducation nationale. Le palmarès sera dévoilé un mois plus tard, le 12 juillet. Une cérémonie aux accents solennels, puisqu’elle se tiendra au rectorat, en présence de Patrick Baudouin, avocat pénaliste et tout nouveau président de la Ligue des droits de l’Homme.