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Prévention des incendies : fin de mission pour l’association de sécurité civile ADCCFF de Haute-Corse


C.-V. M le Samedi 29 Février 2020 à 21:18

Après dix années d’une existence consacrée presque exclusivement à la prévention des risques liés aux incendies, l’association départementale des comités communaux feux de forêts et réserves communales de sécurité civile de Haute-Corse (ADCCFF-RCSC 2B) a décidé de tirer sa révérence. C’est en tout cas, la décision entérinée récemment par l’assemblée générale qui s’est réunie dernièrement en Balagne. Une occasion pour son président Jean-Pierre Mazzi, de présenter le bilan des activités menées jusque-là et de marquer une pause après 43 années d’engagement bénévole « incendie » dont 35 au profit de la commune de Santa-Reparata-di-Balagna dont il est originaire. L’intéressé a accepté de répondre aux questions de CNI.



Le 11 novembre 2018 à L’Ile-Rousse, le président Jean-Pierre Mazzi, décorait 2 jeunes réservistes communaux méritants ayant intégré le SIS 2B.
Le 11 novembre 2018 à L’Ile-Rousse, le président Jean-Pierre Mazzi, décorait 2 jeunes réservistes communaux méritants ayant intégré le SIS 2B.
- - Pourquoi cette décision ?
 
- L’association que j’ai l’honneur de coprésider depuis 2009 avec mon collègue Pierre Dottori, a atteint les objectifs initiaux qu’elle s’était assignée et peinait à maintenir l’adhésion et l’implication de ses membres au quotidien. Une certaine lassitude s’est installée et pour ma part, je ne souhaitais pas aller au-delà des avancées que nous avions obtenues en matière de reconnaissance des moyens communaux. C’est pourquoi, j’ai décidé de soumettre à l’approbation de l’assemblée, ce projet de dissolution qui malheureusement s’imposait comme une évidence.
 
- Quelles conséquences pour les réserves communales ?
 
- Aucune à vrai dire, les réserves communales disposaient déjà d’une large autonomie d’action au sein de l’association. Elles continueront donc à fonctionner sous la bannière du SIS 2B qui s’est toujours fortement impliqué auprès des moyens communaux, comme récemment où à l’initiative du président Guy Armanet, des engins réformés ont été gracieusement concédés aux réserves communales afin de les aider dans leur mission préventive. Cela n’avait jamais été fait dans de telles proportions et démontre l’intérêt que la nouvelle gouvernance du SIS 2B porte à la capacité de résilience des communes face aux enjeux de sécurité accrus qui se posent à elles.
 
Quelle ont été les actions phares de l’Adccff 2b ?
 
« L’action la plus visible a été celle qui nous a conduits avec le SIS 2B,  à sensibiliser les publics scolaires, entre autres sur le thème de l’autoprotection face à l’incendie de forêt, avec une moyenne annuelle de 800 élèves touchés. Cette action a toujours revêtu à nos yeux, un caractère prioritaire afin de prévenir la survenance de cas dramatiques d’évacuations qui ont coûté la vie à des centaines de personnes en Grèce, au Portugal, en Californie et plus récemment en Australie. A cela il faut ajouter, la participation aux réunions estivales de l’interservices, la surveillance incendie opérée tous les étés pour un volume de 2 576 heures de patrouille et 75 000 kms parcourus, l’aide aux communes en matière de plans communaux de sauvegarde et de création de nombreuses réserves communales avec le SIS 2B, etc.
 
- Vous avez évoqué un volet social, en quoi cela a consisté ?
 
- Il nous est apparu important face à la fracture sociétale actuelle, de ne laisser personne au bord du chemin et de contribuer aux actions de prévention sociale et d’éducation à la citoyenneté sur la base des valeurs humanistes portées par les acteurs de la sécurité civile. Nous avons donc répondu aux diverses sollicitations des organismes en charge de l’accompagnement des publics confrontés à des problématiques d’insertion ou de déscolarisation, à l’image de l’association LEIA, la Mission Locale, la Ligue de l’Enseignement (ateliers-relais), la Protection Judiciaire de la Jeunesse, etc. Nous avons également renseigné et accompagné des jeunes désireux de faire carrière dans les métiers de la sécurité civile et notamment dans le corps des sapeurs-pompiers, et cela, avec l’aide du SIS 2B et de nos réserves communales, à l’exemple de celles de Corbara et Lumiu qui ont contribué à faire naitre de belles vocations .
 
- Quels ont été vos soutiens ?
 
- Notre principal soutien moral et financier, a été depuis le début, celui du Service d’Incendie et de Secours de la Haute-Corse avec qui nous avons passé convention et mené de nombreuses actions conjointes dans le cadre d’un partenariat que nous envient encore aujourd’hui, nos homologues du continent. Nous avons également pu compter, sur le concours financier de l’ex-Conseil Départemental de la Haute-Corse, de l’Etat au titre du Conservatoire de la Forêt Méditerranéenne et récemment sur une aide de la CDC. Je me dois également de citer les nombreux chefs d’établissements, enseignants et conseillers pédagogiques de l’IEN Corte qui ont soutenu et accompagné l’action d’éducation à l’environnement et à la culture du risque de l’association .
 
- Des regrets à l’heure de la dissolution ?
 
- Le sentiment amer de quitter le terrain alors qu’il reste encore tant à faire, afin de préparer les territoires et les populations à affronter les graves évènements qui vont se produire, plus particulièrement en Corse où nous sommes pour ainsi dire, aux premières loges face aux effets du dérèglement climatique. Le 22 décembre 2019, la tempête Fabien est venue nous rappeler que nous pouvons être totalement isolés en cas d’évènement majeur avec les conséquences que l’on peut imaginer. Les récents incendies ont démontré que sans l’apport massif de renforts, nous ne pouvons pleinement garantir la sécurité des personnes et des biens en Corse. Même si l’on peut le souhaiter, la chance ne saura pas toujours de notre côté. Cela oblige nos gouvernants à revoir en urgence la copie et plancher sur une réponse de sécurité civile redéfinie et adaptée à l’isolement géographique de l’île, qui optimiserait et mutualiserait les ressources disponibles sur place. Et ou bien évidemment, le citoyen, prendrait toute sa place aux côtés de moyens de secours locaux qui ne déméritent pas, bien au contraire et dont il faut saluer l’extraordinaire professionnalisme.
 
- Un mot de fin ?
 
- Je veux ici remercier tous ceux et celles, qui à un niveau ou à un autre et ils se reconnaitront, m’ont fait confiance en me reconduisant depuis le début de l’aventure, à la présidence de cette remarquable association. J’ai été le témoin privilégié du désintéressement dont font preuve les réservistes communaux engagés dans une mission ô combien difficile qui n’est pas toujours reconnue à sa juste valeur, loin s’en faut. J’espère que la CDC, leur donnera toute la reconnaissance et l’aide financière qu’ils méritent assurément,  dans une société où à défaut d’encourager les bonnes actions, on finira malheureusement par cautionner les mauvaises.