Corse Net Infos - Pure player corse

Bastia : L’expédition « la planète revisitée » se déroule en Corse !


Philippe Jammes le Lundi 13 Mai 2019 à 16:58

Gilles Simeoni, Président du Conseil exécutif de Corse, et Josepha Giacometti, Conseillère exécutive chargée de l'enseignement secondaire, de l'enseignement supérieur et de la recherche, ont présenté ce lundi matin la grande expédition « la planète revisitée » en Corse, au service de la biodiversité, et menée par le MNHN, Muséum National d’Histoire Naturelle avec l’appui de nombreux partenaires*.



Des pièges à insectes vont être installés dans les forêts de l'Alta Rocca
Des pièges à insectes vont être installés dans les forêts de l'Alta Rocca

Depuis quelques jours,  les  scientifiques  de  « La  Planète  Revisitée »  ont entamé sur notre île un programme  d’expéditions de 3 ans conduit donc par le Muséum National d’Histoire Naturelle, en partenariat  avec la Collectivité de Corse et l’Agence française pour la Biodiversité.
Ce  programme a pour objectif de réaliser un échantillonnage des espèces d’algues et  d’invertébrés  marins  et  terrestres  de  l’île. 
« Le Muséum créé en 1635 a 5 missions : conservation des collections, recherche, enseignement, expertise et diffusion des connaissances. En ce qui concerne notre expédition en Corse, un 1er  volet marin se déroule actuellement et jusqu’au  26  mai dans  le  Parc  naturel  marin  du  cap  Corse  et  de l’Agriate afin d’inventorier algues et invertébrés marins » explique Pascale Joannot, directrice du pôle expédition du MNHN.
« Puis du  22 juin au 7 juillet 2019,  c’est au cœur des massifs forestiers de l’Alta Rocca et de Tartagine  que seront inventoriés les  insectes  et  mollusques  terrestres ».  Grâce  aux  moyens  déployés,  cet   inventaire  de Biodiversité sera une référence, non seulement pour la Corse et le continent,  mais aussi  pour les grandes îles de Méditerranée.


« Cette expédition est très importante et nous sommes très fiers que le Muséum ait retenu la Corse pour celle-ci » se réjouit Gilles Simeoni.
« C’est une opération très lourde, qui vient de loin et on est très contents de participer à cette aventure. C’est une opportunité extraordinaire pour nous. On est au confluent de trois enjeux majeurs : le développement durable et la préservation de la biodiversité, la formation et l’éducation, et le tourisme durable. C’est une chance scientifique et humaine extraordinaire ».
De nombreux chercheurs, français et étrangers, vont donc se pencher sur ces petites bestioles qui peuplent, sur terre et en mer, notre île.


« Il n’est pas question de refaire un inventaire tel qu’il a été déjà fait, et bien fait,  en 1826 par le zoologiste Payraudeau » souligne le professeur Philippe Bouchet, « l’objectif n’est pas de découvrir de nouvelles espèces mais de se servir des nouvelles technologies comme le numérique et le séquençage ADN pour mieux les répertorier ».  
Entre 1824 et 1825, Benjamin Charles Marie Payraudeau avait dressé l'inventaire faunistique de la Corse. Lors de cette expédition, il découvrit d’ailleurs deux nouvelles espèces d'oiseaux, appartenant aux genres Mouette et Cormoran : le goéland d'Audouin et le cormoran huppé de Desmarest. Il inventoria en fait 71 espèces nouvelles de mollusques marins et terrestres et les publia dans le « Catalogue descriptif et méthodique des annélides et des mollusques de l'île de Corse » en 1826.
« Pour cette mission « nous nous intéresserons aux toutes petites espèces d’algues, de crustacés ou de mollusques. On procédera à des récoltes en vrac, sur des portions de 1 m². Nous les analyserons ensuite en laboratoire à Stella Mare »  complète Philippe Bouchet. 


Coté terrestre le « terrain de jeu » sera L’Alta Rocca. « Nous allons faire un focus sur les invertébrés car nos connaissances sont assez fragmentaires» indique pour sa part Olivier Pascal, chargé de projet au MNHN. « En juin, nous poserons des pièges à insectes, différents selon les espèces. Nous aurons l’aide de nombreux experts internationaux dont deux belges, spécialistes des mouches. Nous travaillerons dans des sites  boisés de différentes espèces : sapins, hêtres, érables, chênes etc. La récolte, étalée sur 2 ans, nous permettra d’en savoir plus sur la fréquentation de ces insectes sur l’île».


