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Santé en Plaine orientale : Le Collectif per u drittu à a Salute annonce des solutions concrètes


Nicole Mari le Samedi 16 Juin 2018 à 19:22

U culletivu per u drittu à a Salute in Piaghja Urientale a obtenu gain de cause sur la plupart de ses revendications concernant la santé en Plaine Orientale, à l’exception de l’hôpital de proximité où le combat continue. Sont acquis l'IRM (Imagerie par résonance magnétique) courant 2018, le renforcement des urgences, le centre de rééducation fonctionnelle, la maison médicale de garde, et des solutions pour obtenir rapidement des résultats d’examens de laboratoire en cas d’urgence. Comme il s’y était engagé, le Collectif, qui s’est transformé en association pour créer un poste de coordinateur de santé, a, vendredi soir à Ghisonaccia, rendu compte à la population de ce point d’étape. S’il se félicite des résultats déjà obtenus, il entend rester vigilant et vérifier si, dans le Plan régional de santé (PRS), les promesses seront toutes tenues, notamment en matière de financement. Explications, pour Corse Net Infos, d’Esteban Saldana, membre de l’Exécutif de Corsica Libera et porte-parole du Collectif.



Esteban Saldana, entouré du président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, et des élus de la micro-région, lors de la réunion publique.
Esteban Saldana, entouré du président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, et des élus de la micro-région, lors de la réunion publique.
- Quel bilan faites-vous après presque deux ans de lobbying intensif ?
- Après avoir du batailler fermement, via des conférences de presse et des manifestations, pour pouvoir travailler de façon contradictoire avec l’ARS (Agence régionale de santé) la méthode, que nous proposions depuis 2011, a, enfin, été validée. J’en profite pour saluer l’action de l’ancien directeur adjoint de l’ARS, Jean Houbeaut, qui a été un précieux soutien. S’en est suivi à partir de 2017 un cycle de réunions de travail et deux études financées par l’ARS : une menée par l’Observatoire régional de santé qui était présidé par le Dr Paul-André Colombani, conseiller territorial devenu député. Une autre effectuée par le CNEH (Centre national de l’expertise hospitalière). Ces deux études ont permis de faire un constat en soins, à la fois, de la population et des professionnels de santé. Elles nous ont conduit à envisager collectivement tout un panel de solutions avec l’ARS pour améliorer considérablement l’offre de soins sur tout le territoire de la Plaine Orientale qui va de Solenzara à Moriani, en passant par la montagne.
 
- Vous parlez, aujourd’hui, d’un point d’étape. Qu’est-ce que le Collectif a déjà obtenu ?
- Nous avons obtenu en 2011, la pérennisation et le renforcement du SMUR (Structure mobile d'urgence et de réanimation), le scanner et le maintien des effectifs des sapeurs-pompiers. En octobre 2016, nous avons réactivé six revendications : l’hôpital public local, l’IRM, le renforcement des urgences, le centre de rééducation fonctionnelle, la maison médicale de garde et des solutions pour que les professionnels de santé puissent obtenir plus rapidement des résultats d’examens de laboratoire en cas d’urgence. Jean-Guy Talamoni, le président de l’Assemblée de Corse, et Paul-André Colombani nous ont considérablement aidés. Sans eux, nous n’aurions pas obtenu tout cela : des solutions acceptables par la population et réalisables financièrement.
 
- Qu’est-ce qui a été acté avec l’ARS ?
- Un certain nombre de choses, débattues et validées conjointement, que nous allons vérifier dans le PRS (Plan régional de santé) qui sortira le mois prochain. Le Collectif s’est constitué en Association Loi 1901 avec la publication au Journal officiel cette semaine. Le but est d'embaucher un coordinateur de santé dont le poste sera financé par l’ARS et qui mettra en place tout un ensemble de préconisations faites par le CNEH en conclusion de son étude. Ce coordinateur devra permettre une meilleure prise en charge de la population par les professionnels de santé du territoire en aidant, par exemple, administrativement à créer des fichiers partagés de patients et à coordonner les médecins en équipes de santé ou en maison de santé pluridisciplinaires. Il devra, également, favoriser la mise en œuvre du projet territorial de santé en Plaine Orientale en aidant et coordonnant les acteurs à tous les niveaux.
 
- Où en sont les projets d’autres maisons de santé ?
- Trois maisons de santé sont prévues sur le territoire. Il y en a déjà une à Moriani. Deux projets sont actuellement en cours : un sur Prunelli et un au Sud de la zone. Le coordinateur de santé aura, d’ailleurs, comme mission, de rendre plus attractif le territoire pour les professionnels de santé. En 2011, nous avons obtenu que la Plaine Orientale devienne une zone déficitaire en termes de santé, ce qui, au niveau fiscal, donne des avantages aux professionnels de santé qui souhaitent s’y installer. Le but est d’attirer de nouveaux médecins, notamment des médecins internes en CHU (Centre hospitalier universitaire). Des consultations avancées de spécialistes ont été programmées dans le cadre du Contrat local de santé de Ghisonaccia. Le coordinateur pourra en prévoir de nouvelles et surtout les développer. Il aidera, aussi, à mettre en place une véritable hospitalisation à domicile.
 
