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Ajaccio : La «rue des tonneaux» pointée du doigt lors de la réunion publique de quartier


Florence Vandendriessche le Dimanche 11 Mars 2018 à 15:25

Dans le cadre des réunions publiques de quartier, le maire d’Ajaccio s’est rapproché samedi matin, des habitants de la vieille ville. C'est à l'école primaire de Forcioli-Conti, que Laurent Marcangeli, les élus et des directeurs de services municipaux avaient donné rendez-vous à la population afin d’échanger avec les riverains et présenter les opérations réalisées, mais aussi sur les projets en cours et à venir dans la vieille ville. L'occasion aussi pour chacun d'exprimer ses doléances. Des riveraines de la rue Roi de Rome sont à bout, la rue est invivable, elle demande au maire de faire quelque chose.



Ajaccio : La «rue des tonneaux» pointée du doigt lors de la réunion publique de quartier
 Salle pleine ce samedi,  où après une même réunion dans le quartier Berthault la veille, c’est dans la petite école de la vieille ville, que le maire a fait le point sur les réalisations 2017 et a présenté les projets 2018 dont l’aménagement de la place Campinchi, le marché couvert et le projet d’acquisition de la citadelle. On parle de désengorger la ville, rendre le centre plus agréable avec de zones piétonnes (citadelle avec un projet de passerelle) des espaces de promenades, de pistes cyclables, des stationnements en entrée de ville, ascenseur urbain, téléphérique... 
De beaux projets afin de rendre vivant le cœur de ville et ce pour le bien vivre - ensemble - à Ajaccio.

 
Très vite, les riverains et commerçants, se sont vivement exprimés dans l’assemblée sur les problèmes rencontrés dans leur quotidien. Un commerçant demande au ùaire d'agir sur le non-respect de l'occupation du domaine public par des individus qui s'estiment au-dessus des lois. Un homme demande un rendez-vous, il est horloger et subit des innondations. Il a dû tout refaire à plusieurs reprises. Il élève seul son fils, la vie n'est pas facile pour lui. Doit-il baisser la tête face au syndic qui ne réagit pas, comment va t-il s'en sortir ?  
Incivilités, non respect de l’occupation du domaine public par des établissements, bruit, ordures ménagères…
Les problèmes sont posés sur ces sujets qui reviennent chaque année sur la table. Des femmes résidentes sont venues pour dire l'enfer qu'elles vivent.


Rue Roi de Rome : les riverains n’en peuvent plus
"Je voudrais attirer votre attention, s’exprime une habitante du quartier, comme l’année dernière sur la rue Roi de Rome mais je dirais plutôt « la rue des tonneaux », ces tonneaux qui prennent l’emplacement des voitures, j’imagine qu’ils ne payent pas le stationnement… mais ça c’est une chose. Le pire, M. le Maire, c’est le bruit. Est-ce qu’il y a quelque chose de prévu ? Au moins une heure de fixée le soir ?"

- Elle y est, l’heure elle est fixée ! répond une autre habitante, mais elle n’est pas respectée !
- Le maire : je  sais. J’entends bien mais la police nationale doit intervenir et si elle n’intervient pas ce n’est pas de mon ressort.
- Alors comment on fait ? On appelle, continue-t-elle, ils ne viennent pas et on passe des nuits… et c’est de pire en pire.  M. le Maire, oui Il y a des améliorations grâce à votre travail, c’est vrai, on en est conscient mais il y a pourtant des points noirs dans la rue Roi de Rome, on n’arrête pas d’appeler la police, de faire les courriers. La police ne passe même plus ou si peu et quand elle passe, elle s’arrête devant l’établissement, appelle le gérant, ils se font un petit coucou, se tapent la main et même parfois rentrent boire un verre… et quand je vois la police ressortir avec quelque chose dans les mains, franchement je me pose des questions… franchement on commence à en avoir marre.


