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Jacques Luciani : "A Propriano, personne n’est dupe !"


Nicole Mari le Lundi 10 Février 2014 à 23:11

Les élections municipales de mars prochain à Propriano, avec l’inéligibilité du maire sortant remplacé provisoirement par sa femme, s’annoncent épiques. Une partie du Conseil municipal a fait sécession, avec à sa tête le Dr Jacques Luciani, 1er adjoint depuis 2001. Ce Nationaliste modéré, militant de Femu a Corsica, a décidé de conduire une liste ouverte « CAMBIA INSEMI ». Il explique, à Corse Net Infos, les raisons de sa candidature, fustige le comportement de Paul-Marie Bartoli et détaille les points forts de son programme. Il se dit confiant sur l’issue du scrutin.



Le Dr Jacques Luciani, 1er adjoint à la mairie de Propriano et candidat aux élections municipales de mars prochain.
Le Dr Jacques Luciani, 1er adjoint à la mairie de Propriano et candidat aux élections municipales de mars prochain.
- Pourquoi avez-vous décidé de quitter l’équipe sortante et de vous présenter contre elle à la Mairie ?
- Je ne me sentais plus à l’aise à ce poste de 1er adjoint, pas plus, d’ailleurs, que la moitié des adjoints sortant et la moitié des conseillers municipaux. Rester, c’était cautionner un mode de fonctionnement archaïque, anti démocratique et totalement dépassé. C’était approuver une dérive autocratique qui atteint, aujourd’hui, le seuil de l’insupportable. Je me suis donc porté candidat aux élections municipales au nom d’une logique démocratique, sans ambition politicienne, ni intérêt personnel, mais empreint de la profonde conviction qu’une autre politique est nécessaire et possible.
 
- Que vous inspire le stratagème imaginé par Paul-Marie Bartoli, inéligible, pour rester maire ?
- C’est une nouvelle preuve de cette dérive carriériste que nous condamnons. C’est une manière de vouloir contourner une décision du Conseil Constitutionnel en imposant son épouse, sans n’en référer à personne, pour un mandat qu’il espère temporaire et qui devrait permettre de garder la gestion communale dans la famille. En annonçant, ensuite, la démission du Conseil municipal, il compte effectuer un éventuel 3ème mandat. Est-ce légal ? Je ne sais pas. Est-ce moral ? Personne n’est dupe ! Madame Bartoli, si sa liste est majoritaire, restera maire pour tout le mandat !
 
- Votre liste sera-t-elle marquée politiquement ?
- Non. Notre liste « CAMBIA INSEMI » n’a pas d’investiture. Elle est composée de femmes et d’hommes impliqués au quotidien dans la vie de la cité. Leur étiquette politique est tout à fait secondaire. Ce qui fédère ces personnes, c’est qu’elles ne se reconnaissent plus dans l’évolution et le fonctionnement de Prupria. Nous présenterons notre liste, le 16 février à 18 heures à la salle de réunion de la mairie.
 
- Quels sont les points forts de votre programme ?
- L’urbanisme et logement. Le PLU (Plan local d’urbanisme), élaboré en 2006 dans la concertation, avait été approuvé sans trop de problèmes. La révision démesurée, sans aucune discussion et sans aucun argument sérieux, a été attaquée et suspendue par le préfet alors que le maire se targuait de la faire « passer en force » auprès des autorités. Il est, donc, bien le seul et unique responsable de l'échec de ce dossier.
 
- Comment concevez-vous le nouveau PLU ?
- Le PLU ne concerne pas seulement les zones constructibles. Pour nous, il sera un outil de développement et d’équilibre entre espaces urbains, agricoles et naturels. Il sera repensé avec, pour fil conducteur, la protection du cadre de vie et devra intégrer la préservation de la qualité de l’environnement.
 
- Quelles sont vos propositions en matière de logement ?
- Le maire sortant a favorisé une trop grande et inéquitable ouverture à l’urbanisation provoquant, ainsi, une large spéculation immobilière au détriment des résidents à l’année. Il affirme que le taux de résidences secondaires sur notre commune s’élève à 38%. C’était vrai en 2009, et ce chiffre était déjà supérieur à celui des communes de même strate. Aujourd’hui, le pourcentage des résidences secondaires se rapproche de plus en plus de celui des résidences principales. Nous voulons favoriser l’accession à la propriété pour les résidents permanents. Nous souhaitons la création d'une réserve foncière. Le maire sortant vient d’en découvrir l’utilité après treize ans de mandat, alors que nous l’avions proposée dès la première mandature !
 
- Comment voyez-vous le développement économique de Propriano ?
- La commande publique, du fait de la baisse des financements, n’a plus les moyens de permettre un développement équitable. Jusqu’à présent, elle n’a permis qu’un succès économique partiel qui peut fausser les chiffres et cache la précarité de l’emploi pour le reste de la population. Toutes les conditions sont, donc, réunies pour une dérive politique de l’assistanat et du clientélisme. La nouvelle municipalité doit devenir un partenaire équitable, prêt à s’investir avec tous les porteurs de projets pour permettre le développement des PME (Petites et moyennes entreprises) privées, créatrices d’emplois stables.
 
