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Officiers grévistes de La Méridionale : "notre seul tort serait-il d’avoir un actionnaire parisien ne faisant pas partie d’une oligarchie insulaire ?"


C.-V. M le Mardi 21 Janvier 2020 à 22:25

"En ce douzième jour de conflit à La Méridionale, la situation se dégradant de jour en jour et face au délai restreint de dépôt des offres pour la future SEMOP (14/02/2020), les Officiers se posent les questions légitimes suivantes et interpellent ainsi TOUTES les parties prenantes dans ce dossier" écrivent dans un long communiqué les officiers grévistes de La Méridonale



Le Piana n'est plus revenu à Bastia depuis le 30 Septembre dernier (CNI)
Le Piana n'est plus revenu à Bastia depuis le 30 Septembre dernier (CNI)
"Tout d’abord, concernant la DSP transitoire actuelle (10/2019-12/2020), il n’est plus supportable pour nous d’entendre les Élus de la majorité ainsi que les dirigeants de Corsica Linea se vanter des qualités et de la performance du service actuel lorsque l’on sait que le cahier des charges n’est plus respecté depuis le 3ème jour de sa mise en œuvre ! Comment le Lot 2 (Port de Bastia) n’a-t-il pas été rendu infructueux en Juin 2019 alors qu’aucune offre ne présentait conjointement les deux seuls navires conçus sur mesure pour Bastia (Pascal Paoli et Piana) ? Penser que le Vizzavona puisse assurer un service à l’année sur Bastia relève d’une profonde méconnaissance ou de négligences techniques sur cet appel d’offre.

Pour preuves :

Ce navire mesurant plus de 180m, aucun pilote du port n’accepterait de le rentrer par plus de 15 nœuds de vent établi car il est trop long pour tourner sans danger dans le port. Il ferait ainsi des ronds dans l’eau pendant des heures ou des jours...
Le cahier des charges ne concernant que le fret, ce navire n’a pas de pont dédié aux voitures passagers. Par conséquent il respecte le métrage sur le papier, mais dès la première voiture passager embarquée, sa capacité fret diminue. En comparaison le Piana peut charger plus de 200 voitures sans entamer le métrage fret...


Sa vitesse maximale autour de 21 nœuds le limite également à ne respecter l’horaire que dans les meilleures conditions. En effet, après une avarie sur l’un de ses quatre moteurs, le Vizzavona a dû être repositionné sur Ajaccio et remplacé par le Paglia Orba (qui avait été retiré de Bastia en 2002 car n’étant plus assez performant pour cette ligne...). Puis avec les arrêts techniques de leurs autres navires, la flotte a dû quasi intégralement être repositionnée et des escales en Balagne annulées (le cahier des charges prévoyait pourtant aucune annulation en cas d’arrêt technique). Il y a donc eu plusieurs substitutions de navires, qui n’étaient pourtant pas possible dans le cahier des charges !


En comparaison le Piana, dépassant les 24 nœuds, peut assurer la ligne de Bastia sur 3, voir 2 moteurs par beau temps.
Le Vizzavona ne pourra pas non plus, par son manque de vitesse, effectuer les arrivées anticipées à 6 heures en saison, demandées les 3 dernières années par l’OTC pour éviter les encombrements en ville et livrer les magasins corses au plus tôt. Chose que La Méridionale s’est toujours efforcée de faire malgré les surcoûts en combustible.
Tout marin, sans être un expert, sait qu’une avarie moteur ou une révision en exploitation, sur un navire à 4 moteurs, n’a rien d’exceptionnel... Par conséquent comment la viabilité de toute la DSP avec ses cinq ports, peut-elle reposer sur la fiabilité d’un des quatre moteurs d’un seul navire ? Ou est le progrès ?
Nous avons ainsi transporté en plein hiver des remorques sur Porto-Vecchio qui devaient être livrées en Balagne faute de place ou de traversées en Haute Corse ! Belle performance...
C’est face à ces craintes (avérées depuis) de mauvaise offre maritime et de déséquilibre qu’il avait été décidé en Juin 2019 que le futur schéma de SEMOP et ses acteurs devraient revenir à une offre conjointe réellement performante avec le Piana sur Bastia mais également commercialement équitable en évitant tout monopole sur les ports principaux. De plus, ce scénario aurait permis d’éviter toute casse sociale majeure à La Méridionale.
Comment aujourd’hui, ces mêmes personnes qui connaissent l’accord passé en Juin 2019 et souhaitant mettre en place une SEMOP peuvent-elles accepter, par leur silence et leur attentisme suspect, qu’un monopole avec des navires inadaptés soit établi sur le premier port en fret de l’île ? Et qu’en même temps 500 employés de La Méridionale dont près de 200 Corses risquent le chômage ?
La qualité du service et des navires de La Méridionale n’étant plus à démontrer, notre seul tort serait-il d’avoir un actionnaire parisien ne faisant pas partie d’une oligarchie insulaire ?"