Dans la rue Roi de Rome, il y a plus de tonneaux que d’habitants au mètre carré. On a du mal à circuler, quand on marche sur les trottoirs, on nous jette parce qu’on gêne la clientèle. J’ai une amie handicapée qui ne veut plus venir me voir parce qu’elle ne peut pas passer sur les trottoirs, les gérants de restaurant mettent leurs tonneaux pour garder la place pour leur voiture ou pour celles de leurs clients. Et j’ai retrouvé ma voiture rayée parce que j’avais osé enlever un tonneau pour me garer.  Je suis d’accord pour m’entendre avec eux mais avec certains c’est impossible car lorsqu’on vient les voir, ils nous disent : « on est chez nous, je fais ce que je veux ». J’habite rue des bûcherons qui donne sur le rue Roi de Rome entre deux bars bien connus, c’est eux qu’ils disent qu’ils sont chez eux  et qu’ils n’ont peur de rien. Il y en a un qui m’a dit qu’il allait installer des tonneaux. Bien entendu, j’ai vérifié, il n’a pas demandé d’autorisation. Mais bien sûr, il m’a dit : «  Dans toute la rue, dans toute la vieille ville, on met des tonneaux où on veut, je ne vois pas pourquoi je ne ferai pas pareil. »


"Nous riverains, on veut simplement vivre en bon intelligence mais en face de nous, il n’y a pas la même volonté. Et pour finir avec ça, je vais arrêter de parler parce que là j’ai sorti tout ce que j’avais sur le cœur, je voudrais parler du problème des poubelles. Nous, on respecte les horaires de dépôt des poubelles mais quand ils déposent leurs ordures loin de leur restaurant, à 4 , 5 h euresde l’après-midi ou le matin à 10 heures, ils disent « on nous a dit de les mettre là », par contre si nous riverains nous ne respectons pas la réglementation, on vient nous voir. Alors j’aimerais qu’on m’explique."


"Je vous entends et vous comprends. Je vais vous expliquer ce qui a été fait pour vous  démontrer que c’est un sujet compliqué pour nous" répond Laurent Marcangeli.
"Au sujet du bruit, il y a eu 12 plaintes de déposées, des fermetures administratives parfois, pas autant que je l’aurais souhaité. Il y a une réglementation qui existe, des arrêtés municipaux qui ont fait l’objet de fortes contestations de la part des personnes concernées qui me qualifiait de liberticide. Il y a eu des contrôles par rapport aux insonorisations et aux installations faites avec mise en demeure par la préfecture. Malgré le travail avec les services de l’état et du Procureur de la République, ça n’avance pas assez vite. Un arrêté municipal sur le bruit s’impose à la police, à la justice. L’arrêté est un acte de police administrative, donc le seul qui peut faire observer l’arrêté  c’est l’état. Moi je fais le maximum. La problématique est là : il n’y aura pas d’efficacité tant que tous les services se mettent en ordre de marche".

"Nous, on a pris nos responsabilités. Nous sommes en délicatesse avec des commerçants, je l’assume, notamment sur l’occupation du domaine public qui est aussi un problème majeur. Ce que je peux faire, moi en tant que maire, au sujet du bruit, c'est d'aller dans du restrictif. Il nous a été reproché par les commerçants de les avoir mis sous cloche. Pourtant ce sont des réglementations qui nous semblent adaptées. Sur l’occupation du domaine public, durant l’année 2017, 80 constats d’infractions ont été transmis, rédigés, plus de 34 mises en demeure, rien n’y faisait, j’ai donc saisi la justice à Ajaccio, à partir du mois de mars en référé (mesure d’urgence).
Le tribunal de grande instance m’a répondu :
« Il n’y a pas urgence ». j’ai fait appel, ça a été plaidé il y a 10 jours à la cours d’appel de Bastia. 8 établissements ont été convoqués. J’ai demandé l’évacuation de ce qui était placé sur le domaine public. L’affaire est en délibéré. Je ne sais pas encore si j’obtiendrai gain de cause. Il faut savoir que certains préfèrent payer les amendes."


Laurent Marcangeli s'est exprimé avec justesse sur les différents sujets évoqués en apportant des réponses aux riverains, il a aussi expliqué se sentir désarmé face à certains problèmes qui ne relèvent pas de sa compétence.