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L'UMIH ne cache pas ses inquiétudes à l'orée de la saison 2019


Jean-Paul-Lottier le Mercredi 20 Mars 2019 à 10:10

A l'orée d'une nouvelle saison qui s'annonce morose, les plagistes confrontés au Décret Plage de 2006, et à ses conséquences, ne cachent pas leur inquiétude. Mais c'est aussi l'ensemble des professionnels du Tourisme qui se disent préoccupés pour cette saison 2019 avec notamment un conflit maritime qui risque de poindre à l'horizon ou encore dans le domaine de l'hébergement avec une prolifération de locations Air B'n'B sans véritable cadre juridique.



Bernard Giudicelli (à gauche) et André D'Oriano
Bernard Giudicelli (à gauche) et André D'Oriano

Pour évoquer tous ces problèmes, nous sommes allés à la rencontre d'André D'Oriano, président de la commission plage de l'Union des métiers et des industries de l'Hôtellerie pour la Corse et Bernard Giudicelli, Président Régional de l'UMIH.

Avant de répondre à nos questions, André D'Oriano précise que l'on doit considérer la différence importante qui existe entre les régions : géographie, climat, histoire, culture ….. la Corse 1000 km de côtes.
 

Quel constat dressez-vous et que dénoncez vous aujourd'hui ?

« Je dirais le laxisme de l’Etat depuis 20 ans vis-à-vis des aménagements sur le littoral. Tout a été permis et tout le monde en a profité Etat et exploitants. Par contre on peut dire que les torts sont partagés mais que maintenant ce sont les exploitants et eux seuls qui en paient les conséquences ».
 

Le rôle de l'Etat et de l'Exécutif de Corse dans vos démarches?

« Il faut reconnaître que la mise en conformité des établissements de plage est malgré tout bien accompagnée par les services de l’Etat (DDTM – Préfet).

A ce sujet je pense que la mission de l' Exécutif de Corse aurait pu être de créer une commission avec un représentant de chaque groupe afin de se rendre dans toutes les micro-régions pour analyser chaque situation et faire des propositions adaptées à chaque zone en tenant compte bien sûr des spécificités liées à ces zones pour, ensuite, établir une marche à suivre en concertation avec les services de l’Etat . On ne peut pas se cacher indéfiniment derrière les Préfets, ils ont leur mission . Même si la Loi est là nos élus doivent prendre en main l’avenir de notre région et défendre ses spécificités » .
 

Les Maires doivent-ils renouveler les concessions et à quel prix ?

« Il est bien entendu évident que les Mairies doivent impérativement demander à prendre les concessions de leurs plages . Il s’agit là de l’intérêt de leur commune et de ses administrés… Je pense qu’un Maire a le devoir de garder l’autonomie de gestion de sa commune, tout comme il est important d'exiger un cahier des charges bien précis ».
 

Que pensez-vous de cette obligation de structures démontables, démontées ?

« En ce qui concerne le démontage systématique des structures je ne comprends pas qu’il y ait obligation de le faire. Du moment que les structures existent pouvez-vous me dire à quoi sert de les démonter l’hiver ?

j’ajoute qu’en zone urbaine précisément et surtout dans des stations balnéaires reconnues l’ouverture des établissements de plage doit être prolongée à 9 mois voir 12 mois et le démontage des structures ne doit pas être une obligation et ceci même en faisant abstraction des critères demandés ».
 

Vous avez besoin d'aides dans vos démarches de démolition et de reconstruction ?

« Dans l’état actuel des choses il me paraît en effet très important que des aides significatives soient apportées pour accompagner les exploitants dans leur démarche de démolition et de reconstruction. Sans cela beaucoup de familles corses vont être ruinées et perdre leur outil de travail. Ils seront dans l’obligation de jeter l’éponge et peut être de laisser ainsi la place à la venue de grands groupes d’investisseurs ……

Tout le monde est d’accord pour qu’un véritable « cahier des charges » soit mis en place ».
 