Cette opération comportera aussi un volet éducatif en partenariat avec l’Education Nationale. « Nous sommes très enthousiastes à cette opération qui rentre bien dans notre programme pédagogique sur l’île » déclare Christian Mendivé, directeur Académique des Services de l’Education Nationale de Haute-Corse. « En Corse beaucoup d’écoles et d’établissements du 1er et du second degré sont déjà très engagés dans le développement durable et la préservation de l’environnement »  
CNI a recueilli les impressions de Gilles Simeoni
 --
*Les partenaires : Le projet La Planète Revisitéeen Corse est mené par le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), en partenariat avec la Collectivité de Corse (CdC) et l’Agence française pour la biodiversité (AFB), l’Università di Corsica, l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC), le Parc naturel du cap Corse et de l’Agriate, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) et l’Académie de Corse, avec l’appui de la  Communauté de Communes de l’Alta Rocca, l’Office national des Forêts (ONF), l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l’Institution de gestion sociale des armées La Marana (IGESA), le Centre d’Etudes Sous-Marine de Saint-Florent (CESM) et le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Bastia (CPIE - U Marinu).
 
Le programme de l’expédition
Du 6 au 26 mai : Exploration du Parc naturel marin du cap Corse et de l’Agriate
L’expédition bénéficiera de façon privilégiée des infrastructures, des moyens à la mer ainsi que du savoir-faire des personnels de l’Università di Corsica, partenaire scientifique de cette opération. Les mollusques, crustacés et algues constituent la cible principale de l’échantillonnage. Les prospections sont concentrées dans la tranche de 0 à 30 mètres de profondeur avec des incursions dans la tranche de 30 à 50 mètres par des plongeurs qualifiés. Différentes méthodes d’exploration sont déployées : la pêche à pied, des plongées couplées à des méthodes de prélèvement (paniers de brossage, aspirateur sous-marin) et le
déploiement de petits engins de pêche (dragues, nasses) pouvant aller jusqu’à 100 mètres de profondeur.
Les échantillons sont ramenés rapidement au laboratoire où la chaîne de tri traite les spécimens vivants. Les organismes sont triés par grands groupes taxonomiques puis photographiés vivants, leurs couleurs étant une aide essentielle à leur caractérisation. Dans le cadre du suivi des macro-déchets et des micro-plastiques réalisé par l’Ifremer, les déchets vus au cours de l’expédition sont récoltés et identifiés au même titre que les organismes vivants.
Du 22 juin au 7 juillet 2019 : Exploration des régions de l’Alta Rocca et de la Tartagine
Cet inventaire terrestre s’inscrit dans la stratégie de conservation d’habitats à haute valeur
patrimoniale et correspond à la volonté de la Collectivité de Corse de faire de la Corse une
île de référence pour son patrimoine forestier.
Le volet terrestre de l’opération ambitionne de compléter l’inventaire des groupes d’organismes peu connus,  notamment parmi les insectes, des principaux habitats forestiers anciens et matures. Du 22 juin au 7 juillet 2019,  les études sont concentrées dans la région de l’Alta Rocca (chênaie, hêtraie et sapinière) ainsi que dans la  vallée de la Tartagine (junipéraie, forêt à pin laricio). Le laboratoire de l’opération terrestre dans l’Alta Rocca
est localisé dans le village de Serra di Scopamena. Pour la Tartagine, la base est installée dans l’ancienne maison forestière.
Les efforts d’échantillonnage sont concentrés sur les groupes d’insectes les plus riches en espèces ou les moins documentés, à savoir les diptères (mouches, moustiques, taons...), hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis...), coléoptères (scarabées, coccinelles, charançons...) ainsi que les neuroptères (chrysopes), dermaptères (perceoreilles) et hétéroptères (punaises).D’autres invertébrés tels que les mollusques terrestres (escargots),
arachnides, collemboles et myriapodes sont également objets de l’étude. Différents types de pièges d’interception ou attractifs sont utilisés, comme des pièges Malaise et des assiettes colorées, couplés avec le tamisage de litière ou le fauchage et battage de végétation. Un piège Polytrap modifié (lumineux) est aussi testé pour la première fois en forêt tempérée. Un dispositif de piégeage expérimental est installé pendant un an dans une chênaie verte de l’Alta Rocca, à proximité de Serra di Scopamena, afin de faciliter les relevés réguliers par les éco-gardes de la communauté de communes de l’Alta Rocca.

 

Les sites marins (à g) et terrestres (à dr)explorés par les chercheurs du MNHN
Les sites marins (à g) et terrestres (à dr)explorés par les chercheurs du MNHN

Algues, crustacés et mollusques cibles des chercheurs sous-marins
Algues, crustacés et mollusques cibles des chercheurs sous-marins