- Et d’un point de vue social ?
- La question sociale est restée la grande oubliée du maire sortant qui affirme qu’il va continuer à aider les plus faibles… encore aurait-il fallu commencer ! La précarité est devenue le terreau du clientélisme et de l’électoralisme dans notre commune. Le Centre communal d’action social, qui ne fonctionne plus, est un outil indispensable qui peut apporter des réponses concrètes aux situations de précarité, des réponses qui seront débarrassées de tout souci électoraliste.
 
- Que proposez-vous concernant la culture ?
- Nous terminerons, avec conviction, la mise en place de la Charte de la langue Corse. Nous soutiendrons la politique culturelle du théâtre et le sport qui est un élément fédérateur et un complément éducatif, créateur de lien social et d’emploi. Prupria est une ville qui a une tradition de vie nocturne. Les jeunes doivent s’amuser. Les commerçants doivent travailler. Les riverains doivent se reposer. Là aussi, nous concilierons ces trois besoins dans la concertation.
 
- Quels projets avez-vous pour le port de commerce et comment analysez-vous la situation du port de plaisance ?
- Il est impensable que Propriano, par sa position géographique, son histoire et ses traditions, perde son port de commerce. S’il coûte en fonctionnement, il représente des retombées directes et indirectes en termes financiers et d’emplois qui sont indispensables à toute la micro-région. Il faut, absolument, favoriser le développement du pôle croisières et les rotations avec la Sardaigne. Et, pourquoi pas en créer vers l’Espagne ? Il faut, aussi, terminer la réhabilitation de TAVARIA avec d’autres partenaires, sans aucune arrière-pensée. Quant au port de plaisance qui mine le débat électoral et les budgets communaux depuis plus de 20 ans, les travaux sont en cours. Nous devrons nous assurer qu’ils seront faits et payés conformément au cahier de charges initial.
 
-Vous critiquez l’échec de l’intercommunalité. Comment comptez-vous y remédier ?
- Aujourd’hui, un constat d’échec doit être dressé. Il faut travailler en bonne intelligence avec l’ensemble du conseil communautaire. Nous sommes désireux de travailler à la mutualisation pour le développement et la gestion de l’espace commun avec apaisement, concertation et solidarité. Il faut prendre plus en compte les problèmes de petites communes. Nous voulons faire de l’intercommunalité un atout majeur dans le développement de la micro région et non pas l'utiliser comme outil électoral !
 
- Qu’est-ce qui changera concrètement à Propriano, si vous êtes élu ?
- Avant tout, la concertation. Pour éviter les ratés de l’urbanisation, pour le projet paysager, pour  un réaménagement des trottoirs, pour redéfinir et améliorer le plan de circulation et redynamiser le centre-ville, pour accroitre la sécurité, diminuer la pollution et pour une meilleure gestion du domaine public, nous privilégierons la concertation. « CAMBIA INSEMI » veut remettre le citoyen au centre de la vie communale en retrouvant l’équilibre nécessaire entre projets structurants et mieux vivre au quotidien, dans une nouvelle philosophie du « vivre ensemble » et du développement durable. Nous proposerons une Charte du « vivre ensemble » pour encourager les engagements citoyens en créant des Commissions extra municipales, pour soutenir les associations, dégager des convergences, réduire la fracture entre la population permanente et la population des résidences secondaires.
 
- Pensez-vous que la réforme du scrutin et l’arrivée de la proportionnelle peuvent changer la donne politique à Propriano ?
- Dans l’esprit, la réforme du scrutin avec la parité et la proportionnelle est une bonne chose. Elle favorise la démocratie et fait une place juste à l’opposition. Elle rend la place aux femmes « qui soutiennent la moitié du ciel ». La parité n’est pas un handicap car les candidates de « CAMBIA INSEMI », comme les candidats, sont très motivés. J’ai été très étonné par l’implication et l’engagement public de mes colistières.
 
- Craignez-vous une campagne rude ?
- Qu’appelez vous : rude ? Une campagne électorale suppose un échange démocratique ferme pour défendre ses idées et les moyens de les appliquer.
 
- Pourquoi les Proprianais devraient-ils voter pour vous ?
- Les Proprianaises et les Proprianais doivent voter pour nous pour toutes les raisons que je viens de vous exposer. Dans la forme, il est difficile de prévoir comment sera ressentie la fin du panachage par nos concitoyens. Ils choisiront un programme et la capacité des candidats à l’appliquer.
 
- Pensez-vous remporter les élections ? Etes-vous confiant ?
- Avec la dynamique qui se dégage de cette équipe et avec la qualité du programme proposé, nous ne pouvons être que confiants.
 
Propos recueillis par Nicole MARI