De nombreux événements se profilent à l'orée de la saison mais les établissements de plage ne pourront ouvrir qu'à compter du 15 avril

« Pour « l’anecdote »  je dirais que l’Assemblée de Corse a fait un investissement très important pour la venue du rallye WRC fin mars en Corse, ce qui est une très bonne chose, mais moi je vois que ce rallye va arriver en Balagne et tous les établissements de plage qui font partie de l’attractivité de notre Région seront effectivement fermés…. Car la Loi dit que la période d’ouverture doit être du 15 avril à fin octobre. Cette période d’ouverture doit être mieux adaptée d’autant plus que les hôteliers sont demandeurs et que les insulaires participent au tourisme local en toute saison.Les établissements de plage sont un soutien important à l’économie de la Corse. Je suis étonné que nos élus n’aient pas pris la mesure de cela sans compter que nous n’avons pas beaucoup de sources de revenus en dehors du tourisme…

Alors comment faire du tourisme si on nous enlève nos outils de travail, si on restreint nos périodes d’ouverture ?. les conditions ne sont pas réunies ».
 

Votre sentiment sur la situation des transports en Balagne

« En Balagne on commence a en avoir ras-le-bol d'être des laissés-pour-compte. Cette politique qui consiste à déshabiller Pierre pour habiller Paul est insupportable. Comme l'a dit mon collègue Bernard Giudicelli cette année il y aura 100 rotations de moins sur le Port de l'Ile-Rousse et la situation n'est pas meilleure à l'aéroport Calvi-Balagne.

Il n'est pas normal que le point le plus proche du continent soit traité de la sorte tant au niveau de la programmation que tarifaire ».

 


Bernard Giudicelli : « La situation maritime actuelle est inquiétante pour la saison »

Président régional de l'UMIH, Bernard Giudicelli ne cache pas non plus son inquiétude qui cette nouvelle saison qui se profile.

«  Comme vient fort justement de le souligner mon collègue André D'Oriano, il est effectivement inconcevable que la Collectivité de Corse et les Municipalités aient injectés une très forte somme d'argent pour accueillir le Tour de Corse WRC et que dans le même temps les établissements de plages soient fermés à ce moment là ».

Et de poursuivre en abordant les problèmes que connaît la Corse dans le domaine Maritime

«  Nous venons de subir une grève au cours de laquelle il y a eu un doute et aujourd'hui. Aujourd'hui (lisez hier) le Tribunal administratif a rejeté le recours en référé de la Compagnie Méridionale, ce qui ne laisse rien augurer de bon. 

Le vacancier qui vient en Corse a besoin d'une stabilité et d'une fiabilité au niveau des transports, maritimes, ce qui n'est pas vraiment le cas aujourd'hui.

Pour rester dans le Domaine Maritime je constate aussi qu'en raison de la fermeture du Port de Commerce de Calvi, celui de l'Ile-Rousse devait connaître une progression fulgurante. Pourtant, on constate pour cette saison une diminution d'une centaine de rotations, alors qu'il assure aussi les déroutements de navires. Il y a là vraiment quelque-chose qui ne fonctionne pas.

Toujours dans le Domaine du transport, mais cette fois aérien, Bernard Giudicelli s'étonne du fonctionnement de l'aéroport Calvi-Balagne, qui a pourtant un fort potentiel, et ne cache pas là non plus son inquiétude pour cette saison 2019, avec une grosse concentration du trafic en week-end mais pas le reste des autres jours de la semaine. ».

Enfin, le Président Régional confirme la croisade menée par l'UMIH contre Air B'n'B , société basée en Irlande qui échappe à notre fiscalité et surtout contre les loueurs qui échappent à toute déclaration : «  Aujourd'hui, on constate que les loueurs sont des propriétaires mais aussi des locataires qui proposent l'été leurs appartements, comme c'est le cas par exemple à Calvi où l'on trouve des locations d'été dans des immeubles à loyer modéré, voir des HLM. Ces gens là échappent à tout contrôle et ne sont soumis à aucune déclaration.

En Balagne, cette situation fait que vous arrivez encore à trouver des chambres d'Hôtel en pleine saison »