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Coronavirus - Bernard Giudicelli, président de l'UMIH de Corse : "Il nous faut une aide forte de l’État"


Livia Santana le Samedi 23 Mai 2020 à 18:07

Bernard Giudicelli, président de l’Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, prévoit des fermetures d’établissement lors de cette crise touristique. Il milite aussi pour un statut fiscal particulier pour la Corse.



Bernard Giudicelli, président de l’Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie.
Bernard Giudicelli, président de l’Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie.

- Les hôteliers sont très impactés par cette crise sanitaire. Comment cela se traduit-il ?
- Dès mars et l’arrivée en France de la Covid-19, il y a eu un arrêt des réservations. Depuis le 15 mars, les annulations se sont multipliées et augmentent tous les jours un peu plus. Chaque palier de déconfinement amène une nouvelle vague d’annulations.


- Comment travaillez-vous sur l’accueil des touristes ?
- On défini avec les instances administratives les fiches sanitaires à mettre en place dans les établissements d’hébergement pour garantir des arrivées dans les meilleures conditions.


- À quoi pourraient-elles ressembler ?
- On devra définir un espace de temps entre la libération des chambres et le ménage, puis entre le ménage et l’installation de nouveaux touristes. On parle de 12 à 36 heures d’inoccupation de la chambre.


- Et la désinfection des chambres ?
- Cela représentera un coût supplémentaire, pour mettre en sécurité notre personnel et nos hôtes : des gels, des masques, des vitres en plexiglass. Nous devrons dépenser des sommes significatives, que nous ne pouvons pas encore estimer aujourd’hui.


- Certains établissements ont déjà annoncé qu’ils n'ouvriront pas leurs portes. Pour quelles raisons ?
- Entre 10% et 20% de nos hôtels sont dans l’optique de rester fermés. Lors des dates d’ouverture, elles ont des charges fixes assez importantes. Les ouvrir mettrait en danger la survie de ces établissements.


- Comment vous organisez-vous pour la gestion des saisonniers ?
- C’est très compliqué. Dans certains établissements, on a par exemple demandé un décalage des débuts de contrats saisonniers. On espère déjà que les activités partielles soient prolongées après juin. On aimerait aussi que le fonds de solidarité soit étendu et majoré en prenant en compte notre spécificité. 1500 euros par mois et par entreprise, c’est rien. 


- A quelle spécificité faites-vous référence ? 
- On a des revendications particulières par rapport à l’insularité. Elle fait de nous une prison économique, de par notre dépendance aux transports aériens et maritimes. Nous revendiquons un traitement particulier, notamment disposer d’un statut de zone franche, par conséquent d’un statut fiscal dérogatoire. On va entamer bientôt des séances de travail avec le préfet de Région.


- Beaucoup d’hôteliers sont ceux qui ont sollicité un prêt garanti par l’État (PGE), qu’en pensez-vous ?
-
 Le problème du PGE, c’est qu’il s’agit d’une aide remboursable. Nous demandons donc un taux 0% sur les 18 premiers mois, au lieu des 12 mois initiaux. On se bat pour avoir une mise en sauvegarde des établissements, des mesures spécifiques pour éviter une saison blanche. Il nous faut une aide forte de l’État. Sans cela, certains établissements ne pourront passer l’été.


 - Quel chiffre d’affaires attendez-vous pour cet été ?
- Dans le meilleur des cas, on partirait plutôt sur une baisse de 80% par rapport aux chiffres habituels [410 millions d’euros selon l’agence du tourisme de la Corse]. Ce n’est pas réjouissant.


 - N’imaginez-vous pas un scénario où le tourisme se porterait aussi bien que les années précédentes ?
- Ça n’arrivera pas. On ne pourra pas prendre le risque d’accueillir 400 000 personnes sur l’île. Même si la crise sanitaire s’atténue, elle ne disparaîtra pas. Quand bien même on aurait un vaccin disponible immédiatement, les tests d’autorisation sur le marché ne se feront pas avant quelques mois.