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Manifestations Colonna : La présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, rencontre les lycéens


Nicole Mari le Jeudi 10 Mars 2022 à 18:11

La présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, et des élus nationalistes sont allés dans la rue à Aiacciu pour rencontrer les jeunes collégiens et lycéens et discuter avec eux, mais aussi s’interposer face aux forces de l’ordre. Un dialogue important, estime, la présidente Maupertuis, pour appeler au calme, mais aussi écouter la colère de la jeunesse. Au même moment, le député Michel Castellani rencontrait les collégiens à Bastia.



Nanette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse, et d'autres élus nationalistes discutent avec les jeunes manifestants, dans une brasserie à Aiacciu.
Nanette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse, et d'autres élus nationalistes discutent avec les jeunes manifestants, dans une brasserie à Aiacciu.
Appeler au calme pour éviter un drame, et écouter ce que la jeunesse a à dire. La présidente de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, accompagnée d’autres élus nationalistes, s’est entretenue pendant plus de deux heures, jeudi matin, avec les jeunes manifestants, dans une brasserie proche de la Préfecture d’Aiacciu. La session de l’Assemblea di a Ghjuventu, qu’elle préside également et prévue le matin même, ayant été annulée, Nanette Maupertuis, qui est également professeur d’économie à l’université de Corse, est allée, une nouvelle fois à la rencontre des jeunes, « certains appartiennent à des syndicats étudiants, lycéens, d’autres sont membres de l’Assemblea di a ghjuventu ». Comme elle l’a fait tous les jours depuis le début de la crise, elle estime « important qu’ils puissent s’exprimer ». Elle avait assisté la veille à l’Assemblée générale des syndicats étudiants à Corti.
 
Une écoute importante
« L'objectif, ce matin, comme l’ont fait les parents d’élèves – et je tiens à les saluer -, comme l’ont fait différents élus et différents professeurs des établissements auxquels ils appartiennent, c'était de s'interposer entre les forces de l'ordre et ces jeunes qui sont en révolte depuis huit jours comme beaucoup de Corses. Leur revendication est très simple : ils demandent, d’abord, que toute la vérité soit faite dans l'affaire d’Yvan Colonna. Ils demandent également à ce que les prisonniers soient libérés, enfin ils veulent que le mépris du gouvernement envers le peuple corse s'arrête ». Une colère aggravée, précise-t-elle, par le silence assourdissant du gouvernement depuis le 2 mars, jour de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna, incarcéré depuis 19 ans à la centrale d’Arles dans l’affaire Erignac. « On n’entend personne ! On n’entend rien depuis huit jours et pour eux, c’est insupportable ! Du coup, leur colère se retourne aussi vers nous qui sommes adultes, élus. Nous avons permis que l’expression se fasse, c’est très important qu’on dialogue, qu’on s’explique. On leur doit des explications ».

Un appel au calme
Les élus et militants nationalistes présents avaient aussi des choses à dire à la jeunesse après les manifestations qui ont dégénéré la veille à Bastia, Aiacciu et Calvi. « Notre objectif est que les choses se fassent dans le calme. Oui, on peut manifester ! Oui, il faut exprimer sa révolte ! Il ne faut pas renoncer à la demande de justice et de vérité qui est tout à fait légitime. Nous avons demandé aux collégiens et aux lycéens que les choses se fassent dans le calme. Il y a eu des heurts très importants, hier soir à Aiacciu, la vie n'a pas de prix ! Il y a eu beaucoup de blessés. Il y avait déjà eu des blessés la veille, et aussi à la suite de la manifestation de dimanche », plaide Nanette Maupertuis, en écho à la lettre de Christine Colonna, divulguée la veille. Une demande pas forcément audible pour une jeunesse déterminée qui estime que l’Etat ne comprend que le rapport de forces et ne réagit qu’à la violence, que la Corse n’est entendue que lorsqu’elle crie sa colère. Une jeunesse, qui n’a pas l’intention de s’arrêter là, et que personne ne maîtrise, car elle est hors structure. « Je ne suis pas là pour canaliser. Je ne suis pas non plus un censeur ! Il y a quelques années, nous étions là, nous aussi, à manifester », affirme la présidente de l’Assemblée de Corse. « Je veux leur dire que c’est l’expression démocratique qui doit continuer, la revendication démocratique. Tomber dans le piège de la violence, on a vu ce que ça a donné, il y a quelques années ! Il y a d’autres moyens d’action. Je pense qu’ils ont compris ce message-là. En même temps, je ne suis pas là pour brider les jeunes qui sont, là aussi, pour nous secouer, pour nous dire : « Attention, ça ne va pas ! On attend des réponses, on ne les a pas ». Ces jeunes veulent que tout le peuple corse soit avec eux, pas uniquement les Nationalistes ».
 
Un silence incompréhensible
Tout comme la jeunesse et la société corse dans son ensemble, Nanette Maupertuis ne comprend pas le silence de l’Etat. « Au moment où je vous parle, je n’ai pas de contact avec l’Etat », avoue-t-elle. « J’espère que l’Etat va réagir et réagir positivement, pas en envoyant des CRS contre des collégiens et des lycéens, pas en envoyant des bombes de désencerclement - j’ai appris ce mot-là ce weekend ! -, pas en envoyant des gaz lacrymogènes, pas en réduisant la jeunesse corse à sa plus simple expression, à savoir que ce serait des agités qui seraient agités par des élus qui seraient derrière. Cette explication-là ne tient pas la route deux secondes, elle est même dangereuse ! ». L’élue autonomiste vient de publier une Tribune dans le quotidien Le Monde, adressé au président de la République et intitulée : « Monsieur le Président, la Corse est en train de revivre de sombres heures ». Et de conclure : « L'État doit comprendre qu’il faut entendre l'appel de cette jeunesse sur la vérité et sur la libération des prisonniers politiques ». Au même moment, selon nos informations, le Premier Ministre Jean Castex se décidait à téléphoner au président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni.  Au même moment également, à Bastia, le député de la 1ère circonscription de Haute-Corse, Michel Castellani faisait le tour des lycées bloqués pour discuter de même avec les lycéens et appeler au calme. Un appel d’autant plus important que la mobilisation de la jeunesse prend de l’ampleur dans toute l’île et que chaque jour apporte son lot de violences.
 
N.M.