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Européennes: "Pensà l'Avvene" rejoint Jean Lassalle et son mouvement "Résistons"


Jean-Paul-Lottier le Mercredi 6 Mars 2019 à 12:21

Dans le cadre des prochaines élections européennes, le groupe de réflexion " Pensà l’Avvene" présidé par Henri Malosse annonce qu'il soutiendra le Député béarnais Jean Lassalle et de son mouvement « Résistons » pour "constituer une liste Européenne susceptible de correspondre aux valeurs profondes du peuple Corse".



Européennes: "Pensà l'Avvene" rejoint Jean Lassalle et son mouvement "Résistons"

Le communiqué du Groupe de réflexion  Pensà l'Avvene:

"Le 29 janvier 1790, Pasquale Paoli, Père de la nation Corse, écrivait dans une de ses correspondances :

« Je préfère de loin l’union avec les autres Provinces françaises à une libre indépendance. Nous sommes plus assurés de notre liberté en union avec les autres provinces et l’habit est plus large »

Nous pensons, qu’aujourd’hui, le point nodal de toutes les revendications d’émancipations passe par l’imposition au système global (local, national et européen) du droit à la reconnaissance mutuelle des diversités nationales et des singularités. Processus que rencontrent par définition la plupart des Etats de l’Union-Européenne.

Lors de nos différentes rencontres citoyennes, permettant un rapprochement entre la société civile et les insulaires (les Scontri (conférences-débats) et les Universités Populaires en association avec le cercle de réflexion Presenza Paolina ), nous avons pu observer que l’enjeu n'est plus d’établir des formes de reconnaissance juridiques classiques, permanentes ou figées dans le temps, mais au contraire de s’assurer que la démocratie régionale constitutionnelle demeure ouverte aux différents projets actuels d’émancipation.

Nous sommes persuadés que la réponse au problème de reconnaissance ne se trouve plus sur la voie habituelle d’une confrontation ou d’un bras de fer avec le pouvoir central, mais plutôt par l’élaboration d’actions politiques permettant de porter les questions de reconnaissance des diversités et des minorités nationales au cœur des sociétés démocratiques.

Aujourd’hui, les exemples Catalan, Ecossais et accessoirement Corse, montrent clairement que les questions inhérentes au droit à l’autodétermination suivent ce changement d’échelle de sens. Cette dynamique d’émancipation passe par l’obligation fonctionnelle des États modernes de devenir le lieu de rapports égalitaires avec, et entre, les citoyens dans leurs diversités. C’est tout simplement une réponse légitime aux besoins des minorités nationales et/ou des nations minoritaires et cette politique de la reconnaissance mutuelle doit se comprendre comme une activité permanente de réduction des tensions et des conflits.

De sorte, que sur les plans du local, du national et du global, cette question de la diversité est devenue une caractéristique permanente de la modernité politique des Etats et de fait elle ne peut se concrétiser que par le dialogue, la reconnaissance mutuelle et l’altérité.

Cette reconnaissance du local est encore à faire respecter dans une Union européenne dominée par l’esprit technocratique et la dictature des Etats nations comme l’a montré l’absence de réactions appropriées de Bruxelles face à la répression disproportionnée face aux aspirations des Catalans à plus d’indépendance.

Nous pensons que ce phénomène du droit à la reconnaissance mutuelle des diversités doit se généraliser dans l’espace européen, il peut même être intrinsèquement lié à des questions relatives au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à plus de démocratie locale et démocratie délibérative. D’ailleurs, n’est-ce pas le cadre actuel de la question Catalane ? Et surtout, n’est-ce pas, la configuration qu’offrent, depuis 2017 en Corse, les 57% de votes pour l’unicité du nationalisme institutionnel ? N’est-ce pas aussi l’enjeu pour l’Union européenne, dominée aujourd’hui par la « locomotive » allemande qui impose son rythme à des pays du Sud qui ont une autre façon de concevoir leur développement et dirigée depuis Bruxelles avec des pays d’Europe centrale qui ne sont pas prêts à accepter les diktats qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ce qu’ils recevaient depuis Moscou ?

En France, les anciens mécanismes de reconnaissance des diversités mis en place par les institutions de l’Etat décentralisé ont atteint leur limite institutionnelle. Dès lors, nous pensons qu’une lutte pour la reconnaissance mutuelle des diversités européennes, pourrait être une réponse à la question Corse. Cette reconnaissance mutuelle doit être portée par un fédéralisme institutionnel et politique, dont les deux axes seraient :

- la citoyenneté locale et la solidarité inter-régionale

- les principes de subsidiarité et la sauvegarde des identités locales périphériques.

Ces deux axes permettraient d’atteindre un plus grand degré de démocratie locale et une plus grande reconnaissance des identités régionales.

Cette réorientation est de plus en plus perceptible dans l’idée d’une Europe des territoires rapprochant le local au global, et elle nous paraît, à Pensà l’Avvene, être la seule clé pour la corse de demain.

Pourtant à la lecture des différents communiqués des groupes insulaires d’émancipation, il semble, que l’alternative proposée aux électeurs corses, est : soit le vote pour la confédération R&PS (qui semble des plus désunis aujourd’hui) avec Europe Ecologie les Verts , soit, faute d’une liste proposant un fédéralisme des régions, l’abstention pure et simple.

Ce positionnement politique revêt un intérêt particulier sur le plan local, dans la mesure où l'espace du pouvoir Corse qui hier se voyait confisqué, peut-être plus encore qu'ailleurs en Europe, par des entrepreneurs politique qui usèrent et abusèrent du rapport clientélaire pour asseoir une domination sans partage sur la société insulaire, a été récupéré en 2015 par les mêmes forces d’émancipations insulaires.
Le philosophe Cornélius Castoriadis expliquait « qu’une société autonome ne peut être instaurée que par l'activité autonome de la collectivité », nous sommes persuadés que la société insulaire dispose, depuis la victoire de Per a Corsica en 2015, de tous les outils et toutes les représentations politiques pour réussir ce changement d’époque.

Aussi nous proposons aux citoyens insulaires qui ne se reconnaissent pas, comme beaucoup, dans la démarche biaisée de R&PS, d’éviter l’abstention. Bien que justifiée sur le plan idéologique, nous pensons que l’abstention pour cette élection ne peut être comparée à un vote sanction.

Aussi, si vous vous ne retrouvez pas dans les discours idéologiques proposés pour cette élection Européenne, nous voulions vous rappeler que la Corse au-delà de l’idéologie nationalitaire et régionaliste à des valeurs fortement enracinées que nous retrouvons dans nos comportements quotidiens. Dont la plus marquée est le fait que la communauté insulaire est traditionnellement rurale et ancrée dans nos petits territoires respectifs. C’est de cette ruralité qu’émerge totalement ou en partie notre identité première. Le fait d’être Corse et citoyen européen. L’authenticité des Corses réside donc dans son rapport au local et au territoire, c’est-à-dire au rural.

Faute de véritable compétition des forces d’émancipation, c'est désormais aux insulaires eux-mêmes, et ce dans tous les domaines de leur vie quotidienne, de prendre en mains leur destin en choisissant le vote utile : le vote qui engage à œuvrer à plus de démocratie locale et à refonder un projet européen de nations libres au sein des quels le territoire et la ruralité seraient les clés de voute. Dans cette perspective, nous soutiendrions une initiative du député béarnais Jean Lassalle et de son mouvement « Résistons » pour constituer une liste européenne susceptible de correspondre aux valeurs profondes du peuple Corse".