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Parc régional : La mise au point musclée de la majorité territoriale contre Jacques Costa


Nicole Mari le Mercredi 20 Décembre 2017 à 17:10

Au lendemain des élections territoriales, la nomination imprévue de José Filippi comme directeur adjoint financier du parc naturel régional de Corse (PNRC) a suscité une grave crise de gouvernance. Cette décision, prise unilatéralement par le président Jacques Costa sans en référer au préalable aux membres du Syndicat mixte, l’assemblée délibérante du Parc, n’est pas du tout du goût des élus de la majorité territoriale Pè a Corsica qui dénoncent le non-respect des règles établies en matière de gestion et de recrutement. La Collectivité territoriale (CTC), finance à 85% le fonctionnement et à 80%, par le biais de l’Office de l’environnement (OEC), les investissements du Parc. Des financements soumis à des procédures strictes, mises en place par la majorité nationaliste depuis deux ans pour assainir la situation budgétaire et retrouver le label perdu en 2011. Mercredi matin à Corte, les Nationalistes ont vertement rappelé le directeur du Parc à l’ordre.



Lac de Ninu - Parc naturel régional de Corse.
Lac de Ninu - Parc naturel régional de Corse.






Voici le texte lu pendant la conférence de presse :
 
« Le président du Syndicat Mixte du PNRC/Parcu di Corsica a déclenché très récemment une grave crise de gouvernance au sein de cet organisme.
 
Chacun connait les difficultés graves auxquelles le Parcu a été confronté depuis 10 ans.
Le Parc a perdu son label en 2009 ; il a bénéficié d’une tolérance jusqu’en 2011.
La validation de la nouvelle Charte conditionne l’obtention du label, et par là même l’existence du Syndicat mixte, dont la vocation unique est la mise en œuvre de cette Charte.
 
En attente depuis 2011, la Charte est enfin finalisée grâce l’action très soutenue des élus et des équipes du parc et à l’implication très forte de la CTC et de l’OEC.
 
Parallèlement, la CTC a affirmé sa volonté de voir le Parc retrouver un fonctionnement normal, des finances assainies, une gouvernance stable. A cet effet, une méthode de travail a été définie conjointement, notamment pour cadrer les recrutements, de façon à éviter le renouvellement des dérives du passé (création d’emplois à la veille d’élections) : il a été convenu que toutes les ouvertures de postes et embauches devaient être soumises à l’approbation du Comité syndical du Parc.
 
Cette méthode a fonctionné pour la pérennisation d’emplois aidés, pour un CDD (Natura 2000), y compris pour des postes de saisonniers.
 
Les élus de la majorité territoriale ont appris de manière fortuite le recrutement d’un Directeur Général Adjoint, sans que le Comité Syndical, instance délibérante du syndicat mixte, ni même le Bureau, formation décisionnelle restreinte, n’en n’aient été informés. Il nous apparaît particulièrement incongru que l’assemblée délibérante ait à se prononcer sur le recrutement d’agents saisonniers et non sur le recrutement d’un cadre de l’équipe de direction.
La délibération en date de 2006 ( !) sur laquelle se fonde ledit recrutement ne peut en aucune manière servir de base à cette procédure.
 
Par ailleurs, pour restaurer la confiance et redresser le Parc, l’OEC a mis à sa disposition pour 3 ans une cadre de haut niveau, Mme Castelli, qui s’est attachée à restaurer les circuits administratifs et financiers selon des critères de gestion rationnelle,  mettre en place un nouvel organigramme, faire à nouveau fonctionner les commissions (appel d’offres, commissions thématiques), définir des règles (usage des véhicules, rationalisation des dépenses, moyens généraux), etc.
 
Mme Castelli a assuré cette mission avec efficacité pendant plus d’un an, sous le contrôle des instances du Parc et a permis d’avancer sur des points cruciaux : budget consolidés, dossiers de remise en état des refuges (dont 3 sont financés dès cette année dans le cadre du Comité de massif),  création de la commission « Refuges » pour la mise place d’une nouvelle gouvernance sur les refuges du GR 20, Charte, etc.
 
Lors de la dernière AG du Syndicat mixte, le Président a fait reporter sine die des dossiers extrêmement importants, comme le mode de gestion des refuges, la réalisation obligatoire du Document unique ; il a également différé la validation de l’organigramme, élément décisif d’une bonne gestion.
Puis, sans discussion préalable, il a dénoncé la convention, et signifié la fin de sa mission à Mme Castelli.
 
En déclenchant ainsi une crise et une fracture au sein du Parc, le président prend des risques considérables :
-Il rompt la confiance entre le Parc et la Collectivité de Corse, qui assurera cette année 85% du financement.
- Il casse la dynamique et l’espoir de renouveau manifestés par les 177communes qui ont délibéré pour leur adhésion ou ré-adhésion, à l’occasion de la nouvelle Charte.
- Il freine le redressement indispensable du Parc, qui est loin d’être achevé.
 
Pire encore, il prend le risque que le Label ne soit pas renouvelé ; en effet, le retour à une gouvernance stabilisée est le principal point de vigilance mis en exergue  par tous les organismes qui ont été consultés sur l’avant projet (Autorité environnementale, Fédération des Parcs régionaux, CNPN) et qui auront à se prononcer sur la labellisation dans la dernière phase de décisions, au premier semestre 2018 : le CNPN (Conseil national de protection de la nature), puis avis final de l’Etat  et décision du Ministère (décret de classement).
 
Tant la méthode que le fond sont inacceptables.
La Collectivité de Corse, particulièrement attachée, comme tous les Corses, à l’avenir du Parcu di Corsica, ne peut accepter cette situation, qui devra être clarifiée dans les meilleurs délais.
 
Depuis deux ans, l’implication des élus de la majorité territoriale a été constante et leur action guidée par le seul intérêt de l’institution : son redressement et sa stabilisation. Dans le même état d’esprit, les élus « Pè a Corsica » du comité syndical du PNRC et la Présidente de l’Office de l’Environnement de la Corse demandent à ce que les principes et procédures qui ont prévalu durant deux ans continuent de s’appliquer sur la question stratégique du choix de la gouvernance du Parc. A cet effet, nous demandons au Président du PNRC de convoquer dans les premières semaines de l’année 2018 une réunion de l’assemblée délibérante afin de débattre de ces choix. A défaut, et conformément aux statuts du syndicat mixte, nous prendrons l’initiative de convoquer cette réunion.
 
Sans attendre la désignation des nouveaux représentants de la Collectivité de Corse, les élus « Pè a Corsica » issus de la Collectivité Territoriale de Corse (CTC) prendront l’initiative de solliciter une rencontre avec les représentants du personnel afin d’évoquer avec eux ces sujets.
 
Si nous sommes ouverts à toute discussion sur le fond, dans le respect des prérogatives de l’ensemble des acteurs, nous ne pourrons déroger aux principes d’équité, de transparence et de collégialité qui ont vocation à s’appliquer à l’ensemble des institutions pour lesquelles la Collectivité Territoriale de Corse est partie prenante. »

Les élus de la majorité territoriale Pè a Corsica : Agnès Simonpietri, Hyacinthe Vanni, Petr'Anto Tomasi, Marcellu Cesari et Vanina Borromei.
Les élus de la majorité territoriale Pè a Corsica : Agnès Simonpietri, Hyacinthe Vanni, Petr'Anto Tomasi, Marcellu Cesari et Vanina Borromei.