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Vers une nouvelle affaire des paillotes en Corse ?


Philippe Peraut le Mercredi 5 Juin 2019 à 17:24

Au cours d’une conférence de presse donnée ce mercredi en début d’après-midi près de l’allée des mérous, route de l’Isolella, le collectif de défense des établissements de plage, qui se structure, peu à peu dans toute l’île, met en cause les services de l’Etat qu’il accuse clairement de ne pas appliquer la même loi pour tous…



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni

En même temps qu’une question orale relative aux paillottes s'invitait dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale (avec intervention du député nationaliste Paul-André Colombani), une dizaine de responsables d’établissements de bord mer (paillottes, hôtels ou restaurants), unis en collectif, ont décidé de contre-attaquer, à la suite de l’opération de gendarmerie, ces derniers jours, dans plusieurs établissements de plage, à Palombaggia et Lecci de Portivechju.


Les responsables, parmi lesquels on notait la présence de César Filippi, Paul Andreani, Jean-Michel Marcellesi ou Pascal Angelini – frère de Jean-Christophe - ont tout simplement convié la presse au grand complet à les suivre jusque sur la route du Ruppione. Là, tout le monde s’est engouffré dans l’allée des mérous –i lucerni - pour arriver au bord de la mer où cinq embarcadères et surtout un port et une plage privés qui appartiendraient à des milliardaires parisiens se sont dévoilés. « Nous allons passer l’été à vous montrer toutes les constructions illégales qui sont installées sur le littoral corse, explique César Filippi, nous nous mettrons, ainsi, à la place de l’Etat. C’est ce qu’il aurait dû faire avant de déplacer, lundi dernier, un procureur et d’envoyer 80 gendarmes pour saisir 50 matelas à Porto-Vecchio. Nous allons donc faire, nous-mêmes l’état des lieux du littoral corse et faire constater aussi bien dans le public que dans le privé, une certaine complaisance. L’Etat a, de manière délibérée, choisi ses cibles pour brouiller le paysage et nous faire apparaître comme des perturbateurs. »


Un collectif de 400 personnes
Pour étayer ses propos, l’ancien élu territorial a pointé du doigt « les 2 750 m2 prévus au profit du Club Med sur une plage de 750 mètres de long pour 400 matelas et 300 m2 construits en dur sur le Domaine Public Maritime. Il y a réellement deux poids et deux mesures. On attend toujours la réponse de l’Etat sur ce dossier et celui du Sofitel. On cible les familles qui vivent, pour certaines, depuis 40 ans d’un seul revenu, celui de leur paillotte. Il n’y aura peut-être plus de saison pour nous mais d’autres auront des difficultés, c’est certain. »
Le collectif nouvellement réuni rassemble près de 400 responsables d’établissements de plage et se scinde en quatre parties qui s’étalent sur le Grand Ajaccio, Bastia, le Cap et la Plaine Orientale, L’Extrême Sud, la Balagna.


« Nous ne demandons que 10% des AOT sur l’espace public »
« L’Etat procède à, l’évidence, à une protection passive, souligne pour sa part Jean-Michel Marcellesi, concernant des sites comme celui-ci près de l’Isolella, il est courant de la situation. Avec l’utilisation de Géoportail ou d’un drone, il ne peut pas ne pas être au courant de ces constructions. Or, tout se retourne contre nous. On est traités de prédateurs alors que nous ne faisons que demander des AOT sur 10% de l’espace public en laissant 90% ouverts à tous avec les passages. À Palombaggia, il n’y a sur 5,5 km de plage que 2 passages publics. Les autres sont sur les terrains de ceux qui bénéficient des AOT. S’il y avait 8 passages publics de plus comme la loi l’oblige, l’image ne serait pas la même. »
Les constructions mentionnées par le collectif et visées lors du point presse sont, à l’évidence antérieure à la loi littoral. « C’est certain, rajoute César Filippi, si elles sont autorisées, d’autres, elles aussi antérieures, ne bénéficient pas de la même clémence. Au niveau de la démarche publique, il nous paraît clair que l’Etat fait, au détriment des Corses, le jeu de personnes qui ont de gros moyens.  »
Une action, certes symbolique et pacifique, qui, selon les responsables, ne serait que la deuxième d’une longue série…
 

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