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A Ghjuventu Paolina : « C’est une vraie fierté de défendre les intérêts des étudiants depuis 25 ans »


Nicole Mari le Dimanche 29 Octobre 2017 à 23:14

Rentrée universitaire oblige, les syndicats étudiants se remettent en ordre de marche. Le syndicat d’obédience nationaliste, mais qui se veut apolitique, A Ghjuventu Paolina, fête, cette année, ses 25 ans. Son nouveau président, Jean-Philippe Mattei, dresse un bilan des actions menées et annonce les objectifs à-venir. Il fait, pour Corse Net Infos, le point sur ses relations avec le CROUS, l’université et les associations étudiantes. Il profite de l’occasion, en ces temps de campagne électorale, pour prendre position sur certains sujets d’actualité, notamment politiques.



Le syndicat étudiant, A Ghjuventu Paolina, fête, cette année, ses 25 ans.
Le syndicat étudiant, A Ghjuventu Paolina, fête, cette année, ses 25 ans.
- Vous fêtez cette année le 25ème anniversaire de votre syndicat. Qu’est-ce que cela représente ?
- Un quart de siècle, ce n’est pas négligeable ! C’est une vraie fierté pour nous de faire vivre ce syndicat qui est une véritable institution. A Ghjuventu Paolina est le syndicat historique de l’université de Corse. Il est né le 4 novembre 1992 de la scission de la CSC (Cunsulta di i studienti corsi). Avec nos 30 militants bien impliqués, nous avons la volonté d’être un syndicat purement à-politique. Depuis 1992, nous sommes engagés dans une lutte de libération nationale et nous soutenons tous les patriotes corses qui ont contribué, de manière honnête, à notre lutte. Nous organiserons, d’ici à la fin de l’année civile, différents évènements très importants pour A Ghuventa Paolina, comme pour l’université de Corse puisque nous défendons les intérêts des étudiants. Au niveau estudiantin, nous sommes bien investis.
 
- Côté élection, l’année écoulée a été, pour vous, assez fructueuse ?
- Oui ! Nous avons gagné deux élections : celle du Conseil d’administration du CROUS où nous sommes invaincus depuis plusieurs années. Et, au sein de ce Conseil, nous avons gagné l’élection du vice-président étudiant, que nous n’avions plus gagné depuis des années. Nous en sommes très fiers ! Cela nous aidera à mieux faire valoir nos intentions au sein du CROUS. Ce vote est le signe de notre engagement pour les étudiants et de la confiance qu’ils nous portent. Nous avons également remporté, pour la première fois, les élections de l’IUT (Institut universitaire de technologie) de Corse. C’était une élection très disputée contre la liste d’a Cunsulta di i studienti corsi. Nous nous sommes, par exemple, opposés farouchement à la privatisation de la cafétéria de l’IUT, dont le local est loué par le CROUS. Cela aurait forcément entrainé une hausse conséquente des prix qui aurait été défavorable aux étudiants.
 
- Quel bilan tirez-vous de votre action sur le campus lors de l’année précédente ?
- Le fait d’avoir gagné les élections du Conseil d’administration du CROUS nous a permis d’être très actifs et d’atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Nous avons obtenu la réouverture, cette année, du Restaurant universitaire du campus Grimaldi qui était fermé le soir, alors que les étudiants, dans certaines cités, n’avaient pas le droit de cuisiner dans leurs chambres. Nous avons, également, obtenu la réouverture et la rénovation de la laverie de la cité PP1 (Pasquale Paoli 1) et la rénovation du restaurant universitaire. Nous avons, aussi, obtenu l’ouverture de chambres spécialisées pour les personnes à mobilité réduite.
 
- Vous aviez eu des problèmes avec un directeur du Crous. Qu’en est-il avec son successeur ?
- Nous avons eu des soucis avec Alain Cordina à cause, notamment, de son projet de véranda qu’il voulait construire à côté du restaurant universitaire du campus Mariani. Cela, sans aucun permis de construire ! Il a clairement refusé de dialoguer avec nous, les tensions ont fini par causer son départ. Après trois mois d’intérim, un nouveau directeur est arrivé en janvier dernier, Marc-Paul Luciani. Cela nous a permis de retrouver un dialogue avec les instances du CROUS et de réaliser notre programme.
 
