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Mohamed Haddaoui : Des Jardins de l’Empereur à la Guyane


Vincent Marcelli le Dimanche 29 Juillet 2018 à 17:47

Agé de 49 ans, ce chirurgien spécialisé dans la coelioscopie à Cayenne est en vacances à Porticcio avec sa famille. Il n’a manqué de se rendre aux Jardins de l’Empereur, le quartier de son enfance…



>Le discours posé, le regard sincère, une grande humilité et une grande fierté, celle de ses racines et de son enfance aux Jardins de l’Empereur (1970 à 1982), voilà comment, de prime abord on pourrait caractériser Mohamed Haddadoui. Un enfant du quartier pour les anciens, un modèle pour les jeunes, l’incarnation d’une forme de réussite (notion, il est vrai, bien subjective) pour tous. C’est avec un plaisir immense que Mohamed Haddaoui, aujourd’hui chef de service et chirurgien spécialisé dans la chirurgie coelioscopique, est retourné passer quelques heures où il a grandi. « Le Maroc m’a donné naissance, souligne-t-il, mais la capacité de conscience c’est la Corse et le quartier où j’ai grandi qui me l’ont donné. »
Aîné d’une famille de cinq enfants, le chirurgien a passé douze années à l’Empereur. « Nous étions au début chez les Bassa, nos cousins, et puis un peu plus haut au Joseph. Une enfance de rêve, des relations excellentes aucun mauvais souvenir. Nous étions hyper protégés à l’école. »



Bac C et 12 ans de médecine
Tout jeune, Mohamed rêvait d’être…médecin. Parti à Rouen en 1982 avec sa famille, il poursuivra son cursus jusqu’au Bac C. « Quand je disais aux conseillers d’orientation que je voulais faire médecine, ils me répondaient que je devais chercher une autre voie… »

Titulaire du Bac C, il rentre en première année de médecine. « Nous étions 600 et ils en prenaient 126. J’étais 127e. D’où la réflexion d’un pote qui était 126: je suis le plus nul des meilleurs et toi le meilleur des nuls ! »

Un an plus tard, il termine 27e et part pour  12 ans d’études et une spécialisation en chirurgie digestive avant l’internat à Clermont Ferrand. « Avec comme professeur un corse, Jacques Chipponi… »

Au début des années 2000, il part pour un remplacement à Cayenne (Guyane). Il est aujourd’hui, et depuis douze ans, chef du service coelioscopique. La Corse et le quartier restent gravés dans son cœur. « Les gens restent attachés au quartier où ils ont grandi. Ma voie ne fut certes pas évidente car le premier frein à la réussite sociale, c’est l’origine sociale. Ma propre famille était persuadée que je ne pourrai pas aller si loin. Et pourtant… »



« Je ne crois pas à l’ascenseur social, juste au travail »
De retour au quartier de son enfance, Mohamed a rencontré quelques-uns de ses camarades de l’époque. « En apparence, le quartier n’a pas changé. Et s’il a connu et connaît des problèmes, c’est un phénomène que j’ai déjà vécu dans les années 80 où l’on venait me voir sur le chemin de l’école pour m’attirer vers la mosquée et surtout me tenir un discours subversif. Ils parlaient aussi à mon père mais ils avaient du répondant en face. Aujourd’hui, toutes ces violences éloignent les hommes. Le rapport à Dieu est avant tout un rapport individuel, intime. Pour ce qui est du travail, c’est la seul voie qui permette de s’émanciper. Je ne crois pas à l’ascenseur social, juste au travail. »

Mohamed a échangé avec François Pietri, coordonnateur,  Hicham Kaara, responsable du conseil citoyen, Hassan Touil, membre ainsi qu’avec Céline Prévost, responsable de la médiathèque. En vacances avec son épouse et ses deux enfants, le chirurgien soufflera ses 50 bougies le 15 août prochain. « Je suis né le même jour que Napoléon, conclut-il en guise de boutade. Sans doute faut-il y voir un signe du destin.