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Inseme per Bastia : De la victoire électorale à la victoire politique


Nicole Mari le Dimanche 29 Juin 2014 à 21:21

Le mouvement nationaliste modéré, Inseme per Bastia, grand vainqueur de l’élection municipale de mars dernier, a réuni ses militants, dimanche au Casone sur le Lido de la Marana. Un séminaire de rencontre et de travail pour faire le point sur la nouvelle donne politique et préparer la prochaine assemblée générale du mouvement qui se tiendra en septembre prochain. Au programme : l’évolution des statuts, le financement, la communication interne et externe... Et un enjeu : comment pérenniser la victoire électorale en une victoire politique et transformer une force d’opposition en une force de gouvernance tout en gardant sa spécificité ?



Réunion plénière d'Inseme per Bastia à Biguglia.
Réunion plénière d'Inseme per Bastia à Biguglia.
Inseme per Bastia fut la machine de guerre de Gilles Simeoni pour remporter l’élection municipale de mars 2014 et faire tomber la citadelle zuccarelliste. Trois mois après cette victoire historique, adhérents et militants se sont retrouvés, dimanche, à La Marana, pour participer à une longue journée de travail et de réflexion autour de leur leader et de leurs nouveaux élus municipaux. La matinée a été consacrée à une réunion plénière qui a permis de dresser un premier bilan de ces trois mois de gouvernance et de présenter le travail réalisé par les élus et l’équipe en place. Mais pas seulement… Les élus ont également écouté ce que les militants avaient à dire. « Les adhérents d’Inseme ont souhaité une réunion de travail, d’abord, pour analyser le résultat historique, mettre les choses à plat, discuter sereinement et pour, ensuite, repartir de l’avant, se mettre en ordre de bataille, structurer le mouvement afin de concrétiser la victoire électorale en une réelle victoire politique », explique Jean-Claude Morison, membre d’Inseme per Bastia.
 
Un nouveau rôle
Tout l’enjeu était de définir un plan d’action pour renforcer la démarche nationaliste modérée locale qui a été, depuis sa création, une force d’opposition. Après la victoire et le changement de donne politique, les défis se modifient et d’autres enjeux apparaissent. Inseme passe du statut d’opposant ou de challenger à celui de pilier de la nouvelle majorité municipale. Il entend, donc, repenser son action, renforcer sa présence sur le terrain et son efficacité pour pouvoir jouer pleinement ce nouveau rôle. « L’objectif politique était double : d’abord, gagner les élections municipales. C’est fait ! Ensuite, et sans doute le plus important, réussir au plan politique. L’action des élus, y compris quand ils font partie d’une majorité, ne peut pas, à elle seule, réussir à transformer profondément la vie d’une cité, comme c’est notre objectif. Des élus, coupés du terrain, ne peuvent pas réussir. C’est pourquoi nous avons besoin d’un mouvement enraciné dans une pratique de terrain avec des militants proches des attentes des gens et s’impliquant au quotidien dans les quartiers », précise Gilles Simeoni.
 
Des relais sur le terrain
Une stratégie totalement partagée par les militants qui veulent poursuivre la démarche et servir de relais dans les deux sens. « Notre volonté est, effectivement, d’aider nos élus qui forment le groupe majoritaire au sein du Conseil municipal en étant, à la fois, une force d’explication et de propositions. Nous devons relayer le travail effectué par la majorité municipale, expliquer sur le terrain les arbitrages décidés et être, en même temps, une force de propositions par les remontées des besoins des habitants. Le but est de créer des convergences pour que le plus grand nombre de Bastiais puissent s’exprimer et peser sur les choix municipaux. C’est notre façon de faire vivre la démocratie participative, qui était au cœur de notre projet électoral », renchérit Jean Claude Morison.
 
Un but affiché
Si le but est clairement affiché, comment y parvenir ? Comment trouver une complémentarité entre le travail des militants et celui des élus ? « L’engagement politique doit être large et multiforme. Il faut repenser le rapport entre le mouvement et les élus. Le but est de construire un lien qui exprime notre volonté de refonder et de renouveler profondément les cadres de l’action politique », estime Gilles Simeoni. Pour cela, la réflexion s’est organisée, l’après-midi, autour de trois ateliers : le 1er a réfléchi sur la motion d’orientation générale, le 2nd a défriché les nouveaux statuts à mettre en place et le 3ème a cherché les moyens d’améliorer la communication, tant interne qu’externe. A ce niveau-là se pose, pour la démarche exclusivement bastiaise, la question de ses relations avec les autres composantes du millefeuille modéré qui culmine avec Femu a Corsica. « Au-delà de la logique municipale qui est, bien sûr, essentielle, Bastia a une portée politique et symbolique qui dépasse de loin les limites de la cité. Ce que nous faisons à Bastia a forcément des résonnances à l’échelle de la Corse, même si les niveaux ne sont pas les mêmes », commente le leader nationaliste.
 
Rester soi même
Pas question, à priori, pour ce mouvement associatif de se convertir en un parti politique structuré, à l’instar, par exemple, des alliés du PNC ! Même si, comme l’affirme Gilles Simeoni : « Ce sont les militants qui le décideront ! C’est un débat qui va nous amener jusqu’à la rentrée ». L’objectif est de « trouver un équilibre entre la volonté d’être aujourd’hui une force qui, de fait, est adossée à une majorité municipale, c’est-à-dire dans une logique tout à fait différente de celle d’opposition qui était la nôtre jusqu’à présent, tout en conservant l’identité politique d’Inseme, qui a fait sa réussite. Nous avons, aussi, gagné l’élection municipale parce que nous étions dans une démarche ouverte, respirante, démocratique, capable précisément de dépasser la logique de parti pour intégrer dans une perspective d’ensemble toutes les initiatives de la société civile. Nous voulons continuer sur cet axe-là plus généreux et plus ouvert. C’est pourquoi nous réfléchissons à la façon la plus efficace de structurer Inseme per Bastia ».
 
Pas de parti fermé !
C’est, apparemment, l’avis des militants : « Inseme per Bastia est, avant tout, un espace de convergence, un lieu où des militants se sont rencontrés, ont pensé qu’il fallait profondément changé les choses dans cette ville et ont travaillé sur un autre projet. Cette démarche, initiée en 2008, s’est concrétisée par la victoire de 2014. Aujourd’hui, nous sommes un peu à la croisée des chemins. Nous devons revoir notre mode de fonctionnement qui, jusqu’à présent, était associatif. Il n’est pas question de nous transformer du tout au tout, de devenir un parti fermé, mais de repenser notre mode d’organisation pour être encore plus efficace. L’idée n’est pas de créer un parti, mais de continuer cet espace de convergence qui est l’ADN d’Inseme per Bastia, de mieux le structurer avec des réunions plus régulières et un bureau qui fonctionne différemment », appuie Jean-Claude Morison.
Le bureau sera, d’ailleurs, renouvelé lors de l’assemblée générale de septembre.
N.M.