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​« Fighjula i petri » : une bande de copains fervents amoureux et défenseurs d’un patrimoine oublié


Patrice Paquier Lorenzi le Mercredi 22 Novembre 2023 à 17:23

Créée en 2014, l’association « Fighjula I Petri », a pour ambition la sauvegarde du patrimoine bâti non protégé comme les fontaines, les fours, les lavoirs, les murs en pierres. Fondé par Olivier Simonpietri, elle rassemble plus d’une centaine d’adhérents qui parcourt les villages afin de proposer leur aide pour restaurer, sauvegarder et transmettre tout ce patrimoine issu de l’Histoire de la Corse. L’association réalise également un inventaire avec un recensement du nom des lieux pour ne pas qu’ils tombent dans l’oubli des jeunes générations.



L'association "Fighjula I Petri" compte une centaines d'adhérents en Corse.
L'association "Fighjula I Petri" compte une centaines d'adhérents en Corse.
« La création de cette association fait suite à un terrible constat : celui que le petit patrimoine rural composé des fontaines, lavoirs, les murs étaient dans un état de délabrement avancé dans pas mal de nos villages. Un manque d’entretien dû à un nombre insuffisant d’agents communaux, qui ont déjà énormément de travail et qui ne peuvent pas tout faire » résume Olivier Simonpietri, le président fondateur de l’association « Fighjula I Petri ».
Avec ses adhérents de plus en plus nombreux au fil des ans, qui sont devenus une bande de copains, et qui ne demandent qu’à augmenter encore, les passionnés parcourent les microrégions et les villages, soit à la demande des habitants ou des mairies, qui souhaitent restaurer certains édifices comme l’explique Olivier Simonpietri : « À ce jour, nous avons réalisé 54 actions de valorisation du patrimoine. Souvent, ce sont en effet les mairies qui nous contactent directement par exemple pour remettre en état de marche une vieille fontaine oubliée. Nous intervenons alors par le biais d’une convention. Souvent, nous démaquillons, car elles sont recouvertes de végétaux et ne sont même plus visibles à l’œil nu, on nettoie, on cure l’arrivée d’eau. On essaye de lui redonner son lustre d’antan ! Ce patrimoine fait partie de l’Histoire de la Corse, il a été édifié par des générations laborieuses et tout est en train de se détruire. Qu’allons-nous laisser à nos futures générations ? La prise de conscience doit être populaire et il ne faut pas compter uniquement sur les politiques. Il faut se réapproprier ce patrimoine ainsi que les bons sens paysans et ruraux ».

Alors que la bande d’amis se rend dans un village, c’est tout une émulation, avec des échanges et des discussions avec les anciens, mais aussi les jeunes, tout heureux de retrouver des édifices tels que des lavoirs, des fours à pain, des hameaux abandonnés, des tours oubliées. « Des fois, grâce aux anciens, nous avons retrouvé des fontaines qui avaient oublié de la mémoire collective depuis les années 80, soit plus de 40 ans ! Des fois, nous nous rendons également aux archives territoriales et nous retrouvons ainsi des édifices dont personne ne se souvenaient ».

La méthode d’assemblage des murs en pierre protégée par l’UNESCO depuis 2018
Un travail minutieux auxquels les jeunes adhèrent notamment par le biais d’ateliers auprès de diverses associations jeunesse afin de les sensibiliser à la sauvegarde de ces trésors d’antan. Lors de la dernière « Operata », en partenariat avec « I Ziteddi di l’Ornano », qui a réuni six membres de « Fighjula i Petri », une quinzaine d’enfants de 6 à 14 ans, leurs parents, mais aussi des habitants et des élus d’Azilonu è Ampaza avec pour objectif de remonter des morceaux de murs du chemin en sensibilisant les enfants à la technique d’assemblage. Plusieurs groupes ont été créés pour remonter trois morceaux de murs. Le plus long avait été préalablement aménagé avec un engin mécanique par la municipalité pour faciliter la reconstruction. « Il faut également savoir que nous utilisons les techniques d’époque concernant l’assemblage des murs en pierre. Une méthode qui est d’ailleurs protégée par l’UNESCO depuis 2018 ».
Outre ces ateliers de travail, les membres de l’association effectuent également des « Spassighjata », des balades patrimoniales avec « spuntinu » sur des sites anciens comme dernièrement celle de « Pianu di Cauria » : « Elle nous a permis d’apprendre et de découvrir ce lieu préhistorique méconnu en compagnie de Paul Nebbia, archéologue et ancien directeur du Musée de la Préhistoire de la Corse à Sartè, et également adhérente de l’associu. Nous étions plusieurs membres à faire un retour en arrière de 7000 ans et les décortiquer au gré des observations et des découvertes. Un très agréable moment ».

Alors forcément comme on évoque avec lui, les dégâts occasionnés par les dernières tempêtes Ciaran et Domingos sur les ponts génois, et notamment Zippitoli, Olivier Simonpietri n’en démord pas : « Moi, ces destructions cela me désole.Beaucoup de ces ponts ne sont pas détruits uniquement par la crue, mais aussi et surtout par les bouchons engendrés par les amas d’arbres ou de végétaux qui n’ont pas été enlevés. Il y a aussi une mauvaise gestion de l’environnement. J’espère que comme dans les autres pays et notamment en Grèce où tout avait été détruit par les tempêtes, nous arriverons à reconstruire tout cela, sinon bientôt, notre patrimoine disparaîtra ».
 
Infos complémentaires
Site web : www.fighjulaipetri.com 
Mail : contact@fighjulaipetri.com