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La droite en mode survie


Jacques RENUCCI le Jeudi 6 Juin 2019 à 08:53

Avec sa prochaine "convention nationale", la droite espère retrouver sa place sur l'échiquier politique et remotiver son électorat traditionnel



La droite en mode survie

Les élections municipales auront lieu dans neuf mois, autant dire demain. Et, avec raison, les Républicains s'inquiètent. Il est vrai que le résultat catastrophique des élections européennes n'incite pas à l'optimisme. 8,5% des suffrages exprimés, si l'on reporte ce score au niveau des mairies, on peut craindre le pire. Actuellement la droite est à la tête d'une majorité de régions, de départements, de communes. Si elle ne réagit pas, elle risque de tout perdre.

Comme lorsque chez un agonisant à héritage le cousinage se presse pour ramasser ce qui peut l'être, En Marche et le RN se sont proposés comme alliés, parfois avec une certaine brutalité qui confine au chantage politique, sur le thème : ou tu viens avec nous ou tu perds tout. Aujourd'hui que Laurent Wauquiez a cédé la place (avec un intérim assuré par le vice-président Jean Leonetti, médecin spécialiste de la fin de vie, tout un symbole), on se tourne vers ceux qui passent pour les sages de la tendance. Au premier rang d'entre eux, le président du Sénat, Gérard Larcher. On comprend son intérêt pour le redressement, ce qu'il appelle « la grande alternative », les sénateurs étant élus par les grands électeurs, issus directement des scrutins locaux...

 

Retrouver un électorat

 

Il s'agit donc d'entrer dans une phase de reconstruction, avec un esprit positif de rigueur. Car l'urgence est là : déjà, de nombreux maires LR ont répondu positivement aux sollicitations d'En Marche, et l'hémorragie semble-t-il ne fait que commencer. Garder son siège vaut bien quelques accommodements ponctuels... La recomposition de la vie politique française a quasiment fait disparaître la gauche, et la droite ne veut pas subir le même destin. La réalité électorale est aujourd'hui claire : le temps de la bipolarisation droite-gauche est terminé, depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017. Les courants dominants sont désormais le Rassemblement national et En Marche, auxquels sont venus s'ajouter les écologistes, qui seront la grande inconnue des prochaines échéances.

Le défi de la droite est évident et pour l'instant presque inaccessible : refuser de devenir le simple appoint qu'on lui propose d'être et recommencer à imposer significativement son poids politique. Pour cela, il va falloir retrouver – ou trouver – un électorat. Avec quel discours ? Celui d'une droite traditionaliste, qui vient de connaître l'échec, celui d'une droite plus libérale et moderniste, en se distinguant de Macron ? Difficile de trouver sa voie, de définir une ligne : à chaque fois, on empiète sur les nouveaux blocs...

 

Quel leader ?

 

Mais avant tout, et c'est dans les gènes gaullistes ou bonapartistes de cette droite, il faut dégager un leader. Sarkozy, Copé, Fillon, Wauquiez, la liste s'allonge de ceux qui ont échoué en ce sens. Au nouveau responsable (et personne ne se met en avant pour prendre la patate chaude, au point de proposer une direction collégiale), il sera demandé de sauver les meubles à l'occasion des municipales, en attendant de confirmer à la présidentielle et aux législatives prochaines. On est loin d'avoir à disposition l'homme providentiel. Un récent sondage jette une lumière crue sur les obstacles à une possible nouvelle direction : selon les militants consultés, les personnalités susceptibles de redresser la situation sont Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand, l'un ayant quitté la politique et l'autre s'étant mis en congé du parti...

Quel planning pour cette remontada espérée, sur fond de problèmes migratoires, d'enjeux sociaux et d'identité nationale ? Il y aura une grande « convention nationale » en octobre 2019. Mais elle sera préparée par des conventions régionales en mode survie, qui devront œuvrer dans le sens de l'unité, que celle-ci prenne la forme d'un seul parti ou d'une coalition de circonstance. Et la droite corse, comme les autres, est attendue avec curiosité dans cet épineux exercice.


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