- Qu’en est-il de la Maison médicale de garde qui avait été actée à Ghisonaccia ?
- Les statuts sont prêts et le financement a déjà été budgété par l’ARS. C’est le coordinateur de santé qui devrait la mettre en place administrativement et aider les médecins à y participer. Rappelons que la Maison médicale de garde assure une permanence des soins. Un médecin est accessible la nuit (hors nuit profonde), les weekends et les jours fériés. Quatre médecins se sont déjà portés volontaires. Nous avons, aussi, obtenu le remplacement du véhicule SMUR de Ghisonaccia.

- L’ARS avait donné un avis favorable sur votre demande d’IRM. Son implantation n’était-elle pas prévue cette année ?
- Oui ! L’autorisation d’implantation de l’IRM a été accordée. Les travaux ont commencé à Prunelli di Fium’Orbu. Son installation avait été annoncée pour septembre, mais il semble que la puissance électrique nécessaire à la mise en place d’une IRM ne pourra pas être réalisée dans ce délai. Nous avons pris contact avec le syndicat d’électrification qui nous a assuré qu’il ferait le maximum pour que l’IRM soit installé le plus vite possible, comme il l’avait fait pour le scanner, étant donné qu’il s’agit d’un équipement d’intérêt public. Il ne s’est pas avancé pour septembre, mais il espère y arriver courant 2018. L’étude est déjà lancée. Pour qu’il soit accepté, le dossier d’IRM prévoyait par conventionnement que le centre de radiologie, - ce qu’on appelle la radiologie conventionnelle et le scanner -, soit ouvert plus tard le soir - Il ferme aujourd’hui à 18 heures -, les weekends et les jours fériés. Il prévoyait aussi le renforcement de l’équipe des cardiologues pour réaliser les nouveaux examens et permettre à la population d’obtenir les résultats des examens plus rapidement.
 
- Avez-vous obtenu des confirmations sur les autres revendications ?
- Oui ! La prorogation de l’arrêté d’autorisation du Centre de rééducation fonctionnelle à Prunelli a été obtenue. Les travaux ont commencé. C’est un projet qui créera 80 emplois directs et permettra à toute la population de la Plaine, mais aussi des autres territoires, de faire de la rééducation lourde. C'est très important, étant donné qu’il manque des places en Corse. Nous avons, aussi, obtenu le remplacement du véhicule SMUR (Structure mobile d'urgence et de réanimation) de Ghisonaccia. Un point soulevé par les professionnels de santé était de ne pas pouvoir obtenir plus rapidement certains résultats d’examens d’urgence effectués par les laboratoires.
 
- Reste la demande d’un hôpital public de proximité. Le projet a-t-il avancé ?
- C’est notre objectif principal, mais on n’y est pas encore ! La mobilisation n’est pas terminée, mais il faut faire preuve de raison. Nous avons obtenu que dans une aile du centre de rééducation soit installé un automate, un équipement de laboratoire accessible H24 par le personnel soignant, pour faire un certain nombre d’examens d’urgence et obtenir les résultats rapidement et en direct. Dans une autre aile, est prévue, pour les personnes en fin de vie, une externalisation d’un certain nombre de services de l’hôpital de Bastia, à savoir des lits de courts séjours, des lits d’hospitalisation de jour, des lits de soins palliatifs et des lits de gériatrie.
 
- Que devient votre demande de service d’accueil des urgences ?
- Elle n’est pas encore satisfaite, mais il y a une avancée importante. Le Collectif demandait la possibilité pour la population d’avoir accès à des médecins H24 pour les cas d’urgence, en plus du SMUR. Le centre de rééducation dispose d’un médecin interne, payé par le privé, qui est là obligatoirement 24h/24 et qui pourra recevoir, par conventionnement, des consultations non programmées, c’est-à-dire des urgences. Ce sera au moins un point médical.
 
- Quel est le calendrier de la mise en place globale de cette offre de soins ?
- C’est prévu pour 2020-2021. Nous avons déjà acté avec l’ARS la tenue d’un certain nombre de réunions régulières pour faire le point sur l’avancée des dossiers. L’ARS s’est engagée par écrit à financer des études, après un an d’existence de cette nouvelle offre de soins, pour l'évaluer et vérifier si les besoins de la population de la Plaine Orientale sont satisfaits ou pas. Dans la même lettre, l’ARS s’est, également, engagée, si la réponse était négative, à demander au ministère une étude sur l’implantation d’un hôpital de proximité. Donc, les choses avancent. Nous travaillons à la mise en place de ces dispositifs. L’évaluation au bout d’un an, que nous avons obtenue, est un moyen de pouvoir ajuster au besoin et demander, au cas échéant, des moyens supplémentaires. Mais nous restons vigilants.
 
- Pourquoi ?
- Dès le mois prochain, le PRS entre dans sa phase de consultation obligatoire. Nous allons alors vérifier si l’ensemble de l’accord est bien respecté et si toutes les préconisations sont bien inscrites au PRS. Il faudra aussi vérifier – et c’est un point essentiel – que les financements en fonctionnement et en investissement des services externalisés de l’hôpital de Bastia soit effectif. Les structures hospitalières ont des difficultés financières. On ne peut pas leur demander de faire des choses en plus sans inscrire les crédits nécessaires à ces nouveaux services. Cela ne pourra pas marcher. C’est pour cela que nous restons vigilants.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.