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"1914-2014 : contre l’oubli et pour l’honneur", le travail de mémoire du site bilingue exposé au Collège Pascal-Paoli


François Daumont le Samedi 14 Juin 2014 à 18:15

Depuis le 5 juin, le centre de documentation du collège Pascal Paoli de l’Isula Rossa abrite une exposition de plus de 80 planches sur le centenaire de la Grande Guerre intitulée « 1914-2014 : contre l’oubli et pour l’honneur ». Celle-ci s’adresse à la jeunesse, afin que ne se perde pas le souvenir des anciens combattants, engloutis par ce premier grand torrent de sang du XXème siècle



"1914-2014 : contre l’oubli et pour l’honneur", le travail de mémoire du site bilingue exposé au Collège Pascal-Paoli

Cette exposition est le fruit d’un long travail de recherche effectué au sein du site bilingue par M. Laurent Bruna, professeur d’histoire/géographie en langue corse à destination de ses élèves et compilé pour l’occasion. Mme Florence Bruna, professeur de Français documentaliste, a elle aussi activement participé à ce projet ayant elle-même travaillé sur ce sujet avec ses élèves dans le cadre de la thématique « récits et témoignages de guerre ».

Récemment c’était au tour des élèves bilingues de 5ème E,  de découvrir l’exposition en présence de Mme Santa Battesti, principale de l’établissement. « Trois volets constituent le corps de cette exposition.

Le premier intitulé « I Corsi inde a prima guerra mundiale », nous rappelle le très lourd tribut payé par la Corse lors de ce conflit » explique M. Laurent Bruna in lingua corsa aux élèves attentifs, puis il ajoute : « Région métropolitaine la plus éloignée du front, c’est paradoxalement celle qui verra tomber le plus grand nombre de ses enfants au champ d’honneur en proportion de sa population. D’ailleurs l’île ne retrouvera son niveau de population de 1914 qu’à l’aube des années 2010 ».  Puis l’intervenant évoque, avec beaucoup de pédagogie, le sort de ceux que l’on a appelés les Poilus, en prenant pour exemples certains d’entre eux originaires de Balagne tels Ghjacumu Ambrosini de Speloncato, Titus Ceccaldi d’Aregno ou Indria Giansily de Vescovato.

Abordant le deuxième volet, M. Laurent Bruna présente aux collégiens alors toujours motivés, un document unique baptisé « U lamentu di u pilutu corsu scunnisciutu » retrouvé par M. Marcel Acquaviva de Palmento. Cet écrit poétique composé d’une trentaine de strophes, en langue corse, par un soldat insulaire inconnu, donne à découvrir les variations des états d’âme d’un combattant de la grande guerre tout au long de celle-ci. Ayant fait l’objet d’un travail d’étude et d’explication d’une année au sein du site bilingue 2012, cet émouvant témoignage  a reçu un complément lui aussi très intéressant par l’intermédiaire de commentaires de deux professeurs de langue et culture corse du collège, Mme Christelle Silvarelli et M. Jean-Jacques Cantelli. Notamment sur deux des plus beaux chants écrits sur cette période, à savoir « Le Chemin des Dames » des « Chjami Aghjalesi » et « U Ritrattu » des frères Vincenti.

Les Fantômes de la République


Mais comment évoquer la « Der des Der » sans faire mention des fusillés pour l’exemple ? Pour répondre à cette question, M. Laurent Bruna s’est même rendu jusqu’à la mairie de Paris afin de visiter l’exposition marquant le début des commémorations françaises du centenaire de la Grande Guerre, une exposition intitulée « Fusillés pour l’exemple, les fantômes de la République ». Dans ce cadre M. et Mme Bruna ont amené leurs auditeurs, en langue corse ou en français, à prendre connaissance du tragique destin des Martyrs de Vingré, de Silvestru Marchetti ou Francescu Guidicelli.

A l’issue d’un parcours que l’on peut qualifier d’initiatique, les élèves de 5ème E, encore sous l’émotion des portraits dressés et des faits brillamment exposés par M. Laurent Bruna, ont posé de multiples questions et réagi, à l’instar de Richard Bouisset, 12 ans : « J’ai pris conscience des terribles conditions de vie qu’étaient celles de nos anciens qui ont combattu durant cette guerre affrontant le froid, la boue, les poux  et la peur. C’était la première fois que j’en entendais parler avec autant de réalisme».

Même tonalité pour Leria Orsini, 12 ans : « J’ai déjà eu connaissance cette guerre à travers notamment des exemples au sein de ma propre famille. Je me demande comment les poilus ont pu affronter de telles conditions de vie dans les tranchées. Je n’imagine même pas me retrouver à leur place, cela doit être terrible. L’exposition m’a parlé et M. Laurent Bruna m’a permis de mieux comprendre la gravité d’une tragédie mondiale qui je l’espère, ne se reproduira plus ».  

François Daumont