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​Opération de déminage sur la plage de Petit Capo à Ajaccio : mission réussie


Patrice Paquier Lorenzi le Mercredi 21 Août 2024 à 11:24

Les opérations de déminage de la plage de Sevani ou "Petit Capo" à Ajaccio se sont terminées en milieu de matinée avec succès. Au total, ce sont huit mines antichars, datant de la Seconde Guerre mondiale qui ont été récupérées et détruites à quatre miles nautiques des côtés ajacciennes, par le groupement des plongeurs-démineurs de la Marine nationale. La plage est de nouveau accessible au public.



Les opérations de contre-minage de la plage de Sevani à Ajaccio se sont déroulées avec succès.
Les opérations de contre-minage de la plage de Sevani à Ajaccio se sont déroulées avec succès.
« Les opérations se sont bien déroulées, mission réussie ! » s’est félicité le lieutenant de vaisseau Vianney, en revenant sur le ponton de la Parata, avec cinq autres membres de la Marine nationale et deux embarcations de la SNSM. L’objet de leur mission ? La récupération et la destruction de mines antichars allemandes, observées par un baigneur de la plage de Sevani dite de Petit Capo sur la commune d’Ajaccio, ce mardi après-midi aux alentours de 14h30. Très vite alerté par le CROSS Med, puis la Préfecture de Corse, la Préfecture maritime de Méditerranée prenait les opérations en mains afin de dépêcher sur place, le groupement des plongeurs-démineurs de la Marine Nationale.
 
Huit mines à 1,5 mètre de fond en bord de rivage
 
Arrivées par hélicoptère en provenance de Hyères, les équipes de déminage sont intervenues aux alentours de 6h30, ce mercredi matin, avant le coup de mer prévu pour procéder aux délicates opérations : « Nous avons pu intervenir tôt ce matin. Finalement, nous avons découvert au total huit mines allemandes antichars, sur l’ensemble de la plage. Elles ont été ensuite contre-minées à quatre miles nautiques, en dehors du Parc Naturel marin. Les munitions ont été découvertes par un baigneur et étaient donc proches du bord, à 1,5 mètres du fond. C’était important de pouvoir les emmener au large pour les contre-miner. Nous avons pu les récupérer, les transporter jusqu’à un point de contre-minage, entre deux eaux, en dehors du Parc Naturel marin. Cela nous a permis de préserver les fonds marins, et les espèces qui y vivent. Nous remercions également la SNSM et les membres de la base navale d’Aspretto qui ont permis le succès et la sécurisation de ces opérations.
 
 Concernant les détails de l’opération, le lieutenant indique : « nous sommes d’abord intervenues sur les deux premières mines identifiées. On les récupère, on les rassemble, on vérifie qu’il n’y a pas de danger immédiat et après on fait un balayage de l’ensemble de la plage pour voir s’il y en a d’autres. C’est pour cela qu'on en a trouvé huit au total et qu’on a pu les rassembler dans un filet spécifique, les relever et les contre-miner. Elles étaient huit dans un périmètre d’une vingtaine de mètres carrés ».
 
« Un danger réel pour les baigneurs »
 
Une intervention rapide, menée seulement quelques heures après la découverte des explosifs et qui représentant un risque de danger immédiat pour la population et les baigneurs selon le lieutenant de vaisseau Vianney : « Le danger était réel, ce sont des munitions allemandes qui datent de la Seconde Guerre mondiale, avec un explosif de très bonne qualité, de type picrate, qui peut se détériorer car il devient plus sensible au fil du temps. C’est pour cela qu’il était important de les détruire. En marchant dessus, quelqu’un aurait pu la faire exploser, on ne peut pas savoir, même si normalement ce sont des explosifs plutôt stables. Il fallait intervenir rapidement. C’est un clin d’œil qu’en ces 80 ans de la Libération de la France, nous devons encore intervenir pour sécuriser nos plages ».

Concernant la provenance de la découverte de ces mines, l’explication se trouve dans l’Histoire reliant la Corse à la Seconde Guerre mondiale : « La Corse a été un lieu stratégique pour l’Allemagne nazie mais également un lieu de résistance. C’était donc pour eux, une façon de se protéger des assauts venant de la Mer. Ils ont disposé ces explosifs pour éviter les débarquements. Elles sont ressorties sûrement à cause de la météo et des vagues et de la houle à répétition. Elles refont surface à ces moments-là. Il faut savoir qu’elles sont souvent enterrées à la base à une profondeur de 50 cms pour que les chars qui passent dessus puissent déclencher l’allumeur. Avec le temps, cela peut être plus ou moins enfui et réapparaître n’importe quand. C’est très probable qu’elles sont là depuis 80 ans et que cette plage ait été minée par les Allemands. Nous avons pris le temps de balayer toute la plage pour être sûr qu’il n’y ait pas d’autres munitions apparentes. Aujourd’hui, la plage est claire et sécurisée. La police peut libérer la zone. Ce sont des opérations que nous effectuons régulièrement. Il y a quasiment une munition, qui est retrouvée chaque jour en France ».
 
Même si, certaines munitions peuvent encore réapparaître et notamment sur la plage de Sevani dans les années à venir, les opérations ont permis d’effectuer un nettoyage et une sécurisation à moyen et long terme sur les rivages ce joyau de la commune d’Ajaccio. Les locaux et les touristes pourront donc continuer leur quête des yeux de Sainte-Lucie en toute sérénité et où la plage est de nouveau accessible au grand public, moins de 24 heures après l’arrêté municipal de fermeture temporaire, publié hier par la Ville d’Ajaccio.
 
À noter enfin que les équipes du Groupement des plongeurs-démineurs se rendront dans la journée sur la plage de Prunete à Cervione pour une suspicion de présence d’explosifs et pour lever les doutes en cas de fausse alerte.