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Déchets : Le Collectif de Moltifau, inquiet du choix du site d’enfouissement


Nicole Mari le Mercredi 17 Avril 2019 à 21:05

Trouver de nouveaux sites d’enfouissement, de stockage et de compostage des déchets inertes est présenté comme l’une des solutions à la crise des déchets qui menace l’île. L’Exécutif corse a demandé aux intercommunalités ou groupe d’intercommunalités regroupées en cinq territoires de faire des propositions en la matière. Ce qu’elles ont fait lors de la dernière réunion de Corti. Les études menées sur le site du Centre Corse, situé sur la commune de Moltifau, au confluent de trois rivières, inquiète les populations locales. Un Collectif s'est créé pour demander l’étude d’autres sites sur la microrégion. Explications, pour Corse Net Infos, de Catherine Cognetti-Turchini, conseillère territoriale du groupe Andà per Dumane, et conseillère municipale de Merusaglia.



Près du site à l'étude...
Près du site à l'étude...
- Quel est le problème ?
- Il s’agit du choix du site d’enfouissement des déchets pour le groupe des trois intercommunalités : Balagne, Corte et Centre Corse avec la Communauté de communes Pascal Paoli. Je tiens d’abord, à dire que chacun d’entre nous, que nous soyons responsables d’associations, acteurs économiques, élus ou simples citoyens, nous avons tous la volonté d’agir efficacement pour trouver une solution efficiente dans le traitement des déchets. Cette problématique est complexe et constitue un enjeu essentiel notamment pour la Collectivité de Corse. Le président de l’Exécutif a, d’ailleurs, annoncé qu’il va débloquer 2 millions € pour mettre en place le tri à la source. La Corse cherche des solutions tous azimuts. La solution de l’exportation des déchets sur le continent a été refusée par les villes qui devaient les recevoir. Et c’est logique ! Chaque territoire doit être acteur et gérer au mieux ses déchets. L’hypothèse de trouver des centres de stockage est mise en route sur les territoires qui, en se regroupant, ont identifié des sites potentiels. La microrégion de Centre Corse s’inquiète du site proposé sur la commune de Moltifao.
 
- Est-ce le même site qui avait déjà suscité une émotion dans la microrégion, il y a plusieurs mois ?
- Tout à fait ! L’étude est toujours en cours. Ce site choisi pour enfouir des déchets inertes, suite à une étude du Syvadec et sur proposition d’un élu, semble une aberration environnementale. C’est une ancienne carrière située sur la route qui mène en Balagne et au confluent de trois rivières : Golu, Ascu et Tartajine, A cet endroit, aux portes de la Balagne, se trouvent tous les captages d’eau qui alimentent les villages de Lama, Pietralba, Urtaca, Castifau, Moltifau, Canavaghja, Ponte-Leccia et Pedigrisgiu. Nous craignons des infiltrations et que les nappes phréatiques ne soient polluées. Ce site ne peut avoir qu’un impact négatif sur toute la vallée du Golu, y compris la vallée d’U Canale qui part de Lama, Urtaca jusqu’à Pietralba. Il ne peut être que néfaste pour la population.

- La population monte-elle au créneau contre ce site ?
- Oui ! La population va constituer un Collectif pour demander l’étude d’autres lieux d’enfouissement. Il serait souhaitable que d’autres propositions de sites émergent dans le secteur. Je le répète : il est normal que chaque microrégion est son site d’enfouissement, mais que ce soit en cohésion avec les attentes de la population. Aucun projet ne peut se monter sans l’accord des habitants et des acteurs des territoires.
 
- Vous aviez posé une question orale sur ce sujet à l’Assemblée de Corse en avril 2018. Que vous a répondu l’Exécutif ?
- Le président Gilles Simeoni nous avait rassurés. Il nous avait dit que si l’étude montrait quelques faiblesses que ce soit, il prendrait lui-même la décision de ne pas faire l’enfouissement dans ce site. Lors du prochain Conseil d’administration de l’Office hydraulique, je vais interroger le président Luciani pour qu’il nous donne sa position et je vais solliciter l’aide de l’Office pour qu’il fasse une étude complémentaire afin de voir s’il n’y a aucun risque d’infiltration sur le site choisi.

- Pourquoi n’êtes-vous pas plus rassurés ?
- Je ne remets pas en cause la parole du président de l’Exécutif. Mais, la population est inquiète et sa confiance est fragilisée parce qu’elle voit que l’étude continue, alors qu’il avait été proposé un site plus en hauteur dans un endroit loin de ces fleuves. On parle même de déplacer les captages. Ce que je veux, c’est la certitude que l’emplacement choisi ne comportera aucun risque. Nous avons besoin d’être sécurisé sur l’implantation d’un site.
 
- N’y avait-il pas une contrainte de passage de train à proximité pour le transport des déchets ?
- Oui, mais le choix de ce site est illogique d’un point de vue environnemental. On ne peut pas, sous prétexte que le train passe à côté, faire prendre des risques à la population et à nos enfants parce que ce sont eux et les populations à-venir qui seront pénalisés. On ne peut pas laisser faire ce genre de projet qui va à l’encontre du développement durable.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Catherine Cognetti-Turchini, conseillère territoriale du groupe Andà per Dumane, et conseillère municipale de Merusaglia.
Catherine Cognetti-Turchini, conseillère territoriale du groupe Andà per Dumane, et conseillère municipale de Merusaglia.