- Quelles relations entretenez-vous avec l’université ?
- Elles sont autres. Un exemple, en 1994, A Ghuventa Paolina a obtenu, grâce à une action auprès de la Collectivité territoriale de Corse (CTC), la fermeture de toutes les administrations, le 8 décembre, pour la fête de la nation corse. L’an dernier, l’université de Corse n’a pas respecté cette fête et a décidé de rester ouverte ce jour-là. Nous avons, donc, décidé de la bloquer. C’est une grosse action que nous avons été les seuls à mener.
 
- Quels sont vos objectifs, cette année ?
- D’un point de vue social, nous sommes activement engagés auprès de plusieurs associations, notamment d’Aiutu Studientini, une épicerie solidaire montée par des étudiants pour lutter contre la précarité sur le campus. Récemment, nous avons mené, ensemble, une opération caddy qui a permis de récolter le contenu de quinze caddies. Nous menons ce type d’opérations depuis 2011 et nous sommes en train de réfléchir à des solutions et à des actions dans les semaines à-venir pour enrayer ce phénomène de précarité croissante. Nous travaillons, également, à l’amélioration de la carte étudiante, notamment l’extension de ses fonctions, et à une nouvelle carte de formation. L’idée est d’encourager les DU (Diplôme universitaire) du Centre de formation, qui sont en lien étroit avec notre tissu socioprofessionnel. Nous militons, notamment, à la mise en place de filières d’excellence.
 
- C’est-à-dire ?
- Corte accueille, aujourd’hui, la filière PACES (Première année commune aux études de santé), la première année de médecine. On souhaiterait que la 2ème année puisse, aussi, être effectuée sur le campus cortenais, les étudiants ne seraient, ainsi, pas obligés de partir dès leur 2ème année sur le continent. Nous réclamons, également, le retour de la filière Sciences politiques qui a été supprimée en 2015. Nous proposerons ces projets aux prochaines élections du Conseil d’administration de l’université de Corse qui auront lieu en janvier et où nous présenterons une liste pour pouvoir les mener à bien.
 
- Vous participez à l'Assemblea di a Giuventù, mise en place à l’Assemblée de Corse. Quelle est votre ligne de conduite ?
- Notre groupe A Ghuventa Paolina garde, à l'Assemblea di a Giuventù, la même ligne de conduite que notre syndicat. Nous travaillons sur de nombreux dossiers que nous proposerons à la session qui a lieu ce lundi. Parmi ces dossiers, nous demandons un statut fiscal dérogatoire pour les résidents corses, la coofficialité de la langue corse, et, plus que jamais, la libération de tous les prisonniers politiques. C’est une position que nous défendons depuis plusieurs années. Plusieurs prisonniers comparaissent en justice le 22 novembre prochain, ils sont inculpés pour des raisons qui, pour nous, ne sont pas valables. Nous serons présents au procès pour leur apporter notre soutien.
 
- Comment réagissez-vous à la multiplication des procédures contre des étudiants ? Votre syndicat est-il concerné par ces arrestations ?
- Non ! Personne de notre syndicat n’a été incarcéré. Nous soutenons, bien entendu, tous les jeunes qui l’ont été l’an dernier en nombre important. Nous soutenons, aussi, le refus du contrôle du FIJAIT. L’exemple le plus marquant est celui de Félix Benedetti, un des militants les plus importants de l’histoire de la structure, un des fondateurs. Il comparait, le 22 novembre, avec Stéphane Tomasini.
 
- La Corse entre en campagne électorale. Prendrez-vous position pour une liste ?
- Oui ! On se doit de le faire ! Nous prenons position pour les Nationalistes, mais nous ne donnons pas de consignes de vote. Nous ne disons pas : votez Rinnovu ou votez Pè a Corsica. Nous disons seulement que la population corse doit voter nationaliste.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.