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Porto-Vecchio : Master Class d’André Ujica à la cinémathèque de Corse


Noémie François le Samedi 20 Avril 2019 à 12:45

C’est à Porto-Vecchio, à la cinémathèque de Corse que le cinéaste Andrei Ujica a pu présenter l’ensemble de ses œuvres. Dans la salle Abel Gance ses films ont été projetés, analysés et décortiqués par l’enseignante et chercheuse Alice Leroy et par les cinéphiles venus le rencontrer ce jeudi lors de la master class organisée dans le cadre des rencontres d’images documentaires.



Invité à Paris au Forum de l’image et le centre Georges Pompidou le cinéaste roumain André Ujica est arrivé en Corse, ce mercredi 17 avril 2019 pour une master class qui a pris sa place dans « le cycle de films Now future », proposé à Ajaccio, en octobre 2018, par l’association Corsica. Doc.

 

Une sélection vient d’être projetée également dans le Taravo et le Sartenais, sous le nom de « The Now future Corsica Tour », dont 6 films diffusés sur la plateforme documentaire (www.tenk.fr), à partir du 17 avril 2019, pendant 2 mois.

C’est à Porto-Vecchio, à la cinémathèque de Corse que le cinéaste, documentariste, a pu présenter l’ensemble de ses œuvres. Dans la salle Abel Gance ses films ont été projetés, analysés et décortiqués par l’enseignante et chercheuse Alice Leroy, pour les cinéphiles venus le rencontrer.

André Ujica, dans son langage audiovisuel à l’œuvre cinématographique reste un homme à la plume et l’encre qui tend vers l’écriture universelle, il est auteur de films avec un regard singulier sur l’histoire, sur une époque qui appartient au siècle dernier et quoi de mieux pour l’histoire que de laisser une trace écrite « il faut inclure dans l’histoire de la littérature : le cinéma » dixit André Ujica. Le parti-pris du cinéaste se situe à l’intersection de deux mondes : le monde du cinéma et le monde des medias. Pour comprendre un film ; « il faut avant tout comprendre la manière avec laquelle son univers s’emboîte dans le monde qui l’entoure », selon Serge Daney, (critique de cinéma français, 1944/1992).

Le travail d’Ujica se fait sans la caméra, il est l’auteur d’une trilogie cinématographique qui prouve qu’à partir d’archives, de sons additionnels précis et au montage extrêmement bien construit sans équivoque, des films peuvent être faits. Vidéogrammes d’une révolution (1992), Out of the Présent (1995), l’autobiographie de Nicolae Ceausescu Documentaire (2010).

Un visa pour l'Allemagne en 1981

André Ujica est né dans cette période agitée de l’histoire marqué par deux totalitarismes : le fascisme des années 1940, et le communisme soviétique dans la seconde moitié du XXe siècle, jusqu'en 1989 (chute de la dictature communiste). Avant de faire du cinéma, il écrivait, dès l’âge de 16 ans. Depuis le lycée, il expérimentait divers formes d’écriture. Puis, il quitte la Roumanie pour l'Allemagne s'échappe de son pays natal pour fuir la conjoncture de l’époque. En exil, il est parolier pour un groupe de rock au moment de la Révolution roumaine en 1989, il fusionne la culture pop dans ces textes et expérimente « une réflexion aux frontières des genres, une réflexion sur le statut secondaire et primaire au cinéma » selon ces propos.

Influencé par le siècle des Lumières, dont la Roumanie a subi une très forte influence, il s’inspire par toute une série de révoltes et révolutions (transylvaine en 1784, moldave et valaque en 1821, roumaine globale en 1848, antitotalitaire en 1945-1960 et en 1989), pour construire un imaginaire et ses films futurs, il devient enseignant en littérature et en théorie du cinéma à l’université de Mannheim en Allemagne. Ce n’est qu’en 1989 qu’il se consacre pleinement au cinéma.

Mouvement complexe sans heurt de la caméra, influencé par le réalisateur Stanley Kubrick

« Le cinéma a des limites que l'on ne trouve pas dans la littérature, le narrateur ou voix off sert à outre passé la frontière » d’après André Ujica. Et c’est le Barry Lyndon, sorti en 1975, le film historique anglo-américain, écrit et réalisé par Stanley Kubrick, (adapté du roman Mémoires de Barry Lyndon), qui fait office d’influence pour presque l’ensemble de l’œuvre d’André Ujica tellement ses formules référentielles se font nombreuses tant au niveau de l’espace… Que du temps !

Vidéogrammes d’une révolution (1992), coréalisé avec Harun Farocki (1944-2014, cinéaste allemand, a réalisé plus de 120 films et installations). « En décidant de n’utiliser que des images tournées lors des événements révolutionnaires en Roumanie en 1989, ce film interroge notre position et notre regard de spectateur tout en déployant une profonde réflexion sur l’acte de prendre en main les images et donc de les manipuler. En évoquant, par ce film, le fait que les images changent de camp et de mains et qu’elles deviennent un des enjeux majeurs de l’événement lui-même, Ujica et Farocki inquiètent notre regard et nous invitent à regarder autrement l’histoire et son écriture visuelle. ». Cf : A.Genoudet, Visualité de l’histoire.

Out of the Présent (1995).
Le montage spatial et temporel le cadre dans le cadre construction d'un moment historique à partir de documents visuels existants les images racontes quoi qui historique construit avec des images d'archives.
Mai 1991 : le cosmonaute Sergei Krikalev s’envole pour la station orbitale MIR, qu’il va occuper pendant dix mois, sous l’œil de quatre caméras. À son retour, l’empire soviétique a disparu, éclaté, démantelé. Parti d’URSS, il revient en Russie…
« 92 minutes : c’est la durée de pellicule extraite par Andrei Ujica de 280 heures de film enregistrées par les cosmonautes de la mission Ozon pendant les dix mois qu’elle dura. Le film d’Ujica donne l’occasion unique d’expérimenter, de ressentir, si toutefois cela est possible, l’immensité d’une déconnexion entre Espace et Histoire". Cf : C.Cohen, Cahiers du cinéma, décembre 1997

L’Autobiographie de Nicolae Ceausescu Documentaire (2010). Retrace les vingt-cinq années de règne du dictateur roumain. « Un travail de montage remarquable, réalisé à partir des images officielles ».